Ces dernières semaines ont été émaillées par de graves déclarations de l’Union Européenne et l’Ambassade d’Allemagne contre l’Etat du Mali. Les deux institutions mettent clairement en cause la crédibilité de l’Exécutif malien dans la gestion des ressources publiques. Elles pointent le curseur sur une administration gouvernementale dont l’incroyable degré de corruption, est la racine de toutes les autres crises que traverse le pays. Cependant, le Ministre des Affaires Etrangères, Tiébilé Dramé, censé démentir ou recadrer les diplomates à l’origine d’aussi humiliantes révélations, s’est mystérieusement engouffré dans un silence radio dont voici les seules vraies explications.
Les faits
Lors du colloque international de l’aide publique au développement, tenu entre les 14 et 15 Juin dernier à Bamako, le Chef de la Coopération de l’Union Européenne, Geza Strammer, a ouvertement affirmé la suspension de l’aide financière de l’EU à l’armée malienne pour « manque de traçabilité ». En termes explicites, les ressources allouées à l’Etat malien pour l’équipement et la restructuration des forces armées nationales, ont été amplement détournées par le Gouvernement.
« Lorsque nous finançons un programme, l’argent va directement dans le compte du Trésor Public. Alors, l’Union Européenne n’a plus aucune possibilité d’accéder à la somme déposée. Mais lorsque nous procédons à l’évaluation et que nous réalisons que le programme financé n’a pas été exécuté convenablement, en ce moment, nous pouvons prendre la responsabilité de suspendre notre financement », a nettement déclaré Strammer sans être aucunement démenti ou contredit par un Ministère du Gouvernement en place.
Juste, un peu plus d’une semaine après, lors du lancement officiel du partenariat interuniversitaire germano-malien, le 26 juin dernier, l’Ambassadeur d’Allemagne au Mali, Son Excellence Friedrich Becher, n’a pas porté de gants pour s’attaquer à l’inexpugnable machine de corruption mise en œuvre par le Gouvernement malien. Le diplomate allemand déclare que le plus grand frein au développement du Mali, est loin d’être la crise sécuritaire. C’est plutôt le système de corruption organisée qui se barricade contre les investissements étrangers au Mali, d’où, la réticence affichée des investisseurs allemands.
Becher estime que ses compatriotes ne seront motivés à participer pleinement au développement du Mali que lorsqu’une réelle dynamique de lutte contre la corruption est enclenchée par les autorités de l’Etat. Certes, d’un point de vue universel, aucun véritable processus de développement ne saurait se faire valoir dans un cadre où prévaut l’insécurité. Mais, dans le contexte spécifiquement malien, malgré qu’une crise multidimensionnelle frappe le pays depuis près d’une décennie, l’Ambassadeur Allemand sous-entend que celle-ci reste mineure à côté des dégâts incommensurables causés par la corruption gouvernementale. En clair, les conséquences de la corruption sur le développement du Mali, sont beaucoup plus lourdes que celles de l’insécurité en cours dans le pays.
D’aussi graves déclarations venant de deux partenaires clés du Mali, n’ont rencontré aucune réaction du Gouvernement, en l’occurrence, le Département des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale qui en est le Ministère de tutelle.
Ce qui contraint le Ministre Dramé à volontairement garder le silence
Depuis les premières heures du précédent quinquennat d’Ibrahim Boubacar Kéita, Tiébilé Dramé, alors opposant féroce au régime élu, eût le mérite d’avoir sorti de l’ombre, les scandales financiers des plus honteux de notre vie de nation dont IBK et ses suppôts furent formellement accusés et, auxquelles graves accusations, aucun démenti convaincant n’a pu jusqu’ici être apporté par le Gouvernement. En Juin 2015, le PARENA a informé l’opinion publique nationale et internationale sur une affaire inédite de 40 000 tonnes d’engrais frelatés où un détournement de près de 60 milliards FCFA, par le Ministère de l’Agriculture en complicité avec Bakary Togola, avait été révélé.
En Septembre 2015, le même Tiébilé Dramé a dévoilé un autre gros scandale relatif à l’achat surfacturé de 1000 tracteurs impliquant directement la Présidence de la République du Mali. Celle-ci, après avoir passé le marché gré-à-gré desdites machines agricoles, venait de se rendre complice du détournement d’environ une dizaine de milliards de nos francs sans qu’une moindre enquête ne soit officiellement ouverte malgré l’évidence des preuves réunies contre Koulouba.
En Mai 2017, une autre affaire de corruption relative à la surfacturation des travaux de bitumage de la route Banconi-Dialakorodji-Safo-Nossombougou, a été révélée par la direction du Parena avec, à sa tête, l’ex-opposant virulent, Tiébilé Dramé. Ce nouveau scandale mettait notamment en cause, le Bureau Politique National du RPM, en complicité avec le Gouvernement Modibo Kéita où environ 15 milliards FCFA auraient été impunément engloutis sans laisser de trace.
A l’approche du scrutin présidentiel du 29 Juillet 2018, Tiébilé Dramé a réussi à attirer l’attention collective sur un autre scandale qui n’a jusqu’ici pas fini d’accabler le Gouvernement malien et dont un nouveau rebondissement est en cours. Il s’agit de l’achat surfacturé des équipements militaires, notamment, des avions de combat achetés à des sommes pharaoniques tout en étant dans un très mauvais état d’opérationnalité. Là aussi, une malversation financière donnant lieu à l’évaporation de centaines de milliards, a été révélée avec des évidences inédites par l’Opposition de Tiébilé Dramé.
Ces immenses scandales financiers, fruit d’un système de corruption érigé en mode de gouvernance et dont le régime IBK s’est majestueusement servi pour contrôler tous les segments du pouvoir d’Etat pour ensuite s’assurer un second mandat, ont été découverts et rendus publics par l’actuel Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Tiébilé Dramé. Ces innommables affaires de corruption attribuées à IBK dont la gestion continue, chaque jour, d’enfoncer le Mali dans l’abîme, ne sont autres que la confirmation des accusations portées par l’Union Européenne et l’Ambassade d’Allemagne au Mali. Elles insistent sur un inénarrable système de corruption qui caractérise le Gouvernement et dont Tiébilé Dramé est aujourd’hui devenu un membre, et non des moindres.
Si l’homme ne dit strictement rien à propos d’aussi humiliantes révélations faites par les institutions étrangères, en l’occurrence, les partenaires financiers du Mali, c’est justement parce que Tiébilé Dramé, pour, ne serait-ce que le minimum de conscience morale qui lui reste, se voit mal en train de formuler des démentis à ce que lui-même, en tant qu’opposant, avait vigoureusement combattu au sein d’un régime dont il se fait aujourd’hui le thuriféraire. L’ex-Ministre des Zones Arides et Semi-arides ne peut que s’obliger de garder le silence face aux fracassantes accusations des partenaires au développement sur l’indéboulonnable réseau de corruption entretenu par le gouvernement malien. Car, c’est contre cela même que, lui Tiébilé et ses imposteurs de camarades, ont formulé les pires diatribes, au cours des six dernières années, pour, à tout prix, se redonner une virginité politique.
La Sirène