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L’attaque meurtrière dans une réserve naturelle au Niger renforce l’instabilité du Sahel

Huit personnes, dont six Français, ont été tuées, dimanche, au Niger, par un groupe armé encore non identifié. Le pays est régulièrement frappé par les groupes jihadistes opérant au Sahel, mais c’est la première fois que cette zone touristique, non loin de la capitale Niamey, est touchée.

 

Un tout-terrain carbonisé, criblé de balles, portières ouvertes. Autour, huit corps sans vie, vraisemblablement exécutés sommairement, dont ceux de six Français et d’un Nigérien membres de l’ONG Acted, et de leur guide, également nigérien. En quittant la capitale du Niger Niamey, dimanche 9 octobre, aucun ne se doutait des risques encourus en allant observer les dernières girafes peralta, établies dans la réserve de Kouré, à une heure de route au Sud-Est.

“On va tous à Kouré en sortie le week-end, parce que c’est très facile d’accès. Tout le monde y va, même les ambassadeurs, les diplomates, les professeurs, tout le monde ! Ce n’est pas du tout considéré comme dangereux comme zone”, explique à l’AFP un humanitaire occidental installé à Niamey. Avant l’attaque, le ministère français des Affaires étrangères maintenait d’ailleurs la zone en jaune, pour “vigilance renforcée”, et ne déconseillait donc pas de s’y rendre, contrairement à une grande partie du pays au nord et à l’ouest de la capitale.

Comme ses voisins burkinabè et malien, le Niger subit depuis 2015 la dégradation sécuritaire croissante frappant le Sahel, due à l’installation durable, principalement au Mali, d’une myriade de groupes jihadistes ou rebelles, de narcotrafiquants, et aux affrontements interethniques ou confessionnels récurrents. Le nord et l’ouest de la région de Tillabéri, dans la zone dite des “trois frontières” entre les trois pays, est habituellement la plus frappée, notamment par l’organisation État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), l’un des plus importants groupes terroristes opérant dans la zone. Lors de deux attaques en décembre 2019 et janvier 2020, 160 soldats nigériens avaient été tués dans la région par des hommes en pick-up et motos, ayant pris la fuite vers le Mali. Mais Niamey et toute la région au sud-est de la capitale étaient restées épargnées. Jusqu’à dimanche.

“Les regards se tournent naturellement vers l’organisation État islamique”

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Après le sommet de Pau, qui a réuni le 13 janvier 2020 le président français Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel (Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad et Mauritanie) et un accord pour poursuivre l’engagement de la France dans la région, à travers la force Barkhane, Paris a augmenté sa présence militaire de 4 500 à 5 100 soldats. Les frappes stratégiques se sont intensifiées, notamment contre les bases de l’EIGS, laissant espérer une “accalmie dans la région”, selon Tidjani Ibrahim Katiella, le gouverneur de Tillabéri. “La stratégie a été réinventée, et Barkhane a redimensionné sa force et sa stratégie. Des succès ont été engrangés. En faisant cette attaque à 70 km seulement de Niamey, les jihadistes ont voulu montrer qu’ils conservaient encore une capacité opérationnelle, car c’est loin de leurs bases, et que la menace est loin d’être éradiquée”, estime sur RFI Seidik Abba, essayiste et journaliste nigérien.

D’après les sources du journaliste de France 24 Wassim Nasr, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a nié son implication dans l’attaque de dimanche. Le modus operandi indique plutôt une action de l’EIGS, né en 2015 au Mali. Selon l’analyste de l’International Crisis Group Matthieu Pellerin, interrogé sur RFI, “les regards se tournent naturellement vers l’[organisation] État islamique”, affaibli par la traque de Barkhane et des drones américains positionnés à Agadez, dans le désert nigérien, mais toujours actif et prompt à réagir. Le chercheur dresse le constat d’un “encerclement progressif de Niamey depuis 2019, avec une progression des groupes jihadistes qui opèrent dans le nord et même le sud de Tillabéri, vers la frontière du Nigeria”. C’est dans le Nord-Est de ce dernier pays qu’opère Boko Haram, qui a déclaré allégeance à l’organisation État islamique en 2015 avant de devenir l’organisation État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) et d’être rallié en 2019 par l’EIGS.

Les violences jihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait au moins 4 000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU. La force militaire conjointe du G5 Sahel, lancée en 2017 sous l’auspice de la France, doit encore prouver son efficacité et ne semble pas en mesure d’endiguer la progression des groupes jihadistes vers le sud du Burkina Faso, le nord de la Côte d’Ivoire, le nord du Bénin, le sud du Mali et le nord-ouest du Nigeria, pris en étau entre Boko Haram et les groupes terroristes sahéliens, estime Matthieu Pellerin. “Cela indique que le modèle du G5 Sahel est déjà quelque peu dépassé. Et on voit bien, depuis le début de l’année, une intensification des opérations de pays d’Afrique de l’Ouest dans des zones considérées comme relativement épargnées. C’est préoccupant pour l’avenir.”

Source : france 24

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