Intervenant à la Tribune des Nations unies samedi dernier (28 septembre 2024), à l’occasion de la 79e Assemblée générale, le Colonel Abdoulaye Maïga a saisi «l’opportunité pour saluer et reconnaître la sagesse» du président Abdelmadjid Tebboune de la République algérienne démocratique et populaire. Le 29 août 2024, a-t-il rappelé, lors d’une tournée dans le sud algérien, ce dernier a déclaré que «la Libye, le Niger et le Mali sont des nations fraternelles» qu’il soutient et qu’il ne peut desservir.
«Le peuple malien n’a pas été surpris par ces propos qui indiquent, éloquemment votre panafricanisme, à l’instar de vos célèbres prédécesseurs, dont feu le président Abdelaziz Bouteflika (mort le 17 septembre 2021), affectueusement appelé ABDELKADER MALI suite à son établissement à Gao et l’engagement des autorités maliennes, à travers les actions suivantes : offrir le territoire malien comme base arrière aux Moudjahiddines, ouvrant ainsi un front sud ; participer aux affrontements armés contre le colonisateur français, en déployant des combattants maliens aux côtés des Moudjahiddines sur le territoire algérien, pour défendre la liberté et la dignité des algériens ; défendre la cause algérienne dans toutes les instances diplomatiques, jusqu’au recouvrement de leur indépendance», a rappelé le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Cependant, il n’a pas manqué d’attirer l’attention du chef de l’Etat algérien sur «les propos incongrus» de 2 de ses collaborateurs allant à «contresens» de son souhait de «promouvoir des relations harmonieuses» avec ses voisins, dont le Mali. Ainsi, le 31 juillet 2024, le ministre algérien des Affaires étrangères déclarait que la crise malienne n’avait pas besoin d’une «solution militaire… C’est un conflit entre frères. La solution ne peut être que politique». Au sujet de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR, issu du processus d’Alger), le chef de la diplomatie algérienne avait affirmé qu’il avait été bénéfique à notre pays car il a «préservé la souveraineté et l’intégrité territoriale» du Mali…
En outre, le 26 août 2024, le Représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, a déclaré : «…ce matin j’ai appris par les médias qu’un drone a effectué une frappe dans le nord du Mali tuant une vingtaine de civils. Ceux qui appuient sur la manette de ce drone, n’ont de compte à rendre à personne sur ces frappes…». De l’analyse des propos du premier, «nous constatons une grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali. En effet, la nature de la solution déployée par les autorités maliennes ne concerne que les Maliens. Depuis la fin de l’APR, le 25 janvier 2024, les Maliens n’expriment qu’un seul vœu le concernant : que son âme repose en paix !», a réagi le Colonel Abdoulaye Maïga.
«Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, l’Accord est bel et bien mort. Vos incantations ne serviront pas à le ressusciter», a-t-il persisté. «Vous me donnez l’occasion, d’une part, de vous réitérer que nul ne peut aimer le Mali, plus que les Maliens. Et, d’autre part, vous rappeler que le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité : pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité ; pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité…», a-t-il promis.
Quant au Représentant permanent algérien, a souligné le ministre Maïga, «en plus d’offrir le gîte et le couvert, certainement avec de succulents plats de chakchouka et de chorba, à des terroristes et des renégats en débandade, son rôle d’estafette désorientée ne contribue guère à la promotion des relations de bon voisinage». De ses propos, d’une manière générale il ressort des «accusations graves et infondées». En affirmant par exemple que «les opérateurs de drones n’ont de compte à rendre à personne», représentant permanent algérien «alimente une campagne de désinformation contre le Mali, tout en soutenant l’idée que les vaillantes Forces de défense et de sécurité maliennes seraient incapables de piloter des drones», a déploré le ministre Abdoulaye Maïga à la tribune de l’ONU.
«Aujourd’hui, nous sommes troublés que le Représentant permanent algérien ait rejoint la tendance manipulatrice des droits de l’Homme pour s’attaquer à l’Armée malienne… Le Mali exige de ces 2 énergumènes diplomatiques qu’ils cessent d’entrer dans l’histoire à reculons. Manifestement, ils ignorent tout, à la fois, de l’histoire entre les peuples frères du Mali et de l’Algérie, et la contribution exceptionnelle du Mali à la guerre de libération algérienne, et certainement de la géographie car ils considèrent, à tort, le Mali comme une wilaya, c’est-à-dire une province algérienne», a conclu le Colonel Abdoulaye Maïga remettant les choses dans leur contexte politique, historique, géographique et… diplomatique !
Moussa Bolly