Lors d’une déclaration à la 2ème Conférence pour la Sécurité Internationale à Moscou, le ministre malien de la défense, le colonel Sadio Camara, qui représentait le gouvernement malien, a présenté la vision du gouvernement malien sur les enjeux stratégiques de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel ».
« Notre sous-région vit aujourd’hui sous une forte pression sécuritaire, liée à l’expansion des groupes terroristes, à la criminalité transnationale organisée, et aux tentations sécessionnistes de certains groupes, sur fond de crises de coexistence communautaire. Cette situation constitue un frein à l’émergence économique des pays concernés, car on le sait bien, il ne peut y avoir de développement sans sécurité », a indiqué Sadio Camara.
Poursuivant son discours, l’officier supérieur malien explique que « notre sous-région subit négativement les effets des incertitudes liées à la mutation en cours de l’ordre international, qui résulte du constat de la défaillance, voire de l’échec du système de gouvernance mondiale, issu de la deuxième guerre mondiale et réadapté après la fin de la guerre froide. Les rapports de force qui ont permis la consolidation de cet ordre apparaissent aujourd’hui dépassés ».
« En réaction à cette perte relative d’influence sur la scène globale, nous constatons la volonté de certaines grandes puissances de reconstituer une architecture géopolitique en blocs homogènes, schéma qui leur est certainement plus familier et plus rassurant », déclare le responsable malien. Il explique que dans ce contexte géopolitique mondial marqué par la montée des tensions, et où les puissances veulent faire prendre position à l’Afrique, le continent semble avoir jeté aux oubliettes les idéaux des pères de l’indépendance, d’une Afrique unie.
« Les dynamiques régionales en Afrique sont très sensibles aux évolutions du contexte international, alors que les pays africains n’ont que peu de capacité d’influer sur les grandes décisions. L’instrumentalisation, voire la manipulation des institutions sous régionales pour servir les intérêts de puissances extrarégionales constituent un défi stratégique majeur pour la construction de l’unité africaine », soutien Camara.
Le ministre malien estime que « les institutions africaines de gouvernance régionale sont alourdies par l’imposition de systèmes politiques importés, calqués sans effort d’adaptation à la culture, aux réalités et aux besoins des populations. Elles cherchent donc bien souvent à s’attirer la sympathie des grandes puissances au lieu de dépenser leurs ressources pour la préservation des intérêts des peuples africains ».
« Le Mali est bien placé pour dénoncer ces pratiques, car notre pays sort à peine d’un régime de sanctions injustes, illégales, illégitimes et inhumaines imposées par les Chefs d’État de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tous les peuples de la Communauté ont souffert de ces sanctions qui ne servaient que des agendas étrangers », a souligné le ministre de la défense.
« Nous assistons donc à une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, marquée par l’incohérence entre les politiques publiques et les aspirations des populations, dans un contexte de reproduction des rivalités par procuration. L’Afrique redevient, malgré elle, un terrain d’affrontement », soutien Camara.
Source: actucameroun