Pendant que tous les regards sont rivés sur la région de Kidal, les Maliens ne perdent pas de vue une évidence. C’est la bataille de la gouvernance perdue avant celle de Kidal. En atteste la colère du Fonds monétaire international (FMI) qui avait reporté sa mission de revue au Mali, qui était prévue le 15 mai. L’opacité qui entoure l’achat de l’avion présidentiel, le Boeing 737 et de matériels de guerre, est une raison de la colère de l’institution de Breton Wood.
Le résultat de ce report de la mission de revue, selon notre confrère Jeune Afrique de cette semaine, « tous les programmes d’appui budgétaire menés par la Banque mondiale, la France ou encore l’Union européenne sont aujourd’hui gelés. Le manque à gagner est considérable : plusieurs centaines de millions d’euros ».
Selon nos informations, le FMI a gelé déjà 3 milliards de FCFA, et 65 milliards de FCFA (100 millions d’euros) pour l’Union européenne. Le Mali d’Ibrahim Boubacar Kéita est aujourd’hui dans une mauvaise passe, et la raison profonde semble prendre racine dans la « mal gouvernance ». A la crise sécuritaire (exacerbé à partir de la visite de Mara à Kidal) qui a déclenché une crise politique à Bamako (changement du ministre de la Défense et du chef d’état major de l’Armée dans une confusion totale sur les responsabilités des uns et des autres), il y a lieu d’ajouter désormais la crise financière et sociale. Car le risque est grand à ce rythme que les travailleurs ne soient pas payés, si d’autres partenaires suivaient le FMI. Ce qui ne surprendrait guère.
Cette crise financière et sociale est d’autant probable que l’argent qui a servi à acheter l’avion présidentiel, proviendrait du Trésor public, contrairement aux allégations du Premier ministre Moussa Mara, devant l’Assemblée nationale lors de l’adoption de la déclaration de politique générale. « … l’avion du président de la République a été payé, non pas à partir d’un prêt fait à partir d’une syndication conduite par la BDM, mais bien sur les deniers de la nation… 14 milliards F CFA. C’est le montant qui aurait été prélevé sur le Trésor public pour payer l’avion présidentiel », selon notre confrère les Echos dans sa parution du vendredi.
Ainsi à la demande du Fonds monétaire international de remettre en place ce montant avant novembre, tous les budgets des départements ministériels, les budgets spéciaux d’investissement… ont subi des coupes sombres. « Le mardi dernier, le ministère des finances a abrité un arbitrage budgétaire qui a déterminé par département le niveau des montants à prélever. A la sortie de la réunion, certains avaient des mines d’enterrement », écrit le confrère (lire en page 2). Le Fonds monétaire international voudrait des explications et même un audit sur le marché de l’avion, savoir qui a payé, combien. Idem pour les marchés d’achat d’armements.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali