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L’Afrique peut compter sur le secteur privé européen pour développer les PME et les ODD sur le continent

Le continent africain est à l’aube de transformations majeures, au regard notamment de deux enjeux d’envergure. La nécessité, d’abord, d’ici à 2050 de nourrir et d’employer deux milliards et demi de personnes sur le continent, dans les zones urbanisées mais pas seulement. Par ailleurs, l’intégration au cœur de ce premier défi des problématiques de durabilité, à savoir anticiper les effets du changement climatique et limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Président d’Affectio Mutandi
Président de la Commission RSE & ODD du CIAN
Conseil Français des Investisseurs en Afrique

Pour négocier au mieux ce tournant, il est incontournable que les chaînes de valeurs, notamment agricoles, se développent sur le continent. Il est également indispensable que l’Afrique opère une transformation industrielle en repensant les moyens de production dans la perspective de la transition écologique.

Un Fair New Deal entre l’Europe et l’Afrique

Le challenge est de taille. Il doit réunir l’Afrique et l’Europe, tant les destins de ces continents sont intimement liés. Dans le cadre de ce développement commun, la définition de fondamentaux économiques, sociaux et environnementaux sains doit servir de base à un Fair New Deal entre les deux continents. En ce sens, le continent africain doit œuvrer en faveur de la bonne gestion des enjeux ESG et pour l’élaboration de stratégies d’impacts à l’aune des ODD.

Les premières mutations normatives sont nées, motivées par les exigences des sociétés civiles et la jeunesse, dont les attentes sont grandissantes sur ces sujets. Les ONG ont, de leur côté, un rôle déterminant à jouer en la matière, afin de flécher et de faire reconnaître l’engagement sociétal des acteurs économiques.

Les acteurs européens et occidentaux, conscients de la nécessité d’étoffer le volet réglementaire sur ces enjeux, ont pris de l’avance avec, notamment, la directive Devoir de vigilance qui concerne près de vingt-mille acteurs économiques et enjoint ces derniers à, entre autres, veiller et prévenir les atteintes graves en matière de droits humains et d’environnement générées par leurs activités et celles de leurs filiales et partenaires commerciaux locaux. L’implémentation de la taxonomie verte européenne porte quant à elle l’ambition d’étendre encore davantage les obligations de reporting extra-financier. Il s’agit d’une classification standardisée des activités économiques en faveur de la réalisation d’objectifs environnementaux. De son côté, le Parlement européen a décidé de la mise en place d’une taxe carbone à l’entrée du marché pour 2026. Le développement du cadre réglementaire autour des enjeux ESG et RSE impose donc une vigilance accrue aux entreprises concernées. Toutefois, les conséquences s’étendent au-delà même du strict périmètre de ces sociétés. En effet, les acteurs économiques qui souhaiteraient nouer des relations commerciales avec des entreprises européennes se doivent d’être responsables et de maitriser leurs impacts, au risque de se voir exclus du marché européen et de toutes relations commerciales avec ces acteurs sur quelque continent que ce soit.

Le « Label RSE-CNP »

À l’échelle du continent africain, la prise en compte de ces thématiques est croissante, en témoignent notamment le développement d’initiatives menées par les acteurs privés liés parfois aux obligations de leurs sociétés-mères. Les dynamiques de certaines organisations patronales du continent traduisent également ces avancées ; le patronat sénégalais a ainsi initié, au printemps dernier, le « Label RSE-CNP » dont l’objectif est de mettre en lumière les sociétés sénégalaises qui s’engagent en RSE. En Côte d’Ivoire, la CGECI œuvre en faveur de la sensibilisation du tissu entrepreneurial national, avec l’élaboration d’une boîte à outils RSE à destination des PME. Enfin, le patronat marocain s’est engagé sur ces sujets avec la création d’un label RSE exigeant. Dans d’autres États du continent, des réglementations RSE sont à l’étude comme au Gabon. La Tunisie a, quant à elle, adoptée une loi RSE dès 2018.

De son côté, l’OHADA s’engage dans l’intégration des enjeux de la RSE dans son droit positif. Depuis 2018 déjà, par l’intermédiaire du système comptable Ohada révisé (syscohada) et de la note 35 annexée, sont posés les fondamentaux d’un reporting extra-financier à l’échelle des États membres. D’aucuns appellent à ce que cette note soit rendue publique et constitue les fondamentaux d’un label panafricain. L’organisation poursuit ses travaux et réfléchit à la concrétisation de textes normatifs destinés à être intégré dans son droit positif, ainsi qu’à la mise en conformité de textes de lois et dispositions existants relatifs à enjeux. L’ambition de l’OHADA est de parvenir, à terme, à une harmonisation de ce cadre normatif entre les États membres.

Les attentes des investisseurs

L’intégration des problématiques ESG est étroitement liée à la transformation des chaînes de valeurs sur le continent, et ce à plusieurs égards. D’abord, les acteurs qui s’engagent afin de répondre aux attentes des investisseurs s’ouvrent la voie vers l’obtention de financements exigeants et à impacts. Cette recherche de conformité leur permet également de nouer des partenariats et d’accéder aux bonnes pratiques des acteurs s’inscrivant dans les règles de l’OCDE, de l’OIT ou encore de l’ONU. Enfin, l’intégration par les acteurs africains des enjeux RSE est particulièrement nécessaire à l’établissement de relations d’affaires avec les entreprises de l’Union européenne. En s’engageant sur ces thématiques, les acteurs africains contribueront à un développement économique équitable et équilibré, ainsi qu’à un développement social harmonieux et respectueux tout en assurant la tenue des promesses en termes d’inclusion et de développement durable.

Pour accélérer cette transformation, il est indispensable de flécher les investissements au cœur de schémas directeurs associant directement les différentes strates de la même chaîne de valeur. La mutualisation des due diligence ESG sur l’ensemble des briques de la chaîne de valeur est un autre vecteur à prendre en considération. Enfin, la création de clusters de confiance autour des PME partenaires des entreprises européennes permettant de « dérisquer » l’Afrique constitue également une piste à suivre en faveur du développement des chaînes de valeur sur le continent.

 

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