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Le bilan humain au Mali près de deux mois après le début de l’intervention française

MALI – Près de deux mois après le début de leur intervention, les armées régulières engagées au Mali concentrent désormais leur offensive autour de l’Adrar des Ifoghas, traquant les combattants islamistes dans les grottes de cette zone montagneuse du nord du pays.corps cadavre chef djihadiste islamiste

Après avoir stoppé la progression des islamistes vers le sud du Mali, les forces françaises et leurs alliés s’appliquent désormais à sécuriser les villes reprises aux rebelles, à débusquer les djihadistes repliés dans le nord et à juguler leur dispersion dans les pays frontaliers du Nord-Mali. Tout ça avant de passer peu à peu le relais à l’armée malienne et aux troupes ouest-africaines de la Cédéao.

Mardi 5 mars, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a indiqué sur RMC/BFMTV qu’une quinzaine de « terroristes » ont été tués dans la nuit, au cours de violents combats entre les forces françaises et tchadiennes d’un côté, et les combattants islamistes de l’autre.

Les islamistes, plusieurs centaines de morts

Difficile d’évaluer le nombre de djihadistes morts au combat depuis le 11 janvier. L’armée française ne dispose pas du nombre de « terroristes » tués depuis le début de l’engagement et n’a procédé à aucune capture ou arrestation, indiquait son état-major au HuffPost début février, trois semaines après le début de l’intervention.

Avant la guerre, le nombre de combattants membres de groupes armés alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali était estimé à plusieurs milliers d’hommes, entre 3.000 et 10.000 selon certaines sources. Selon des informations parcellaires, quelques centaines d’entre eux auraient été tués dans des combats ou bombardements au lendemain de l’ouverture du feu, notamment à Konna. Depuis quelques jours, plusieurs dizaines de combattants islamistes auraient également trouvé la mort dans le nord du pays.

Pour déterminer les morts adverses, « nous comptons le nombre de pick-up détruits et nous multiplions par le nombre de combattants qui s’y trouvaient probablement pour avoir une estimation à peu près crédible », a expliqué Laurent Fabius au Parisien il y a quelques semaines.

Seul chiffre précis avancé par l’armée française, qui préfère parler d’individus « neutralisés », les 25 morts dans les rangs islamistes après les combats à Gao entre le 26 janvier et le 28 janvier.

De son côté, l’armée tchadienne a indiqué ces derniers jours que les combats menés dans l’extrême nord du Mali ont fait 93 dans le camp des islamistes. Elle a par ailleurs indiqué avoir fait 8 prisonniers. Dimanche, une source militaire malienne indiquait qu’au moins 50 islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont été tués depuis vendredi 1er mars dans des combats avec des soldats maliens et français près de Gao.

Plus tôt, les autorités maliennes avaient affirmé le 12 janvier avoir fait « une centaine de morts » dans les rangs des combattants islamistes lors de la bataille de Konna. Et le 14 janvier, les témoignages d’habitants de Gao faisaient état d’une soixantaine de morts au cours de bombardements des forces françaises. Le 20 janvier, Ansar Dine reconnaissait la perte de huit « moujahidine ».

Les soldats français, trois morts

Les 4.000 soldats français déployés au Mali ne donnent pas beaucoup de travail aux deux antennes chirurgicales aérotransportables (ACA) qui les accompagnent.

Aux premières heures de l’opération « Serval », le lieutenant Damien Boiteux, 41 ans, du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales basé à Pau (Pyrénées-atlantiques),était mortellement blessé alors qu’il se trouve aux commandes de son hélicoptère dans la région de Sévaré (nord du Mali).

Plus d’un mois après, le sergent-chef Harold Vormezeele, 33 ans, légionnaire du 2e Régiment étranger de parachutistes de Calvi (Corse), est tué le 19 février lors d’un accrochage dans le massif de l’Adrar des Ifoghas à une cinquantaine de km au sud de Tessalit (nord-est).

Dernière perte française en date, la mort le 2 mars du caporal Cédric Charenton, 26 ans, du 1er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers (Ariège), tué « en montant à l’assaut d’une position ennemie avec sa section » dans le massif de l’Adrar des Ifoghas. Il s’agissait de « l’un des combats les plus violents » depuis le début de l’opération militaire française, selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Le nombre total de militaires français blessés au Mali n’est pas précisément chiffré. Les forces françaises totalisent actuellement 4.000 hommes, l’équivalent du nombre de militaires déployés en Afghanistan à son maximum en 2010. Contacté par Le HuffPost, l’état-major des armées indiquait début février qu’aucun soldat français n’avait été blessé depuis le 11 janvier. Quant aux deux hélicoptères que le groupe islamiste armé Ansar Dine (allié d’Aqmi dans le nord du Mali) disait avoir abattu, « aucun ne manque » dans les bases arrières de l’armée de l’air assurait l’état-major.

Les soldats tchadiens, au moins 26 morts

26 soldats tchadiens sont morts et 50 autres ont été blessés dans des affrontements avec les forces jihadistes le 22 février dans l’extrême nord-est du Mali. Ils ont été décorés à titre posthume par le président Idriss Deby, au cours d’une journée de deuil national.

Deux semaines plus tôt, le journal tchadien N’djamena-Matin affirmait que 24 soldats tchadiens avaient été tués et 11 autres blessés le 5 février à la suite d’une embuscade tendue par les jihadistes lors d’une patrouille au nord de Kidal. Une information que les autorités maliennes n’avaient pas confirmé.

Le Tchad, qui a déployé plus de 2.000 hommes au Mali, est en première ligne aux côtés de l’armée française.

Les soldats maliens, au moins 37 morts

La Direction de l’information et des relations publiques de l’Armée malienne (DIRPA) a indiqué fin février que 37 soldats maliens ont été tués et 138 blessés depuis le début de l’engagement aux côtés des troupes françaises.

Les autorités maliennes avaient fait état de onze morts et d’une soixantaine de blessés dans ses rangs après les combats autour de Konna le 10 janvier lors de la prise de la ville par 1200 combattants islamistes. Selon les témoignages d’habitants cités notamment par la correspondante de L’Express, 36 soldats maliens (58 selon une source militaire) ont été enterrés à Sama après la bataille de Konna.

Le 31 janvier et le 7 février, quatre et deux soldats maliens étaient tués dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule sur la route Douentza-Gao. À ces décès s’ajoutent ceux des militaires morts des suites de leurs blessures.

Par ailleurs, le groupe islamiste Ansar Dine affirmait le 20 janvier avoir tué 60 soldats maliens depuis le début de la contre-offensive. Une information non confirmée par les autorités maliennes. HRW accuse les groupes armés islamistes à Konna d’avoir « exécuté au moins sept soldats maliens, dont cinq étaient blessés ».

Au moins un soldat togolais

Le Chef d’Etat-major togolais, dont environ 500 hommes sont engagés au Mali, a indiqué début février q’un soldat a été tué et plusieurs autres blessés au Mali.

La mort du soldat serait survenu à la suite d’un accident de la route.

Un nombre indéterminé de civils tués

Outre les 9000 réfugiés qui ont fui le nord du Mali (380.000 depuis de début du conflit il y a un an, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies), de nombreux civils ont perdu la vie. Mais il demeure très difficile d’évaluer leur nombre.

« Il est absolument impératif, indiquait en janvier un porte-parole d’Amnesty, Gaëtan Mootoo, que la France et le Mali ouvrent une enquête » afin de déterminer qui a effectué l’attaque qui a visé la ville de Konna et aurait tué cinq civils au début de l’offensive (12 morts et 15 blessés selon le quotidien britannique The Independent qui attribue la frappe à l’armée française, entre 4 et 11 morts dont une mère et ses trois enfants selon l’Agence France Presse).

Selon l’ONG, des responsables français ont assuré qu’ils n’avaient « pas effectué » de frappe à Konna à l’heure avancée, le 11 janvier au matin. Aucune pertes civiles n’ont été « constatées » affirme l’état-major des armées françaises au HuffPost.

Amnesty International affirme par ailleurs avoir recueilli des témoignages indiquant que, le 10 janvier 2013, veille du début de l’intervention française, « l’armée malienne a arrêté et exécuté de manière extrajudiciaire plus d’une vingtaine de civils », principalement dans la ville de Sévaré. Là encore, « les autorités doivent ouvrir immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur tous les cas d’exécutions extrajudiciaires par les forces armées, et suspendre tout membre du personnel de sécurité soupçonné d’implication dans des violations des droits humains », estime l’ONG, qui s’inquiète également de « disparition forcées » dues à l’armée malienne.

Amnesty, dont le rapport a été rédigé à l’issue d’une enquête de dix jours dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabali, faisait également état d’ »allégations d’homicides arbitraires et délibérés » de la part de groupes islamistes armés, notamment d’exécutions de soldats capturés et de civils.

De son côté, dans un rapport publié jeudi 31 janvier, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a accusé l’armée malienne d’avoir « exécuté sommairement au moins 13 partisans présumés des islamistes » et avoir « fait disparaître » cinq autres hommes dans la ville-garnison de Sévaré et à Konna en janvier.

Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait recensé le 15 janvier dans les hôpitaux de Mopti et Gao (au centre du Mali) 86 personnes blessées lors des combats et bombardements, sans préciser s’il s’agissait de civils ou de militaires.

Le HuffPost  |  Publication: 05/03/2013 10:27

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