Les négociations ont débuté mercredi 16 juillet à Alger entre le gouvernement malien et les représentants des séparatistes touaregs et arabes, pour tenter de mettre fin à des années de conflit armé.
Avant l’ouverture de ces négociations, les deux parties sont convenues d’échanger des prisonniers, dans un geste de bonne volonté prôné par l’Algérie.
« L’heure n’est pas à l’escalade, mais au calme », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra en prélude à ces pourparlers, estimant que l’échange de prisonniers sous médiation algérienne était une mesure qui permettrait d’établir la confiance entre toutes les parties.
Il a par ailleurs manifesté son espoir de voir les parties maliennes parvenir à « une solution équilibrée et durable, répondant aux aspirations de chacun ».
Une délégation gouvernementale conduite par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et les représentants de six groupes armés présents dans le Nord-Mali, parmi lesquels le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA), participent à ces négociations.
Des diplomates venus de Mauritanie, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres instances internationales assistent également à ces discussions.
En revanche, les groupes qui s’étaient alliés aux islamistes radicaux et avaient occupé le nord du Mali avant d’en être chassés par une intervention militaire internationale en janvier 2013 ont été exclus.
Dans son discours d’ouverture, le chef de la diplomatie malienne Diop a déclaré que le gouvernement de Bamako était « disposé à aller aussi loin qu’il le faudra, sans toutefois franchir certaines lignes rouges ». Il a précisé que ces lignes rouges étaient « le respect de l’intégrité territoriale du Mali, son unité nationale et la nature républicaine de l’Etat malien ».
Pour sa part, Bilel Ag Cherif, le représentant du MNLA, a expliqué que les mouvements présents dans le nord du Mali comptaient sur cette rencontre à Alger pour trouver une solution à la crise et restaurer la sécurité et la stabilité au Sahel.
Il a confirmé que son groupe avait renoncé à sa demande d’indépendance et d’autonomie, une position adoptée par trois des six mouvements participant à ces négociations.
Les participants à cette conférence ont mis en garde contre les risques qui menacent les pays du Sahel si le conflit malien devait se poursuivre.
Le chef de la délégation burkinabée, Thomas Balé, a déclaré que cette crise ne pouvait plus être résolue dans le cadre de la CEDEAO, soulignant que les récents affrontements entre combattants touaregs et forces régulières maliennes avaient porté un rude coup aux efforts de paix. Il a rappelé la nécessité de travailler avec toutes les parties et de rester à l’écoute de leurs préoccupations, afin qu’une solution finale puisse être trouvée.
Réactions maliennes aux pourparlers de paix à Alger
Pour leur part, les Maliens du nord comme du sud du pays ont exprimé de grands espoirs en faveur d’une solution à cette instabilité déjà ancienne.
« J’espère que la page des conflits armés avec les Touaregs et les Arabes du nord sera tournée, et que je pourrai travailler comme professeur à Tombouctou, Gao et Kidal sans craindre ni danger ni aliénation », a expliqué à Magharebia Soumaila Sonogo, enseignant à Bamako. « Nous sommes un seul peuple, et nous devons aujourd’hui surmonter nos différends historiques. »
« Les gens du nord doivent avoir conscience qu’ils font partie de l’Etat malien », poursuit-il. « Parallèlement, je demande aux autorités du gouvernement de leur faire sentir qu’elles répondront à certaines de leurs demandes et accorderont une plus grande attention à leur région ; nous en avons assez de ces conflits. »
Pour Abdel Karim Doucoura, un habitant de Bamako, ces négociations ne pourront « qu’être le début d’une solution », comme il l’a expliqué à Magharebia.
Mohamed Ag Ahmedu, porte-parole des jeunes Touaregs maliens réfugiés en Mauritanie, affirme quant à lui que « les groupes armés doivent se sentir rassurés les uns envers les autres pour permettre à l’Algérie de jouer son rôle en tant que médiatrice ».
« Je pense que ces négociations finiront cette fois par aboutir, parce que les groupes armés s’engagent dans un dialogue direct en dehors d’une position de force avec les hautes autorités de Bamako », ajoute-t-il.
magharebia.com