Dans son numéro 3091 paru en août 2020, le journal ‘’Jeune Afrique’’ sous la direction de François Soudan, publiait l’analyse d’un jeune universitaire qui dresse un tableau sombre de la gestion du Mali, avant de projeter une lueur d’espoir pour une sortie de crise. Toute chose qui veut dire que les Maliens à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur ont leur regard sur la gestion de leur patrimoine commun : le Mali.
Au prime abord, Modibo Seydou Sidibé a souligné que le rassemblement sur la place de l’indépendance des « associations de la société civile et de partis politiques » pour créer un mouvement dénommé ‘’Espoir Mali-Koura ‘’ (nouveau Mali) a été une bonne chose, une arme de lutte politique. L’objectif de cette lutte, dit-il, c’était de dénoncer « la mauvaise gouvernance du pays » et d’appeler à l’avènement d’une nouvelle République. Une initiative qui, de son point de vue, passerait par ‘’la démission de toutes les institutions de l’État : l’exécutif, le législatif et le judiciaire ». C’est ce qui a d’ailleurs été fait.
Le professeur d’économie visiblement est conscient que le Mali souffre de la décadence ‘’réelle’’ causée par la corruption depuis bientôt soixante ans ». À l’entendre, ce mal particulier a engendré toutes les difficultés économiques et sociales. Selon lui : «on peut relier toutes les crises maliennes des vingt dernières années au partage des fruits de la corruption », a affirmé l’universitaire qui cite comme illustrations de cette thèse : le coup d’État de 2012 perpétré par la junte militaire à cause de la corruption dans tous les secteurs économiques et sociaux comme la douane, les impôts, les marchés publics, la police, la justice, les hôpitaux, etc. Il conclut que « La corruption ne conduit pas uniquement au gaspillage des maigres ressources publiques, elle asphyxie l’appareil productif et fait du pays un paradoxe économique. Bien que très peu de personnes aient un travail stable, Bamako achète presque tout à l’étranger ». Et d’ajouter que la corruption a biaisé l’arbitrage des acteurs économiques, rendant l’importation presque toujours plus profitable que la production locale. Ceci explique le retard constaté dans la montée en puissance de l’office du Niger, annoncée à maintes reprises. Elle n’a jamais eu lieu et le gouvernement subventionne l’importation du riz. Pour l’universitaire : l’insuffisance des guichets pour payer une amende, la lenteur dans la délivrance d’un compteur électrique et le racket des policiers sont incompréhensibles », selon monsieur Sidibé. Malgré tout ce diagnostic macabre, le professeur d’économie ne perd pas espoir. Pour lui, pour désespérante que paraisse la situation malienne, elle n’est pas sans solutions. La lutte contre la corruption ne saurait être un slogan, mais plutôt un projet sociétal, un travail de longue haleine. « Cette lutte suppose l’identification des facteurs qui conduisent les individus à s’approprier du bien collectif », dit-il. Partant, il invite d’agir simultanément sur deux leviers : sanctionner plus lourdement les agents publics corrompus et accroître les bénéfices de la non-corruption pour les usagers. De son point de vue, le Mali, berceau des grands empires, a besoin d’un leader déterminé à reprendre en main le destin du pays, conscient de sa riche histoire et à la hauteur des défis du monde moderne. Le professeur pense également que combattre les maux liés à la corruption offre une lueur d’espoir à cette jeunesse que le désarroi a poussée vers les extrêmes. « C’est un préalable afin de bâtir une nation plus juste, plus solidaire, un pays qui offre une perspective à une génération qui n’aspire qu’à l’émigration », a conclu l’universitaire qui s’est montré convaincu que tout acte de corruption doit comporter un risque non négligeable de perte d’emploi.
Seydou Diarra