Les projets et programmes, les arrêtés ministériels au nom de la moralisation passent par la censure de Koulouba avant les décaissements y afférents. C’est le drôle de surenchère procédurière qui rythme depuis quelques temps
Le gouvernement malien a dénoncé, le 13 mai, le rapport de l’ONU accusant l’armée et des combattants “étrangers” d’avoir exécuté au moins 500 personnes lors d’une opération antijihadiste à Moura en mars 2022. Dans un communiqué, le ministre malien de l’administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le très sérieux, Abdoulaye Idrissa Maïga, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “espionnage”
Un “rapport biaisé, reposant sur un récit fictif“. Il s’agit des mots forts des autorités maliennes qui dénoncent le rapport de l’ONU lequel accuse l’armée et des combattants “étrangers” du massacre de Moura.
Selon le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, la justice malienne a ouvert une enquête à la suite des événements de Moura. “Aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie pendant l’opération militaire”, a-t-il affirmé dans un communiqué lu à la télévision d’Etat. “Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes“, a-t-il ajouté.
Pour nombre de Maliens, le rapport est une farce et est ridicule. Il accuse à tort les forces armées maliennes (FAMas) qui ont simplement engagé une opération patriotique au bénéfice de paisibles populations qui subissent les affres des groupes terroristes. Toutes choses qui tranchent avec l’enquête de la division des droits de l’Homme de la mission de Casques bleus déployée au Mali depuis 2013 (Minusma), et qui évoque 157 entretiens individuels et 11 entretiens de groupes.
Dans sa présentation, le gouvernement malien dit avoir appris “avec stupeur” que la mission d’établissement des faits avait utilisé des satellites au-dessus de Moura pour obtenir des images “sans autorisation et à l’insu des autorités maliennes“. Il a déclaré “ouvrir immédiatement une enquête” pour “espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat” ainsi que “complot militaire“.
L’Etat malien met en cause tout le rapport contre les exactions exercées sur les 58 femmes et jeunes filles, victimes de viol et autres formes de violences sexuelles. Et éclabousse un rapport qui tente d’épingler les déclarations officielles maliennes sur le concours “d’instructeurs” russes sr notre territoire. Le même rapport tente de justifier les propos attribués au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sur la présence au Mali de la société privée de sécurité russe Wagner. L’Etat malien s’inscrit en faux contre l’ONU qui cite des témoignages décrivant des étrangers comme des hommes blancs en treillis parlant une langue “inconnue” et qui “supervisaient” les opérations.
Le Mali dénonce une cabale contre le fait qu’un hélicoptère et des hommes au sol auraient ouvert le feu “de manière indiscriminée” vers le marché. Une trentaine de personnes dont une douzaine de jihadistes auraient été tués. L’armée malienne s’est dite indignée par des allégations onusiennes qui rappellent que quelque 3.000 personnes ont été interpellées en continuant à ratisser la localité les jours suivants.
Pour les FAMas, cette opération antijihadiste a été “salutaire” pour les populations locales et a permis de “désorganiser durablement” la Katiba Macina.
Et de rappeler que la surveillance des droits fait partie du mandat de la Minusma mais que son rapport contredit le narratif officiel.
Chacun sait que “le gouvernement de transition avait mis en garde contre l’instrumentalisation de la Minusma et des Droits de l’Homme dans le dessein de briser la dynamique de la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali et de s’opposer aux choix stratégiques du Mali“, a affirmé, samedi dernier, le gouvernement dans son communiqué.
Il est aujourd’hui très difficile de se prononcer sur le renouvellement du mandat de la Minusma qui expire en juin. Mais selon des sources sécuritaires maliennes, c’est un renouvellement qui doit obéir à des conditions avantageuses pour le Mali. Sinon les Maliens, dans leur majorité, souhaitent voir partir le « gendarme international ». Donc, wait and see.
Rassemblés par Salif Diallo
Source : Le Matinal