Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Le directeur général des douanes, Amadou Konate à propos de la saisie de 10 000 fausses vignettes : “Le danger est que ces vignettes reprennent les mêmes séries de la commande unique de l’Etat”

“La population doit aussi nous aider à dénoncer à la police, aux impôts… tous ceux qui vendent ces fausses vignettes”

En l’espace de dix jours, les douanes maliennes ont réalisé un véritable exploit dans le domaine de la lutte contre la fraude avec la saisie de 10 000 fausses vignettes d’un montant de près de 1 milliard de F CFA dans deux frontières différentes. Quelle est la portée de ces saisies ? Comment elles ont été opérées ? Où en sommes-nous avec l’enquête ? Autant de questions auxquelles le directeur général des douanes, l’inspecteur général Amadou Konaté apporte des éléments de réponse à travers un entretien exclusif qu’il a accordé à votre hebdomadaire préféré Aujourd’hui-Mali.

Aujourd’hui Mali : Quelle est l’importance de cette saisie pour l’économie malienne ?

Amadou Konaté : Les vignettes constituent des moyens importants au niveau de la chaine de recettes plus précisément pour la direction générale des impôts. Elles ne rentrent pas dans nos recettes mais, de par nos missions, nous assistons les autres administrations à saisir tout ce qui est illicite.

Deux saisies en l’espace de quelques jours par les douanes. Peut-on savoir comment ça s’est passé ?

C’est vrai que nous avons opéré deux saisies de vignettes le même mois au niveau des frontières. La première a été opérée par la voie terrestre et la seconde au niveau d’une frontière aérienne. Bizarrement, les saisies portent sur le même nombre à savoir 5000 vignettes ce qui fait 10 000 en tout, mais de valeur différente. Pour la première saisie au niveau de Hérémakono, on peut dire que c’est la chance du douanier, car le colis est arrivé au mauvais endroit, il était destiné plutôt au dernier bureau de sortie du Burkina Faso.

Apparemment, ils se sont trompés et ont acheminé le colis emballé dans un carton DHL pour tromper la vigilance des douaniers. C’est après qu’il y a eu des tentatives pour ramener le colis au Burkina Faso, ce qui n’était plus possible, car les douaniers avaient déjà découvert qu’il y avait des fausses vignettes destinées à être vendues au Mali. C’est ainsi que le colis a été saisi.

Si la première saisie était la chance du douanier, la deuxième opérée le 24 février à l’Aéroport de Bamako nous fait encore plus plaisir car elle a été menée suite à l’exploitation de renseignements douaniers. Ceci est extrêmement important pour nous. Car j’ai toujours l’habitude de dire qu’une douane sans renseignement est aveugle. Cette saisie est importante car le renseignement a été exploité jusqu’à l’arrivée de l’avion.

A la descente du vol, les indications étaient très précises, donc les agents ont suivi le passage des colis et ont mis la main sur la valise en question.

Les douaniers ont cherché dans un premier temps à connaitre le propriétaire de la valise et l’ont appréhendé avant de faire appel à la police qui a apporté son assistance aussi. Dans le bagage en question, nos hommes ont découvert 5000 vignettes.

Si pour la première saisie à Hérémakono le montant était estimé à plus de 140 millions de F CFA, pour la seconde à l’aéroport, le montant était plus important, car évalué à plus de 700 millions. Ces saisies sont très importantes car elles valorisent la deuxième orientation qui nous a été assignée par le ministre de l’Economie et des Finances, à savoir la lutte contre les trafics illicites et la fraude ; elle rentre aussi dans nos missions d’assistance à d’autres administrations car nous sommes l’un des services les plus représentés aux frontières. De ce fait, en l’absence de ces administrations, les douaniers font le boulot.

C’est dans ce cadre que nous faisons le travail pour les eaux et forêts avec la protection de la faune et de la flore ; de la police avec les contrôles d’identité, mais aussi des impôts. Ces pratiques frauduleuses ont des conséquences terribles sur la chaine des recettes avec des conséquences sur les dépenses publiques.

Quelle est la portée réelle de ces saisies ?

La portée est très difficile à mesurer car ces saisies ne sont qu’une infime partie. Nous pensons que ce qui nous a échappé est plus important que ce que nous avons saisi. D’ailleurs, pour nous, c’est un fléau auquel il faut faire face rapidement.

Le danger est que ces fausses vignettes reprennent les mêmes séries de la commande unique de l’Etat. C’est ça le danger, surtout à l’œil nu il est difficile de faire la différence entre le faux et le vrai. Il faut vraiment faire face à ce fléau et surtout mener une large campagne de sensibilisation. Je suis sûr que la direction générale des impôts va le faire.

Une fois les produits saisis, quelle est la suite ?

Un produit illicite saisi par principe est à détruire, mais pour le cas d’espèce, nous attendons les orientations du ministère de l’Economie et des Finances. C’est pour cette raison que ces vignettes sont pour le moment gardées en lieu sûr, mais je pense que le principe sera respecté à savoir leur destruction totale.

L’enquête se poursuit ?

Evidemment pour la deuxième saisie, le destinateur de la valise a été appréhendé avec deux autres complices. Les enquêtes sont en cours au niveau de la police. Pour le cas de Hérémakono, nous avons transmis le produit au niveau du renseignement et des enquêtes douanières pour que cette direction, en rapport avec ce bureau, puisse travailler pour qu’on puisse mettre la main sur le destinateur car le colis était destiné au Mali.

Si vous avez un message à l’endroit des populations malienne, ce sera lequel ?

Le message, c’est d’avoir la fibre patriotique pour ne pas aller dans le sens du gain facile d’acheter des produits frauduleux. Les vignettes réelles de la direction générale des impôts sont disponibles au niveau de tous les centres, par conséquent, il faut que les populations refusent de prendre ces vignettes qui paraissent moins chers. Il faut que les citoyens se rendent compte que chaque fausse vignette achetée est un manque à gagner pour le Trésor public.

Le second message, c’est une adresse d’encouragement à l’endroit des douaniers, car il faut continuer à faire ce travail de lutte contre la fraude, nous sommes payés pour cela. Aussi, pour toutes les missions et les orientations qui nous ont été données, nous avons le devoir d’être au rendez-vous. Nous avons l’habitude d’appeler ce genre de saisies comme des saisies mortes, elles ne sont pas mortes elles font parties du métier.

Pour rappel, les saisies mortes sont des saisies qui ne donnent pas droit à des payements d’amende, de la vente pour que cet argent puisse conforter les recettes douanières, ce n’est pas le cas. Cependant, c’est un plaisir pour les douanes de faire ce genre de saisie pour d’autres administrations que nous devons assister. La population doit aussi nous aider à dénoncer surtout ceux qui vendent ces fausses vignettes, soit à la police et aux impôts ou tous les services concernés. Le concours de la police est indispensable à tous les niveaux pour circonscrire le fléau.

Est-ce que vous avez une idée sur la provenance de ces produits ?

Aucune idée, car si vous voyez le mode opératoire, ils ont opté pour deux frontières totalement différentes, ce sont les enquêtes qui pourront déterminer là où ces fausses vignettes ont été confectionnées et les pays de provenance.

Réalisé par Kassoum Théra

www

Mansour Coulibaly, chef du Bureau des douanes de l’aéroport Bamako-Senou :

«Les vignettes saisies vont de 400 000 F Cfa à 30 000 F Cfa l’unité»

Dans un entretien à bâtons rompus, Lieutanant Colonel Mansour Coulibaly, chef du bureau des douanes au niveau de l’aéroport international Modibo Kéïta revient sur l’opération qui a permis de mettre la main sur la valise contenant des vignettes d’une valeur de plus de 700 millions F CFA à l’Aéroport de Bamako.

Selon le chef gabelou de l’Aéroport international Président Modibo Kéïta-Sénou, Mansour Coulibaly  tout commence au contrôle voyageur, lorsque les passagers arrivent, leurs bagages sont soumis à des vérifications à travers le scanner.

“Si nous pensons qu’il y a des suspicions sur un bagage, nous jugeons nécessaire de mener d’autres contrôles plus approfondies. Evidemment c’est ça qui s’est passé avec la valise en question”, nous explique le chef du bureau de l’Aéroport. Il ajoute que bien avant les fouilles, ils avaient des informations sur le colis en question qui était déjà fiché. “Ainsi, nos agents le suivaient de très près et les analyses au niveau du scanner ont révélé effectivement des objets suspects noirs dispersés à l’intérieur de la valise dans les habits usagers. C’est comme ça que nous avons découvert des enveloppes avec les vignettes et l’individu qui portait la valise a tenté de disparaitre. Il a fallu qu’on fasse appel à la police des frontières pour mettre la main sur lui et deux de ses complices. De leur interrogatoire, il ressort qu’il y avait une préméditation dans cette action frauduleuse”, déclare M. Coulibaly.

Il saisit l’opportunité pour saluer l’Agence de l’aviation civile qui les a formés en imagerie et en radioscopie et les Aéroports du Mali qui ont doté les douanes d’équipements. Pour le chef du bureau des douanes de l’Aéroport, la vigilance doit continuer. Il s’est dit surtout étonné de la valeur des produits saisis.

“On ne savait pas qu’il avait autant de vignettes dans la valise. Elles vont de 400 000 F CFA à 300 000 F CFA l’unité. Il s’agit des vignettes destinées aux gros porteurs, les transports en commun. Il faut que tous ceux qui se procurent ces documents sachent qu’il y a des endroits indiqués pour cela et personne ne doit détenir les vignettes de l’Etat si ce n’est l’Etat lui-même”, avertit Mansour Coulibaly.                                                                                                                                                                     

K. Théra

Source: Aujourd’hui-Mali

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance