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L’Armée française doit-elle quitter le Mali ?

La mort de treize soldats français au Mali doit-elle remettre en cause l’opération Barkhane, lancée il y a cinq ans par François Hollande pour combattre les djihadistes du Sahel ? Le moment de deuil et de recueillement provoqué par ce drame n’est sans doute pas le plus opportun pour ouvrir une polémique sur l’engagement français, comme a tenté de le faire Jean-Luc Mélenchon, aussitôt qualifié d’irresponsable par l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Il n’en reste pas moins nécessaire de dresser un bilan de l’action militaire conduite par la France et d’en évaluer aussi bien les succès que les échecs.


L’opération Barkhane, qui fait suite aux opérations Serval au Mali et Epervier au Tchad, est menée en partenariat avec les cinq Etats du Sahel – Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad – membres du G5 Sahel. Les militaires français, qui étaient 3.000 au commencement, sont aujourd’hui, depuis le début de 2018, au nombre de 4.500. Ils ont été d’abord accueillis avec reconnaissance par les gouvernements africains et acclamés avec chaleur par les populations de la région. Le temps passant, l’approbation est devenue moins unanime. Elle a même parfois tourné à l’hostilité des opinions locales alors même que les Etats concernés ne sont pas toujours au rendez-vous.

La présence française en Afrique est justifiée à la fois par l’histoire, qui a créé des liens entre les deux rives de la Méditerranée, même si ces liens résultent de la colonisation, et par l’intérêt stratégique de l’Europe, qui serait mise en danger si des Etats djihadistes s’installaient en terrain conquis dans cette partie du continent africain. Il n’est donc pas question de renoncer. La lourde perte que vient de subir l’armée française, la plus lourde depuis l’attentat de Beyrouth contre le Drakkar en 1983, ne doit pas changer le travail de fond mené au Sahel, indique-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. L’engagement français reste au cœur de la bataille.

« Sans une présence militaire, a déclaré le premier ministre, Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale, nous ne pouvons pas garantir le travail indispensable de stabilisation politique et économique ». Florence Parly, ministre des armées, l’a répété : « Nous combattons auprès de nos partenaires maliens, nigériens, burkinabés ». « Notre détermination à lutter contre le terrorisme au Sahel est intacte », a affirmé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. Mais cette détermination ne suffit pas, elle doit aussi s’appuyer sur un renforcement du dispositif mis en place dans la région, en collaboration avec les pays victimes du terrorisme islamiste, sans exclure des inflexions politiques ou militaires.

Ainsi Jean-Yves Le Drian demande-t-il « encore plus d’action politique ». Il précise : « Plus d’action politique au Mali pour que les engagements pris soient respectés et qu’il y ait une volonté commune affichée contre le terrorisme ». Et « plus d’action politique, plus de pression politique aussi au Burkina Faso, où il importe que les autorités puissent rassembler la nation contre les risques ». Enfin, « plus de politique aussi pour faire en sorte que la mise en oeuvre de la Force conjointe du G5 soit concrétisée ». Cet appel à l’unité lancé par le ministre français des affaires étrangères en dit long sur les difficultés de mener une action commune. « Cela avance, a-t-il souligné, mais cela met parfois un peu de temps ».

Quelle que soit la fermeté qu’elles ont choisi d’afficher, les autorités françaises devront tirer les leçons de la tragédie. « Un travail en profondeur sera demandé pour regarder les modalités de nos interventions », a déclaré le président de la République, ajoutant : « Toutes les options sont ouvertes ». Parmi ces options, il a bien sûr celle d’une aide de l’Union européenne. Pour le moment, les Français sont seuls, à l’exception d’une poignée d’aviateurs britanniques et de soldats estoniens. L’Europe de la défense reste à construire. Elle progresse pourtant. Plusieurs pays d’Europe viennent de donner leur accord pour une coalition de forces spéciales au Sahel baptisée Takuba. « Il est juste de partager le fardeau entre Européens », a déclaré le ministre tchèque des affaires étrangères, Tomas Petricek.

En attendant, il ne serait pas inutile de faire comprendre aux opinions publiques ce que font exactement les troupes françaises dans la région, comment s’articulent les différentes missions étrangères au Sahel, dont celle des Nations unies au Mali, et en quoi consiste vraiment la politique européenne sur le continent africain.

Source : boulevard-exterieur.com

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