Cette décision, explique le communiqué publié lundi soir, est motivée par ‘’l’attitude unilatérale du partenaire français » qui a décidé les 3 et 7 juin 2021 de suspendre les opérations conjointes avec l’armée malienne et de mettre fin à l’opération Barkhane ‘’sans consulter au préalable » le Mali.
Les ‘’multiples violations de l’espace aérien malien » par des aéronefs français, malgré ‘’l’instauration d’une zone aérienne d’interdiction temporaire » par les autorités militaires maliennes sont pointées du doigt, de même que la ‘’manœuvre dilatoire » de Paris qui demande une réunion d’experts pour la relecture du traité de défense au lieu de proposer ses amendements alors que Bamako lui a envoyé les siens depuis décembre 2021.
Tout ceci, sans compter ‘’les atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali », déplore le communiqué avant de préciser que ces trois accords suivants sont dénoncés : l’accord SOFA encadrant le déploiement de Serval (puis Barkhane) de 2013, le traité de coopération en matière de défense de 2014 et l’accord SOFA de 2020 encadrant le déploiement des contingents étrangers de Takuba.
Pour le traité de coopération signé en 2014 (formation, coopération militaire hors Barkhane), la dénonciation doit prendre effet dans 6 mois, conformément à ce qui est prévu dans le traité.
Par contre, concernant les SOFA signés en 2013 et 2020 et encadrant la présence des forces Barkhane et Takuba, le Mali a exigé un effet immédiat sur la base de la Convention de Vienne sur le droit des traités et applicable en l’absence de dispositions spécifiques dans l’accord. Ladite convention prévoit une possibilité de dénonciation à effet immédiat en cas de ‘’violation substantielle » du traité par l’autre partie.
‘’La France n’a pas ratifié la Convention de Vienne, mais elle l’applique. Elle devrait cependant rejeter cette interprétation et exiger la durée normale de préavis en cas de dénonciation, à savoir 12 mois », a confié à Xinhua une source diplomatique malienne ayant requis l’anonymat.
Analysant la dénonciation des accords de défense, plusieurs observateurs soulignent que les contingents Barkhane et Takuba pourraient ne plus bénéficier de la liberté d’entrer dans le territoire malien, encore moins de la liberté de circulation. Elle va aussi marquer la fin d’exonération douanière pour l’importation de matériel.
La France avait annoncé le 17 février dernier le retrait du Mali des forces Barkhane et Takuba. Une opération que les autorités maliennes veulent sans délai au lieu de la durée de 4 à 6 mois programmée par Paris.
Malgré tous les griefs formulés à l’endroit de la France, le communiqué du porte-parole du gouvernement rappelle la disponibilité du Mali à ‘’coopérer avec l’ensemble des Etats du monde dans le respect mutuel ».
Depuis 2012, le Mali est en proie à des insurrections indépendantistes, des incursions djihadistes et des violences intercommunautaires ayant fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.