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Lancement officiel des travaux de reconstruction du patrimoine détruit des régions du nord du Mali : Une nouvelle page s’ouvre désormais dans la vie des populations

Entre mars 2012 et janvier 2013, la destruction des sites de Tombouctou classés dans la liste du patrimoine mondial de l’humanité par les groupes armés avait suscité l’émoi de la communauté internationale. Le 2 février 2013, la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova et le président français, François Hollande, se sont rendus à Tombouctou pour confirmer l’engagement de l’organisation culturelle internationale à soutenir le Mali dans ses efforts de reconstruction de tout ce qui a été détruit. Chose promise, chose due. En effet, le ministre de la Culture, représentant le premier ministre empêché, a procédé au lancement officiel des travaux de reconstruction du patrimoine détruit des régions du nord du Mali, le vendredi 14 mars dernier, dans la salle de l’IHERI-AB.

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Il était accompagné pour la circonstance par son homologue de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du représentant de l’UNESCO au Mali et d’une forte délégation constituée des partenaires techniques et financiers.

 

 

C’est à 9h 10mn que l’avion militaire danois s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Tombouctou. Ici, un dispositif sécuritaire important était déployé. Après les salutations officielles, la délégation s’est rendue à l’institut des hautes études et  de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB), pour la cérémonie officielle, qui a été présidée par le ministre de la Culture, Bruno Maïga. Après le mot de bienvenue du maire de Tombouctou, les différents partenaires ont pris la parole. Tous ont réitéré leur soutien à l’Etat malien et placent ce geste d’accompagnement sous le signe de la réconciliation et de l’unité nationale. Ils se sont dits mobilisés et prêts à accompagner le Mali dans sa stratégie de reconstruction. Chacun dans son secteur promet le lancement des chantiers dans plusieurs domaines d’ici la fin de l’année. Le plus grand projet de reconstruction étant celui de la route Bamako-Tombouctou, un tronçon de près de 600km, dont les travaux débuteront au mois de mai prochain et s’étendront sur deux ans. Cette heureuse annonce a été faite par le représentant de l’Union européenne, Andrezj Bielecki.

 

Pour sa part, le ministre de la Culture a décrit la cérémonie comme un signe de reconnaissance de l’antique culture du pays.  » Le lancement des travaux ce matin ici à Tombouctou est le couronnement des efforts conjoints du gouvernement du Mali, de l’UNESCO et d’autres partenaires techniques et financiers pour sauvegarder le patrimoine culturel du Mali, en particulier celui du nord et du centre du pays. Le gouvernement malien par ma voie vous dit une fois de plus, merci, pour tout ce que vous faites pour le peuple malien  » a-t-il déclaré.

Après les différentes allocutions, il revenait à Lazare Eloundou Assomo,  représentant de l’UNESCO au Mali, de présenter la stratégie de sauvegarde du patrimoine culturel. Il a tout d’abord expliqué les raisons du début des travaux par la reconstruction des deux mausolées de la mosquée de Djingareyber.  » Cela permettra de mieux comprendre l’organisation du chantier, les relations de travail entre les maçons et les familles responsables.

Ce qui permettra également de planifier facilement la reconstruction du restant des mausolées  » a-t-il précisé. Avant de rappeler que ce projet de reconstruction, qui devrait durer un mois, a été financé par le Mali et l’UNESCO avec le concours d’Andorre, du Royaume de Bahreïn, de la Croatie, de l’ile Maurice et grâce au soutien logistique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Les raisons de l’exécution du projet par l’Unesco

Selon le représentant de l’Unesco au Mali,  le projet de réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens permettra de redynamiser l’économie culturelle locale à travers la création de l’emploi. D’autant plus que ces activités s’articulent autour de quatre composantes à savoir documenter la situation avant, pendant et après le conflit, l’analyser de façon pluridisciplinaire ; restaurer et reconstruire le patrimoine culturel, sauvegarder les manuscrits anciens et redynamiser le tissu socio-économique lié au secteur de la culture ; rétablir des conditions appropriées à la préservation, la conservation, l’entretien et la bonne gestion du patrimoine ; documenter toutes les actions et s’assurer de la capitalisation et la diffusion à grande échelle des résultats du projet entre autres… Il a précisé que la durée du projet s’étend sur quatre ans, pour un coût total de 11 336 258 USD. Pour la première phase qui prendra fin en 2015, il faut mobiliser 5 803 184 USD, dont 2 377 484 USD restent à mobiliser. La deuxième phase qui débutera en 2016 pour prendre fin en 2017 coûtera 5 847 500 USD.

 

 

L’occasion était bonne pour le ministre Maïga d’animer la conférence de presse afin de donner plus de précisions aux hommes de média. A cet effet, les explications ont été données sur les conditions de recrutement des maçons, les conditions de mobilisations des fonds et bien évidemment son usage. Sur ces deux points, le ministre Maïga a été on ne peut plus clair, en précisant que tout ce qui a été détruit dans les régions du nord sera reconstruit par les populations du Nord, car ce sont eux qui détiennent le savoir de tout ce patrimoine. En ce qui concerne la mobilisation des fonds, il précisera que la communauté internationale à travers l’UNESCO s’est mobilisée pour aider le Mali.

 

 

Après la conférence de presse, le ministre Maïga a procédé à la pose de la première brique de la reconstruction des mausolées de la mosquée de Djingareyber. Après cette étape, le cap a été mis sur le cimetière des 3 Saints où la délégation a constaté avec désolation les dommages causés par les terroristes.

 

Etant donné que l’évènement a eu lieu le vendredi, les membres de la délégation qui sont des musulmans ont eu l’opportunité de prier à la grande mosquée de Djingareyber avec l’imam Abdramane Ben Essayouti.

 

Un déjeuner a été offert aux membres de la délégation pour marquer la mission.

Nous y reviendrons…

Clarisse NJIKAM

 

Ils   ont dit

Moustapha Dicko, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

« Tombouctou représente le génie humain… »

Revenir à Tombouctou a une dimension intense. Je pense que c’est tout un symbole et je me réjouis d’être là. Tombouctou représente pour chaque homme civilisé de cette planète, quelque chose d’extrêmement fort, dans le sens du génie humain, quand on entre dans son histoire. Je suis donc très ému de me retrouver dans cette ville des 333 saints  pour assister au lancement officiel des travaux de reconstruction du patrimoine national qui en fait marque le retour du Mali dans le concert des nations et le départ de la reconstruction, de la réconciliation nationale et de la paix dans les esprits. Mon département est impliqué dans ce projet à travers l’institut des hautes études et recherches  islamique Ahmed Baba qui est très impliqué dans la conservation et l’exploitation des manuscrits. Ceux-ci sont des trésors importants non seulement de Tombouctou, mais de l’humanité tout entière. Nous travaillerons donc en collaboration avec le ministère de la culture et d’autres partenaires.

Abdramane Ben Essayouti, Imam de la mosquée de Djingareyber

 » Merci encore à la communauté internationale et à l’UNESCO… « 

Nous sommes très heureux que le Seigneur nous ait montré ce jour. Nous avons assisté à la destruction de ces patrimoines et aujourd’hui nous assistons à leur reconstruction et l’on ne peut que s’en réjouir. La population a accueilli avec beaucoup de joie cette initiative de l’Etat avec la communauté internationale et ses partenaires. Je veux citer l’UNESCO qui depuis les premières heures de ces destructions est à nos côtés. Ce geste sera à jamais gravé dans nos mémoires. Nous les rassurons d’être à leurs côtés. Les travaux seront faits par des maçons traditionnels locaux, ce qui est une première. Cette initiative a suscité beaucoup d’engouement autour de ce projet, car la tradition de Tombouctou a été respectée. Nous avons tourné la page sombre et ouvrons une nouvelle plus prometteuse.

 

Rantobeng William Mokou, Ambassadeur de l’Afrique du Sud au Mali

« Le gouvernement sud-africain est fortement impliqué dans ce projet… »

La cérémonie de ce matin est un message fort du Mali à la communauté internationale. Nous constatons tous ensemble que le Mali a retrouvé son territoire, et je me réjouis d’être à Tombouctou. Le Mali a retrouvé sa place dans le concert des nations. Le lancement de ces travaux est également un signe de retour de la paix et de l’unité nationale. Le gouvernement sud-africain à travers son ministère de la culture s’active, afin d’apporter sa contribution à la reconstruction de tout ce qui a été détruit. Nous avons déjà été impliqués dans la réhabilitation de l’institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, qui est d’ailleurs un joyau architectural offert par l’ex-président sud-africain Thabo Mbeky à l’époque du président Alpha Oumar Konaré. A l’époque, j’ai eu l’honneur d’assister à la cérémonie d’inauguration, en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire de l’Afrique du Sud au Mali avec résidence au Sénégal. Vous comprenez donc l’émotion qui m’anime ce matin d’être de retour dans cette ville.

 

Dr. Abdel Kader Haïdara, Président exécutif de l’ONG sauvegarde et valorisation des manuscrits (Savama-DCI)

 » Nous avons évacué les manuscrits et avons le devoir de les ramener… « 

La cérémonie de ce matin est signe d’espoir du retour de la paix et de la réconciliation nationale. Cette cérémonie donne le ton de la réhabilitation des mausolées, des bibliothèques. Bref, la reconstruction totale de tout ce qui a été détruit. C’est mon ONG qui était en charge de l’exfiltration des manuscrits, et nous avons la lourde responsabilité de les ramener. Mais avant le retour, il va falloir réhabiliter et reconstruire toutes ces bibliothèques qui ont été détruites et ensuite les mettre dans les bonnes conservations, mais surtout les numériser avant de les utiliser de nouveau. Et c’est à cette phase que nous sommes. D’ici peu de temps Inchallah, nous allons ramener les manuscrits à Tombouctou.

 

 

 

Issaka Timbely, Président de l’ordre des architectes du Mali

« Nous accompagnerons en conseils les maçons traditionnels… « 

C’est un grand jour pour moi d’être à Tombouctou après tout ce qui s’est passé. Revenir pour le lancement de reconstruction de tous ces patrimoines qui ont été saccagés par des personnes mal intentionnées est un message fort du gouvernement malien et tous ses partenaires. Pour moi, ça veut dire que nous allons effacer de nos mémoires toutes ces images sombres que nous avons vues pendant toute la durée de l’occupation de notre pays. L’ordre des architectes du Mali est impliqué dans cette reconstruction, de par ses membres. Depuis la destruction de ces patrimoines, les architectes se sont mobilisés et nous avons été parmi les premiers à être sur le terrain, afin d’évaluer les dégâts qui ont été causés. C’est ce travail que nous avons fait en amont qui a facilité l’évaluation générale de ce projet. Pour vous dire que nous jouons un rôle capital dans la reconstruction de ces patrimoines. Le recrutement de la main-d’œuvre est très simple, car ici, à Tombouctou, les maçons sont connus par famille. Notre rôle est de les accompagner, les conseiller dans les moyens de l’amélioration de la durabilité des monuments. Toute la main d’œuvre se trouve ici sur place, car ceux qui ont construit ce qui a été saccagé ont légué leur connaissance à leur progéniture. Ce sont donc ceux-là qui auront la charge de faire les travaux et nous les accompagnerons.

 

 

Dr. Abdel Kader Haïdara, Président exécutif de l’ONG sauvegarde et valorisation des manuscrits (Savama-DCI)

 » Nous avons évacué les manuscrits et avons le devoir de les ramener… « 

La cérémonie de ce matin est signe d’espoir du retour de la paix et de la réconciliation nationale. Cette cérémonie donne le ton de la réhabilitation des mausolées, des bibliothèques. Bref, la reconstruction totale de tout ce qui a été détruit. C’est mon ONG qui était en charge de l’exfiltration des manuscrits, et nous avons la lourde responsabilité de les ramener. Mais avant le retour, il va falloir réhabiliter et reconstruire toutes ces bibliothèques qui ont été détruites et ensuite les mettre dans les bonnes conservations, mais surtout les numériser avant de les utiliser de nouveau. Et c’est à cette phase que nous sommes. D’ici peu de temps Inchallah, nous allons ramener les manuscrits à Tombouctou.

 

Moussa Ag Mohamed, Président des communicateurs traditionnels de Tombouctou

 » Ce jour, nous l’avons longtemps attendu et la population par ma voie dit merci à tous les partenaires… « 

La population de Tombouctou est soulagée en voyant cette forte délégation. Deux ministres d’Etat,   la communauté internationale et les partenaires du Mali étaient là ce matin. C’est un message fort du retour de la paix, de la réconciliation et de l’unité nationale.  Après la destruction de ce patrimoine, nous sommes restés comme des personnes sans ressource. Avec le lancement de ces travaux, nous avons retrouvé nos valeurs. Merci encore et mille fois merci.

Rassemblées par Clarisse Njikam,   envoyée spéciale à Tombouctou.

SOURCE: L’Indépendant

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