par John Irish
PARIS (Reuters) – Le redéploiement des forces françaises au Sahel a permis aux militants islamistes de revenir dans le nord du Mali, a dit lundi à Paris le Premier ministre malien, Moussa Mara, qui a souhaité que la France et l’Onu soient plus offensives contre les djihadistes.
La Minusma a annoncé vendredi la mort de neuf casques bleus nigériens dans une embuscade, l’attaque la plus meurtrière à ce jour contre la mission de l’Onu au Mali.
“Les forces françaises sont moins concentrées et sont étirées sur la bande sahélienne, donc cela a pu apparaître comme un appel d’air pour les groupes armés”, a souligné Moussa Mara dans une interview à Reuters en marge d’un forum de l’OCDE sur l’Afrique.
Environ 3.000 soldats français sont présents au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad dans le cadre de l’opération Barkhane. La France a donc fortement réduit la présence de ses troupes dans le nord du Mali.
Depuis le reflux des groupes islamistes en 2013, des élections se sont tenues au Mali et les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont en discussion avec le gouvernement de Bamako.
Mais le processus de paix avance lentement et les troupes maliennes ont abandonné en début d’année de nombreuses positions dans le nord du pays après des accrochages avec les rebelles, laissant un vide dans cette zone marquée par les trafics en tout genre.
“ALLER DE L’AVANT”
Le Premier ministre malien appelle donc la mission des Nations Unies, qui compte 12.000 hommes, à déployer plus de forces dans le nord du pays.
“Les soldats de la Minusma (…) doivent être en posture d’aller de l’avant pour identifier les foyers d’insécurité et les éliminer”, dit-il.
L’armée française doit envoyer des forces spéciales dans le nord du Mali, comme au début de l’opération Serval, demande également Moussa Mara.
Des responsables français ont indiqué la semaine dernière qu’une base militaire était en train d’être établie dans le nord du Niger, conformément à l’objectif de Barkhane de stopper les mouvements de groupes liés à Al Qaïda qui transitent notamment par la Libye.
Moussa Mara, dont le gouvernement négocie actuellement un protocole de paix avec les groupes rebelles, notamment les Touaregs, se dit optimiste mais regrette leur attitude selon lui ambiguë.
Aux termes d’un accord initial conclu en juin 2013, les rebelles ont accepté de rompre tout lien avec les groupes islamistes, en préalable à des négociations et à la fin des hostilités.
“Aujourd’hui, chaque fois que nous avons des confrontations armées dans le nord du pays, paradoxalement cela correspond à des pistes employées par les trafiquants pour le convoyage de la drogue. Donc nous avons l’impression qu’ils se battent plus pour la drogue que contre les terroristes. Il faut qu’ils se ressaisissent”, a dit le Premier ministre malien.
(édité par Marion Douet et Guy Kerivel)