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L’armée française accusée d’avoir bombardé un mariage au Mali : de quoi parle-t-on ?

ENQUÊTE – Ce mardi, un rapport de l’ONU met en cause l’armée française après un raid, qui au début du mois de janvier, a causé la mort de 22 personnes dans le village de Bounti au centre du Mali.

C’est une opération militaire qui met l’armée française dans l’embarras, après qu’elle a effectué une frappe aérienne sur le village malien de Bounti, le dimanche 3 janvier. Objectif de la mission ? Éliminer des djihadistes qui opèrent dans cette région du centre du Mali. Mais alors que l’état-major explique avoir pris pour cibles des djihadistes, rapidement, des associations locales affirment que les victimes de ce raid sont en fait des civils présents à un mariage qui ont été touchés.

Le rapport de l’ONU, publié ce mardi 30 mars, est sans équivoque : la division des droits de l’Homme de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), “est en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma.” Une conclusion aussitôt démentie par le ministère français des Armées qui émet “de nombreuses réserves”.

Retour sur cet événement controversé.

Deux versions s’opposent

En ce début d’année, l’armée française dit avoir effectué dans l’après-midi “une unique frappe” aérienne menée par des avions de chasse sur un rassemblement de djihadistes isolés et neutralisé plusieurs dizaines d’entre eux à l’ouest de Hombori, dans le centre du Mali. Une offensive qui, selon le communiqué de presse publié par l’état-major des Armées trois jours plus tard, s’appuie sur “une manœuvre de renseignement s’étalant sur plusieurs jours”. Pour les militaires français, ce groupe constitué d’une quarantaine d’hommes adultes est formellement identifié, il s’agit d’un “groupe armé terroriste” (GAT), selon l’expression consacrée de l’armée. Trois bombes sont lâchées et font 22 victimes.

Selon le rapport de Minusma, des 22 hommes tués ce jour-là, âgés de 23 à 71 ans, trois sont bien des membres présumés de la Katiba Serma. Mais la plupart d’entre eux se révèlent, selon la mission onusienne, des civils qui participaient à un mariage. Mariage qui faisait “suite à la cérémonie religieuse qui a eu lieu la veille, le 2 janvier 2021 au soir, à Gana” à 7 kilomètres de là. “La célébration a rassemblé environ une centaine de personnes, le 3 janvier 2021 entre 9h et 15h” puis les hommes ont fini par s’écarter du groupe “réparti par âge et affinités en sept groupes, espacés de quelques dizaines de mètres chacun“, détaille la Minusma.

Une zone trouble

Ces événements sont survenus à proximité du village de Bounti, “à plus d’un kilomètre au nord des premières habitations”, précise l’état-major français, dans une zone semi-arborée. Cette région de Douentza, au centre du Mali, est caractérisée par la présence et l’action de groupes armés terroristes. Situé, au flanc d’une colline, en zone aride, le hameau de Bounti est habité par plusieurs communautés : Peul, Rimaïbe et Bella, et dont la chefferie alterne tout à tour entre Peul et Rimaïbe.

La Katiba Serma dispose ici “d’emprises logistiques qui servent également à l’instruction, au maniement des armes et à la confection d’engins explosifs improvisés”, indique l’Armée qui a déjà payé un lourd tribut dans ce secteur. Entre le 28 décembre 2020 et le 2 janvier 2021, cinq soldats français de la force Barkhane y ont été tués par des engins explosifs improvisés, rappelle la Minusma dans son rapport.

Dans ses conclusions, celle-ci s’interroge sur la légalité de la frappe, et recommande notamment “d’enquêter sur les possibles violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et d’établir les différentes responsabilités”.  L’armée française, elle, réfute toute bavure. Dans un communiqué, elle considère que cette enquête “oppose des témoignages locaux non vérifiables et des hypothèses non étayées à une méthode de renseignement robuste des armées françaises, encadrée par les exigences du droit international humanitaire”. Et le ministère de conclure : “Dans ces conditions, le ministère des Armées estime que les allégations portées sur l’action de la force et sur son intégrité sont non fondées et maintient fermement sa version des faits”. 

Source: lci
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