Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Le Burkina abandonnera-t-il le coton Monsanto?

OGM • Confrontés à la mauvaise qualité de la semence de  coton commercialisée par Monsanto, les paysans du Burkina Faso réduiront leurs superficies OGM. Ils attendent de nouvelles graines améliorées.

champ coton mali

Le journal Jeune Afrique avait annoncé début juin que l’Interprofession du coton burkinabè avait l’intention d’abandonner les cultures OGM de Monsanto. Deux mois plus tard, l’information est démentie. La nouvelle avait-elle été précipitée ou la multinationale étasunienne, qui pèse plus de 13 milliards de dollars, a-t-elle su convaincre les Burkinabè de changer d’avis? Quoi qu’il en soit, la filière coton a décidé de temporiser et de donner une nouvelle chance à Monsanto. La firme promet de livrer prochainement une semence de meilleure qualité et plus performante. En attendant, les superficies de coton bt, du nom de la fibre de Monsanto, diminueront au Burkina, a indiqué l’Association interprofessionnelle du coton au Burkina au magazine burkinabè Googol Farmer.
Une information confirmée sur place par Aline Zongo, coordinatrice de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (Copagen): «Nous pensions bien que Monsanto n’allait pas lâcher l’affaire aussi facilement. Des responsables de la filière coton m’ont toutefois déclaré qu’ils diminueront les quantités de fibre OGM produites.»

Pour la firme de biotechnologies, c’est un revers sérieux, le Burkina faisant office de tête de pont pour la pénétration des organismes génétiquement modifiés en Afrique de l’Ouest. Actuellement, plus de 70% du coton cultivé dans ce pays provient de semences OGM. Alors que les autres pays producteurs de la fibre dans la région n’ont pour l’instant pas suivi.
Adoptée en 2008 par le régime de l’ex-président Blaise Compaoré, la technologie n’a toutefois pas tenu ses promesses. Les rendements s’avèrent non seulement bien inférieurs aux objectifs initiaux, mais la fibre est surtout de moindre qualité que celle produite traditionnellement. A tel point que le coton burkinabè a été déclassé sur le marché international, occasionnant un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers de milliards de francs CFA par rapport aux projections faites au départ. Selon une source citée par Jeune Afrique, l’Interprofession du coton envisagerait de demander des dommages et intérêts à Monsanto.
La multinationale s’est défendue en invoquant les conditions climatiques particulières du pays ou le détournement par les paysans des engrais destinés au coton vers des cultures de maïs ou de sorgho. Elle promet de rectifier le tir toutefois en délivrant bientôt une semence améliorée.

Mais la qualité du produit n’est de loin pas le seul problème pour les ONG. Trop chères – près de 45 francs suisses à l’hectare contre 1,5 franc pour les graines conventionnelles –, les semences OGM ne seraient pas accessibles aux petits producteurs, qui se retrouveraient bien souvent évincés sur le marché au profit d’agriculteurs plus aisés. Inabordables également, les engrais et pesticides sont achetés à crédit. Il faut ensuite produire beaucoup pour rembourser les dettes. «C’est aussi une perte de souveraineté pour les producteurs. Si les semences, la base de toute vie, sont désormais contrôlées par des multinationales, va-t-on pouvoir se développer?» interroge Aline Zongo. Son organisation, la Copagen, craint aussi que le coton bt serve de faire-valoir à l’introduction de cultures OGM dans les produits alimentaires: «Des essais, conduits par des laboratoires burkinabè financés par Monsanto, sont actuellement en cours sur le maïs et le niébé (haricot, ndlr), la base de l’alimentation locale.»
Mais la société civile promet de ne pas laisser faire. Le changement politique en cours dans le pays s’avère plutôt favorable. Le début de la remise en cause des OGM au Burkina a été rendu possible par l’insurrection qui a balayé fin octobre dernier l’ex-président Blaise Compaoré au pouvoir sans partage pendant vingt-sept ans. «L’ouverture qui a suivi a été déterminante. Les gens commencent à parler librement. Notre travail de sensibilisation peut se déployer et commence à porter ses fruits. L’un des membres de notre organisation a été élu au Conseil national de transition (le nouvel organe législatif assurant l’intérim avant les élections prévues le 11 octobre prochain, ndlr).» Un regain démocratique peu arrangeant pour Monsanto. CHRISTOPHE KOESSLER

 

Source: 

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance