Alors que les pourparlers d’Alger sont suspendus, pour raison de calendrier international des Nations Unies et, surtout, à cause de la célébration de la fête de tabaski le 05 septembre prochain, les mouvements de protestation contre toute idée de partition du Mali, se déroulent, un peu partout, dans les grandes villes du pays, au nord comme au sud. A Gao, Tombouctou, Sikasso et Bamako, des centaines de personnes, ont marché pour protester contre toute idée séparatiste.
Face à la préservation de l’intégrité du territoire national, on peut dire que les Maliens sont unis, malgré les divergences de plusieurs ordres, notamment, politiques et religieuses. Un avertissement pour tous ceux qui seraient en situation de copinage avec quelques groupes armés qui soient sur le territoire national. Mais, la question que l’on se pose, c’est de savoir, si, toutefois, ces différentes manifestations, feront tâche d’huile. Et quelle va être, désormais, l’attitude de la communauté internationale qui soutient le MNLA dans ses œuvres, envers cette réaction positive de la société civile malienne ? C’est la question que l’on se pose, au lendemain de ces séries de manifestations.
Si, face à la gravité de la situation, les Maliens veulent montrer leur union, il convient, toutefois, de rappeler que : « qui veut la paix, prépare la guerre ». Une pensée qui, malheureusement, colle à la réalité. Il serait utopique de penser que les seules manifestations de soutien aux forces gouvernementales, sont suffisantes pour dissuader ceux qui veulent l’indépendance des régions du nord de renoncer à leur projet. Ce qui est arrivé au Mali est arrivé parce que l’Etat malien s’est affaibli. Cette faiblesse a profité aux combattants ayant fui la Libye à la chute du régime Kadhafi. Et, si les régions du nord sont tombées les unes après les autres entre les mains des « envahisseurs », sans grande résistance, c’est parce que le Mali n’avait plus une armée capable de faire face à ce type de menace. C’est aussi parce que l’homme malien a vendu son âme au diable avant de le regretter. Que faut-il faire pour que ce qui s’est passé ne se reproduise plus ?
C’est la grande question à laquelle, les Maliens doivent trouver une réponse ensemble, s’ils veulent garder intactes les frontières que leurs ancêtres les ont léguées après plusieurs décennies de souffrances, de combats et d’abnégation. Un Etat en pleine déliquescence, ne peut avoir une armée capable de gagner une guerre. Surtout, celle contre le terrorisme et le narcotrafiquant. Cette guerre, nécessite une armée nationale, non seulement super-équipée, mais, aussi, une armée unie et patriote avec une autorité politique qui sait assumer ses responsabilités.
L’avancée des djihadistes a été stoppée par la force SERVAL au grand bonheur des autorités gouvernementales maliennes qui semblaient avoir perdu le contrôle de la situation. Les Maliens, presque à l’unisson, ont salué cette intervention française aux côtés de nos forces de sécurité à un moment très critique pour notre pays. Aujourd’hui, un dialogue est engagé afin de trouver une solution politique qui garantirait un processus de paix durable. Ainsi, autorités gouvernementales, société civile malienne, groupes armés et médiateurs, sont à Alger, pour faciliter ce dialogue. Seulement, les revendications des groupes armés, sont jugées trop séparatistes par de nombreux Maliens. Ce qui fait craindre un échec des pourparlers engagés sur le territoire algérien. Et que se passera-t-il si les négociations échouaient ?
Cette question est sur toutes les lèvres. Mais, on peut aussi dire que chacun connaît la réponse au regard de l’évolution de la situation au nord du pays. Car, quoique des discussions se soient engagées, les groupes armés n’ont pas arrêté leur offensive. L’autre question est : le Mali est-il en train de préparer la guerre ou …la paix ? La question peut être posée autrement : le Mali est-il en train de se préparer à contrer l’offensive des groupes rebelles ? Si oui et, comment ? Achat d’armes ? Formation des militaires ?
Notre volonté politique de maintenir notre intégrité territoriale, doit être soutenue et appuyée par une armée nationale forte qui a les moyens de ses actions. Notre sacrifice, à l’heure actuelle, doit être envers l’armée nationale. Le débat politique actuel, devrait être animé par la seule volonté de rassembler autour de l’armée afin de lui permettre d’être unie et solidaire. Nos clivages politiques devraient être mis de côté afin de ne pas fragiliser l’autorité de l’Etat face aux velléités de certains indépendantistes. Nos divergences religieuses ne devraient pas nous empêcher de croire en un seul Mali uni et riche de sa diversité culturelle et religieuse. Notre force résidera en notre capacité à parler d’une seule voie. Une seule voie pour dire non à l’indépendance de certaines régions du pays.
Pour ce faire, il faut un soutien accru aux autorités actuelles et futures dans un environnement international où le terrorisme et le djihadisme, sont devenus des menaces permanentes pour la sécurité mondiale. Les forces de frappes aériennes sont incontournables dans cette lutte. L’armée malienne en dispose-t-elle ? Non.
Le président américain, Barak Obama, en parlant des combats sur le terrain, notamment, en Syrie et en Irak, a redouté que les terroristes ne dépossèdent les soldats américains de leurs armes. Lesquelles armes risquent de se retrouver en train de servir entre les mains des combattants au nord du Mali. Alors, si le Mali veut garantir la paix sur son territoire, il doit préparer la guerre… contre le terrorisme en renforçant son dispositif de sécurité.
Tiémoko Traoré