« Ce ne sera pas la dernière crise sanitaire mondiale. Lorsque le prochain arrivera, les titres seront-ils les mêmes ? Vont-ils dire qu’après la pandémie de COVID-19, le monde s’est tordu les mains, a écrit des rapports et n’a rien changé ? Ou diront-ils que le COVID-19 a été un tournant pour la sécurité sanitaire mondiale et pour la santé mondiale ? » Une multitude de questions que s’est posées Dr Tedros, directeur général de l’OMS, lors de l’ouverture lors de la 73e Assemblée mondiale de la santé, lundi 9 novembre 2020. Selon le patron de l’OMS, la covid-19 offre à l’humanité « une opportunité d’écrire cette histoire maintenant. »
Comment écrire efficacement cette histoire de la pandémie ? Dr Tedros juge urgent de trouver un vaccin est nécessaire pour contrôler la pandémie. « Mais comme vous le savez, il [le vaccin ndlr] ne corrigera pas les vulnérabilités à ses racines », prévient-il avant de préciser que le vaccin n’est pas susceptible de remédier au « sous-investissement mondial dans les fonctions essentielles de santé publique et les systèmes de santé résilients ni au besoin urgent d’une approche “Une seule santé” qui englobe la santé des humains, des animaux et de la planète que nous partageons ».
Le patron de l’OMS ne va pas avec le dos de la cueillir. Il juge impossible de trouver un vaccin contre la pauvreté, la faim, le changement climatique ou les inégalités. Pourtant, aucune de ces crises ne peut être traitée indépendamment des autres. « Ils sont intimement liés — et doit donc l’être notre réponse », fait-il savoir.
Toutefois, le patron de la plus grande organisation de la santé dans le monde déplore les obstacles à la réalisation des objectifs communs de l’humanité adoptés en 2015. Il parle des Objectifs de développement durable, de l’Accord de Paris et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. « C’était un moment de grande convergence ; les nations du monde s’unissent pour un but commun et un avenir commun », reconnait-il avant de déplorer : « Depuis lors, les marées rampantes de nationalisme et d’isolationnisme malavisés ont érodé ce sens de l’objectif commun ».
Selon le directeur général de l’OMS, « l’Accord de Paris a été affaibli ; les engagements pris dans le programme d’action d’Addis-Abeba sont restés en grande partie non respectés ; et bien qu’il y ait eu des progrès vers les ODD, nos efforts sont trop souvent restés cloisonnés et éclatés ». Pourtant, la pandémie de la covid-19 est venue prouver au monde toute la nécessité de la mise en œuvre des ODD en raison de leur vision globale des personnes, de la planète, de la prospérité, de la paix et du partenariat, indique-t-il.
Le patron de l’OMS invite à plus d’honnêteté en réinventant « le leadership, fondé sur la confiance mutuelle et la responsabilité mutuelle — pour mettre fin à la pandémie et remédier aux inégalités fondamentales qui sont à l’origine de tant de problèmes mondiaux ». Ce n’est pas tout, il invite également à des investissements conséquents dans « notre avenir commun ». Le monde doit également « réinventer le partenariat, abattre nos silos et considérer nos propres efforts comme liés à quelque chose de plus grand ».
En un mot, « il est temps pour le monde de guérir des ravages de cette pandémie et des divisions géopolitiques qui ne font que nous pousser plus loin dans l’abîme d’un avenir plus malsain, moins sûr et plus injuste ». À en croire Dr Tedros, l’heure du choix a sonné, et la règle du jeu est la coopération, la solidarité, la compassion, la paix. Car « le monde a atteint une croisée des chemins. »
Togola
Source: Le Pays– Mali