La nation malienne est menacée jusque dans ses fondements ; l’intégrité territoriale, déjà amputée d’une portion, est quasiment hypothéquée ; l’autorité de l’Etat est bafouée et piétinée. Au Mali aujourd’hui, nous sommes dans un état de non Etat où tout peut basculer au pire, à tout moment.

Face à ce danger (de disparition), le devoir nous en appelle au sursaut national. Mais pour ce faire, l’impulsion doit-elle venir du sommet. Or, c’est là que le bât blesse, avec un président sans vision politique. Advienne que pourra !

Aucun doute n’est désormais permis : le président Ibrahim Boubacar Kéïta a démontré ses limites. Il a mis le Mali par terre. Depuis dix-huit mois, IBK vogue, sans gouvernail, faisant courir de gros risque sur  un pays qu’il était pourtant censé tiré vers le haut au sortir de la pénible période d’instabilité politique engendrée par le coup d’Etat de mars 2012. Le Mali sous IBK ? C’est un pays ou règne un sentiment d’injustice sur fond de scandales financiers, de banditisme et violences quotidiennes. Le Mali semble plus que jamais assis sur une poudrière.

Aujourd’hui plus que jamais, les indices de partition du pays s’accumulent. En effet, le round décisif des pourparlers inclusifs d’Alger (programmé à partir d’hier 11février) intervient sur fond de recrudescence de la violence au sud et au centre et de l’embrasement du nord avec la reprise des combats entre groupes armés rebelles et milices loyalistes, les attaques de populations civiles, les attentats avec leurs lots de victimes.

Sous la pression de la communauté internationale et de l’Algérie, nous nous acheminons infailliblement vers la signature d’un accord de partition du pays.  Pire, les analystes schématisent même le plan d’occupation du nord conçu par les forces invisibles qui tirent les ficelles. Pour eux, l’accord pour l’établissement d’une zone temporaire de sécurité signé le 24 janvier entre la Coordination des mouvements de l’Azawad et la Minusma (sous la signature de son chef d’état-major Christian Thibault) était un élément de ce plan. Mais, il a foiré suite aux événements de Gao du 27 janvier.

Ensuite, de sources bien informées indiquent que depuis le vendredi 06 février, des combattants du Mnla encerclent la localité de Tabankort où personne ne peut sortir, ni entrer. C’est à se demander sous quelle République nous vivons !

Autre inquiétude : des observateurs avertis redoutent que l’avancée des mouvements de la plateforme (notamment le Gatia) vers Anéfis, avec Kidal en point de mire, ne soit catastrophique, dans la mesure où les forces invisibles susmentionnées risquent de lâcher les fauves de Iyad Ag Ghaly et les djihadistes et terroristes à leurs trousses, pour les exterminer et/ou les repousser jusqu’à Gao qu’ils vont ensuite occuper. Car, elles (les forces invisibles) ne laisseront jamais quiconque rentrer à Kidal. Tout le monde se souvient encore du mystérieux retournement de situation lors des événements du 21 mai 2014 à Kidal. Personne n’oublie aussi le refus catégorique opposé à l’armée malienne de rentrer à Kidal le 30 janvier 2013, après avoir repris Konna, Tombouctou et Gao. Après Kidal, la perte de Gao serait fatale. Et après Gao ?

IBK : Aucune  vision politique

Au risque de voir le pays grignoté petit à petit de son territoire, les Maliens doivent sonner le sursaut d’orgueil national. Qu’ils soient du pouvoir, de la majorité ou de l’opposition ; de la société civile ou simple citoyen, tous doivent être unis et soudés. En un mot, les Maliens doivent se lever comme un seul homme pour sauver une nation en danger, ou tout au moins ce qui en reste.

Cependant, l’exemple doit venir du premier responsable de la nation lui-même. Il se trouve malheureusement que le président Ibrahim Boubacar Kéïta semble devenir « la déception du siècle » au contact du pouvoir suprême. Quasiment plébiscité en août 2013, IBK s’est installé dans le fauteuil présidentiel avec un double handicap: aucune vision politique, aucun projet de société. Or, un chef d’Etat doit toujours avoir une vision. C’est à travers cette vision et ses choix bâtis sur un projet viable qu’il peut impulser l’action gouvernementale et l’accompagnement des populations, pour le bonheur du peuple.

IBK a trouvé un pays débout, il l’a (re)mis à terre en un temps record. Tout d’abord, en saccageant tous les acquis de la Transition au lieu de les capitaliser. Ensuite, en tuant dans l’œuf la réflexion et le savoir-faire. Enfin, il est de notoriété publique aujourd’hui que le Mali a abandonné ses ressources humaines. Parce que le pouvoir s’est fait une religion que l’Etat se construit uniquement sur du politique. D’où, des nominations controversées à tout bout de champs. Conséquence : des cadres valeureux sont ignorés ou écartés, des ressources compétentes hésitent à se découvrir et à participer à la vie nationale .Cette politique d’exclusion n’étant guère une surprise. Le  chef de l’Etat, lui-même, semble exceller dans les règlements de comptes, au lieu de rassembler, d’unir et de mobiliser les Maliens.

IBK a déçu les espoirs, notamment ceux d’une jeunesse qui n’avait déjà pas inclus le patriotisme dans sa démarche. Pire, la relève n’est pas rassurante au cas où elle existerait.

Aujourd’hui, le chef de l’Etat doit aider ses concitoyens à l’aider. En faisant quoi ?

D’abord, il faut que le président se soucie, tant soit peu, du quotidien des Maliens. Ensuite, il faut qu’il ouvre des consultations nationales à toutes les sensibilités sur toutes les questions d’intérêt national telles que les pourparlers d’Alger. Les solutions aux dossiers brûlants de la nation ne sont pas exclusives à un parti (le Rpm) ou à un homme (IBK). Chacun doit donner son avis, comme lors de la Conférence nationale de 1991. Sans cette démarche, le Mali ne se tiendra jamais débout. Avec IBK, un président qui excelle dans le pilotage à vue, il faut malheureusement craindre qu’il n’en soit ainsi. Pour mieux schématiser la solution actuelle du Mali, un observateur dit ceci « le véritable problème, est qu’on a un chef d’Etat inaccessible  et coupé des réalités du pays. Or il croit tout savoir. C‘est pourquoi, il  a tendance à tout ramener  à son seul niveau. Le pouvoir  ne se gère, pas comme ça… . Au-delà, la seule question qui se pose aujourd’hui  est : IBK est-il conscient des menaces qui planent sur la République ? ». 

La rédaction

source : L AUBE