Douze pays de l’est et du sud du continent n’arrivent pas à enrayer la flambée épidémique de cette maladie de la pauvreté. En un an, on compte au moins 240 000 cas et 4 000 morts. La pénurie de vaccins n’arrange rien.
Déjà repoussée du 8 au 29 janvier, la rentrée scolaire a encore été décalée en Zambie, cette fois au 12 février, pour quelque quatre millions d’écoliers. La raison ? Le choléra, dont le pays n’arrive pas à enrayer la progression. Amorcée en octobre, l’épidémie a déjà frappé des milliers de Zambiens et fait 518 morts.
Au Zimbabwe, le voisin du sud, l’état d’urgence déclaré fin novembre dans la capitale Harare n’a pas mis fin à l’épidémie qui date maintenant de près d’un an. On y compte 40 000 cas et au moins 400 décès.
Au moins 240 000 cas
En fait, ce sont douze pays de l’est et du sud de l’Afrique qui sont confrontés à une phase aiguë
, s’alarme la docteur Matshidiso Moeti, directrice Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
De l’Éthiopie au Mozambique en passant par la République démocratique du Congo, plus de 240 000 cas ont été signalés depuis début 2023 et au moins 4 000 décès. Pour faire face, l’OMS a envoyé 140 experts supplémentaires dans la région, 20 tonnes de matériel d’urgence et débloqué 10 millions de dollars.
En théorie, personne ne devrait mourir du choléra, une maladie diarrhéique provoquée par une bactérie généralement transmise par de la nourriture ou de l’eau contaminée. Une prise en charge rapide grâce à des kits de réhydratation suffit à sauver les malades. Il existe aussi un vaccin efficace. Encore faut-il l’obtenir.
Maladie de la pauvreté
Le choléra est une maladie de la pauvreté. Il prospère dans les zones où l’accès à l’eau potable et l’assainissement des eaux usées sont défaillants. Que ce soit à cause d’un conflit ou d’un tremblement de terre (100 000 cas en Syrie entre 2022 et 2023), ou en raison d’un sous-investissement chronique dans les infrastructures couplé à une explosion démographique, comme dans les quartiers déshérités de beaucoup de grandes villes africaines.
L’Afrique australe et de l’est payent également les conséquences des précipitations violentes et des inondations observées ces derniers mois, qui ont amplifié les problématiques d’hygiène et d’accès à l’eau potable.
Face à la gravité de la situation, les pays africains et l’OMS ont tenté d’accélérer les campagnes de vaccination.
Mais les besoins dépassent largement les capacités de production mondiale (environ 30 millions de doses par an). En octobre 2022, l’OMS a donc validé une stratégie de vaccination à une dose, au lieu des deux doses plus protectrices et plus longtemps efficaces. L’idée est de protéger, même moins bien, davantage de personnes.