– Les raisons avancées n’étaient pas crédibles»
Ce sont les révélations faites par l’ancien Premier ministre de la Transition, Diango Cissoko, lors de la présentation du livre du célèbre journaliste de RFI, Christophe Boisbouvier, «Hollande l’Africain». Ce livre traite en partie de l’intervention française au Mali en 2013. Après avoir parcouru ce livre, lors de sa présentation Diango Cissoko a tenu à faire des clarifications sur cette opération française au Mali.
D’emblée, il s’est abstenu de commenter la lettre invitant la France à intervenir dans notre pays. Il s’est dit être sous une obligation de réserve, même s’il n’est plus Premier ministre.
Concernant la fixation de la date des élections, il a été on ne peut plus clair: «Ce n’est pas Monsieur Hollande qui a fixé la date des élections. Il a parlé après les Maliens. Le 29 janvier 2013, lorsque le Premier ministre présentait la Feuille de route à l’Assemblée nationale, après le Conseil des ministres qui s’était tenu 3 ou 4 jours avant, présidé par le Président de la République, la période des élections a été fixée. C’est cette période que nous avons décidé après.
Il n’y a pas eu des reports. Il y a eu un seul report. On aurait pu reporter pour donner satisfaction à certains, qui n’étaient pas prêts d’une manière ou d’une autre. Mais, lorsque l’on reporte une fois, on reporte deux fois, on reporte trois fois. Nous avons dit qu’il fallait en finir. Monsieur Hollande est intervenu de façon, je me permets de le dire, quelque peu maladroite. A propos de la date des élections, les responsabilités sont quelque peu partagées».
Concernant la situation à Kidal, il a déclaré avoir dit à la chaine de télévision France 2, lors d’une enquête, que l’armée malienne avait été empêchée par la France de prendre possession de Kidal. «J’ai dit qu’il faut qu’on explique cela aux Maliens. Les Français ne nous l’ont pas du tout expliqué. Ce qu’ils nous ont expliqué ne pouvait pas être présenté. Parce que ce n’était pas crédible», a-t-il déploré.
A sa suite, le Pr Aly Nouhoum Diallo a indiqué que la France avait perdu l’amour ressuscité pour elle dès lors qu’elle avait dit: «forces armées et de sécurité du Mali, arrêtez-vous à la frontière du cercle de Gao et de Kidal.
J’ai dit à plusieurs reprises à mes interlocuteurs de France, qu’ils soient des militaires de Barkhane, qu’ils soient des diplomates, que la France avait manqué d’élégance vis-à-vis du Mali. Parce que la France aussi était tombée en 1940, et, quand le débarquement de Normandie a eu lieu, je ne pense pas qu’il y avait un détachement de l’armée française avec le drapeau bleu – blanc – rouge. Malgré tout, les alliés ont eu l’élégance de laisser l’armée française entrer la première dans Paris.
Non seulement la France ne permet aux forces armées du Mali d’entrer les premières à Kidal, mais elle ne leur permet même pas d’y aller avec les forces armées françaises. J’ai dit à tous mes interlocuteurs que nous avions été choqués par cela.
En disant aux Tchadiens d’aller directement dans l’Adrar et en empêchant les Maliens d’aller à Kidal, cela supposait deux choses. Un, les Maliens n’ont pas le courage des Tchadiens. Ils n’auraient même pas pu faire face au Mnla. Donc, les Maliens manquent de courage. La deuxième suggestion qui choque: les Maliens sont des barbares. S’ils vont dans l’Adrar, ils vont se livrer à une vengeance sauvage et ils vont exterminer les Touareg».
Youssouf Diallo
Source : La Lettre du Peuple