Devenu pour peu le visage de la lutte contre la corruption au Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly, Coulou, investisseur tous azimuts, devra désormais compter avec une stratégie anonyme qui tente de le discréditer, sinon le désavouer ou plutôt saboter son combat. Aux tenants de cette entreprise invisible de démolition sur sa personne et son combat, les 15 généraux, croit savoir Coulou, et leur demande de se conformer à la loi, en déclarant la provenance de leurs biens à l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI).
Sinon lui, Coulou, le fera à leur place. Comme quoi dans cette lutte, la météo indique un temps plus que nuageux avec de terribles précipitations à la grande satisfaction du citoyen lambda. Le café de la corruption, votre tribune, dédiée à l’information sur la lutte contre la corruption, ouvre les débats. Et vos contributions sont vivement souhaitées. Voici pour vous l’ambiance du 1er numéro de ce café, un peu spécial, à prendre sans sucre !
De l’ambiance en matière de lutte contre la corruption, parlons–en ! Elle est indéniablement portée par les «Coulouyades», ces sorties publiques désormais bien prisées et attendues de Coulou pour dénoncer les «gros poissons» en matière de corruption au Mali, ces «tirs meurtriers», comme dira l’émérite Feu Demba Coulibaly, qui désaxent n’importe quel défenseur, aussi coriace qu’Emmanuel Kunde des Lions Indomptables d’alors. Justement sur ce terrain de lutte contre la corruption au Mali, Coulou se croit indomptable. Confirmation !
Premier «Coulouyade» donc ! Souvenez-vous en, au beau milieu de l’année 2019. A travers une sortie publique, Coulou, face à la presse, dénonce la corruption, présente le plus corrompu au Mali, qui n’est pas n’importe qui, le Président de la Cour Suprême au Mali. Le reste est connu de tous. Pour une fois au Mali, un «Grand Quelqu’un» dénonce un «Grand Monsieur», comme corrompu au Mali et dit avoir détenu une liste de certains cadres corrompus de l’administration. Les médias ont de quoi s’alimenter et les «Grins» s’abreuvent de la nouvelle.
Coulou se découvre dans ce combat et reste, depuis, son visage au Mali. Une sortie suivie par une scène de théâtre dont la société malienne a le secret. En effet, une bande de médiateurs «sociaux» souhaite aplanir un semblant de différend né à la suite de sa dénonciation. La scène est malienne, l’acte s’inspire de notre culture. Sauf que dans ce combat, la médiation est vaine. Coulou admet la scène au bout de ses lèvres et confirme son engagement à poursuivre son combat. Il n’est plus seul alors.
Car depuis, la lutte contre la corruption est devenue objet de manifestions, de publications médias et est surtout visible sur les réseaux sociaux. On ne le dit pas assez, mais cette sortie aura l’avantage de mobiliser l’opinion nationale et internationale sur la corruption au Mali. La pratique est dénoncée, alimente les discussions. Un succès qui ne le satisfait pas pour autant. Il change alors de stratégie.
Second «Coulouyade» ! Spécial celui-là. En effet, début de l’année 2020, pour ses vœux de fin d’année, Coulou réunit chez lui des VIP, ambassadeurs, partenaires, hommes d’affaires pour une cérémonie de présentation de vœux. Voici que par le discours, elle prend le ton d’une tribune de dénonciation sur la corruption. Relisez alors les temps-forts de ce message spécial de Coulou. «Je m’adresse aux 15 Généraux en charge de la sécurité au Mali. S’il vous plait ! Ayez pitié de nos entreprises, des travailleurs ! Retirez-vous des affaires et faites votre boulot de militaire ! Vous contribuerez ainsi au retour des investisseurs au Mali. Stop ça suffit ! Vous êtes, hélas, les tueurs de nos entreprises. Vous ne payez ni d’impôts, ni taxes». Comprenne qui pourra !
Un vœu spécial de nouvel an, repris et traité par les médias selon des angles qui ont l’avantage de renforcer l’opinion dans ce qui se dit dans les salons ou qui se chuchote dans les «Grins» à Bamako. Et, Coulou de déclarer plus tard ceci : «les 15 Généraux ont réussi à mettre le Président IBK dans la farine, en lui faisant croire qu’ils veillent sur lui, en fomentant des faux coups d’Etat. Pendant ce temps, ils se livrent à tuer les entreprises au Mali, ils sont présents dans le carburant, le négoce, la distribution et bien d’autres domaines du secteur économique. Ils sont seuls, sans troupe et œuvrent à perpétuer l’insécurité, terreau de leurs affaires juteuses». Des déclarations qui ne resteront pas sans réactions.
Ainsi comme réponse aux «Coulouyades», une stratégie anonyme s’est mise en place à travers les médias et les réseaux sociaux. Elle tente de le discréditer, sinon désavouer ou plutôt saboter son combat, si ce n’est sa personne. Après son message de fin d’année, Coulou est traité de tous les noms d’oiseaux. «Imposteur, homme dangereux, à faire buter de toute urgence». Coulou est bien dans la ligne de mire de ceux qu’il accuse.
Une entreprise de démolition qui prendra un autre ton suite aux élections législatives de 2020. Ici, dans les médias, un nouveau scandale est né. Il met au centre Coulou, le positionne comme celui qui ne peut, en aucun cas, prétendre lutter contre la corruption car, homme d’affaires de plus d’un demi-siècle au Mali, il aura profité du système. Pour ses détracteurs, Coulou fait du gré-à-gré pour ses affaires, une pratique qu’ils reconnaissent légale. Le but visé est de semer la confusion au sein de l’opinion publique et partant, de désavouer sa lutte.
Peine perdue ! Car, Coulou entend poursuivre son combat. Il croit dur comme fer que ce sont les 15 Généraux qui sont à la base de cette entreprise. Aussi, affirme-t-il «ce sont eux les généraux qui sont à la base de cette cabale. Mais, le problème n’est pas là, je leur dis encore : soit ils démissionnent de l’armée, soit ils se retirent du monde des affaires, ou bien ils vont devoir attendre les conséquences. A eux, le choix ! A bon entendeur. Salut !». Et, pour ce qui est de profiter du système, «Je leur dis d’aller se conformer à la loi, en déclarant la provenance de leurs biens à l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), on saura qui a profité du système. S’ils ne le font pas, je le ferai à leur place». Coulou sera bien inspiré, dans ce cas-là, d’apporter avec lui, la liste des cadres corrompus de l’administration.
Il est opportun que Mamadou Sinsy Coulibaly démontre au citoyen, qui se questionne sur sa stratégie de lutte contre la corruption au Mali, en quoi il est indomptable. Comme quoi le deuxième numéro du Café de la corruption promet. A bientôt !
Badji Diabaté
Source : Le Challenger