Des Mig-21 hors d’usage et des hélicoptères cloués au sol sur la base aérienne, des engins obsolètes qui ne sont plus en état de voler depuis quelques années, le manque de pièces détachées et des ressources limitées . Tel est le spectacle qu’offre l’armée de l’air aujourd’hui. A l’occasion des 38 ans de l’armée de l’air, l’Etat-major se fixe de nouveaux défis afin d’équiper cette unité pour faire face à la défense de l’intégrité territoriale.
L’armée de l’air du Mali a 38 ans. L’évènement a été célébré jeudi sur la base 101 de Sénou, lieu qui abrite cette unité, un des fleurons de l’armée malienne tombé en désuétude depuis trois décennies. En dépit du manque d’avions de combat et de l’état obsolète de l’existant, les aviateurs maliens ont été au devant de la scène et ont été à l’origine de la libération de plusieurs localités du pays. Beaucoup d’entre eux ont péri au front. C’est en hommage à ses illustres combattants disparus que l’armée de l’air a placé la commémoration de cette année sous le signe : de la » reconnaissance aux aviateurs morts en mission « .
L’évènement placé sous la présidence du chef d’Etat-major de l’armée de l’air le Colonel-major Souleymane Bamba a réuni d’anciens chefs d’Etat-major, des gouverneurs et des hauts gradés de cette unité à la retraite ou affectés à d’autres structures.
Les aviateurs maliens ont rreçu les hommages de la hiérarchie pour leur engagement lors des évènements de janvier 2012 à travers des opérations de sauvetage de leurs camarades d’armes tant à Gao, Tessalit, Aguelhok et plus récemment lors de l’attaque de Konna.
Pendant cette période d’occupation, l’Armée de l’air a entrepris plusieurs actions à savoir participer à la défense des régions sous contrôle gouvernemental à travers des reconnaissances aériennes à partir de Sévaré mais aussi en mettant du personnel à la disposition des forces terrestres, recueillir et réorganiser ses structures du nord comme du sud afin de garder le contrôle de ses moyens, se doter d’un équipement moderne et performant à même de peser sur le déroulement des futures opérations.
Toutefois, une visite sur la base 101 de Sénou nous donne la juste mesure de l’état de détérioration du matériel. Des avions cloués au sol, certains par manque de pièces, d’autres très peu utilisés faute de carburant. Pire, des avions achetés à des prix exorbitants sont aujourd’hui hors d’usage faute d’entretien. La liste des défaillances techniques et du manque de volonté des décideurs est loin d’être exhaustive. Ce sont plus d’une centaine d’aviateurs maliens qui ont péri sur le front et lors des missions. Beaucoup d’autres ont été marqués à vie par des blessures suite à un accident d’avion. Le plus illustre d’entre eux est le Général de division feu Mamadou Coulibaly, non moins premier chef-d’Etat-major de l’armée de l’air.
Courant 2013, deux hélicoptères de l’armée malienne ont crashé en moins d’un mois prouvant les difficultés de gestion de la logistique de cette unité. Le 13 mars 2013, un hélicoptère malien a heurté à sa descente à Diabaly un pick up de la force Badenya tuant du coup un militaire. Quelques semaines après, soit le 12 avril 2013, un autre hélicoptère malien a crashé à une cinquantaine de kilomètres de Sévaré. Cinq pilotes maliens ont trouvé la mort.
La conférence débat qui a été organisée hier jeudi sur le parcours de cette unité fut l’occasion pour d’anciens responsables de dénoncer ses nombreux dysfonctionnements qui sont à l’image de ceux de l’armée malienne dans sa généralité : personnel peu suffisant et mal formé, absence d’équipements de qualité, relâchement dans la discipline, manque de cohésion. Bref, l’armée de l’air a été banalisée et abandonnée. Les participants ont réclamé des avions de chasse dignes de ce nom, des avions sanitaires, de transport, etc.
A l’Etat-major, on dit avoir pris bonne note des suggestions et des mesures sont en cours pour adapter l’armée de l’air à nos besoins. Des pilotes, des ingénieurs, des techniciens sont en formation en Algérie, en Russie et au Maroc. Plusieurs autres formations sont en cours et de nouveaux matériels seront acquis, déclare-t-on du côté des responsables.
Un monument a été dédié à la mémoire des aviateurs tués sur le front.
Abdoulaye Diarra
SOURCE: L’Indépendant