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L’Afrique du Sud en passe d’éradiquer le paludisme grâce au DDT

anti moustique

L’Afrique du Sud, moins exposée au paludisme que les pays tropicaux, estime être en passe d’éradiquer le paludisme d’ici 2018 au prix de la réintroduction en 2000 du DDT, un puissant insecticide polluant et dangereux pour la santé auquel les scientifiques cherchent des alternatives.

Frappé par une grave résurgence de la maladie en 1999-2000 avec treize fois plus de cas que dans les années 1970-80 et 460 décès, le pays a repris les pulvérisations controversées de DDT (dichloro-diphényl-trichloroéthane) dans les maisons pour traiter les moustiques, vecteur du paludisme.

Aujourd’hui “le pays se positionne avec succès vers une éradication de la maladie d’ici 2018”, se félicite un rapport gouvernemental présenté mercredi à Durban, où des experts du monde entier sont réunis jusqu’à vendredi.

Historiquement, l’Afrique du Sud était largement infestée et il avait fallu attendre 1945 et l’introduction du DDT pour assister à un spectaculaire recul du paludisme — également appelé malaria — qui reste endémique, quoique saisonnier, dans les trois provinces jouxtant le célèbre parc animalier du Kruger (nord-est).

Abandonné dans les années 1990, le DDT a repris du service, parallèlement à un effort pour généraliser les tests de diagnostic rapides, soigner les malades en 24 heures et enrayer les cas provenant des pays voisins.

En 2012, le nombre de décès est tombé à 70, le nombre de cas a été ramené à 6. 800 (contre 64. 500 douze ans auparavant) dont la majorité importés du Mozambique et du Zimbabwe, pays plus chauds et plus pauvres.

L’usage du DDT devait initialement cesser en 2010 mais les pulvérisations ont continué (1,8 million de structures traitées en 2012-13).

Chercher un produit alternatif

“On n’avait pas le choix, il fallait décider entre laisser les gens mourir de malaria ou reprendre l’utilisation du DDT”, explique à l’AFP la Professeure Riana Bornman, spécialiste à la faculté des sciences de Pretoria.

Les scientifiques sont unanimes sur le caractère toxique du DDT, interdit depuis les années 1970 dans de nombreux pays. Non biodégradable, il diffuse loin et longtemps dans la nature, et est associé à des cancers, à une baisse de fertilité masculine ou des atteintes neurologiques du foetus pendant la grossesse en raison de ses propriétés de perturbateur hormonal.

Son utilisation reste néanmoins autorisée “en quantité limitée et pour des besoins spécifiques”, selon Mme Bornman.

“Pour le moment on n’a pas d’alternative”, dit-elle. “Dans certaines zones, on peut utiliser la pyréthrine (un autre insecticide, ndlr) mais quand les moustiques développent des résistances, on doit revenir au DDT”.

Selon elle, “on a vraiment besoin d’un remue-méninge avec les industriels de la chimie pour s’attaquer aux problèmes de la recherche d’une alternative au DDT”. L’enjeu est aussi d’améliorer les méthodes d’épandage pour limiter l’exposition des habitants, “cela ferait une grande différence”, dit-elle.

“Nous ne sommes pas en train de dire que les gens devraient mourir du paludisme plutôt que d’utiliser le DDT, pas du tout”, renchérit son collègue toxicologue et endocrinologue le professeur Tiann De Jager.

“Ce qu’on a fait jusqu’à présent a été formidable pour réussir à contrôler le paludisme, c’était nécessaire et très efficace pour aider l’Afrique du Sud à parvenir à ce stade où l’on peut parler d’éradication. Mais on doit maintenant trouver des nouvelles méthodes”, dit-il.

“Ce n’est pas un pesticide qui va nous sauver du paludisme. C’est un ensemble. Les pulvérisations à l’intérieur des maisons ne suffisent pas”, dit-il. “Il faut aussi traiter les larves, regarder comment les gens vivent dehors, éduquer, faire la promotion de la santé. De meilleurs logements et l’eau courante permettent aussi de gagner la bataille contre le paludisme. Dans de nombreux cas, la malaria est un effet secondaire du faible statut économique et social d’une population”.

AFP

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