Difficile retour de l’administration ainsi les premiers éléments des forces armées du Mali, l’hostilité d’une partie des populations de Kidal, des affrontements inter ethniques sur la base de la couleur de la peau, la lenteur dans les opérations de désarmement et de cantonnement. La liste n’est pas exhaustive. Mais, les deux derniers événements à savoir l’accrochage de Léré, la découverte d’un véhicule bourré d’explosif aux environs d’Anefis destiné à frapper fort prouvent à suffisance que la situation à Kidal, en particulier, et dans les deux autres régions en général, est très loin d’être calme.
« Nous, nous sommes dans la logique de cet accord. Nous ne voulons pas nous lancer dans un conflit parce que nous voulons respecter notre parole. (…) Si les attaques se poursuivent, nous prendrons tous les risques sur les positions de l’armée », a prévenu Mahamadou Djeri Maïga sur l’AFP. Cette menace est venue en rajouter à la colère des militaires maliens.
Entre temps, les choses ont évolué. La tension est montée d’un cran. Et pour cause, hier, dans un communiqué publié par Alakhbar de la Mauritanie, e MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad et le HCUA (Haut Conseil pour l’Unicité de l’Azawad) menacent de passer à des actions offensives afin d’arrêter les comportements de nature terroristes de l’armée malienne contre nos populations à l’intérieur de l’Azawad. Le communiqué précise qu’une patrouille de l’armée malienne a attaqué une de leurs bases militaires située à Foyta près de la frontière avec la Mauritanie.
Les responsables de deux groupes prennent la communauté en témoin et demandent à cette dernière de prendre les dispositions urgentes allant dans le sens de préserver les acquis du processus de règlement pacifique en cours. Dans le cas contraire, ils se verront dans l’obligation de passer à des actions offensives afin d’arrêter les comportements de nature terroristes de l’armée malienne contre les populations à l’intérieur de l’Azawad.
Pourquoi tant de difficulté de faire la différence entre « bandits armés » et « combattants du MNLA »
Quand est-ce qu’on va finir avec les termes de « bandits armés » ou de « combattants du MNLA » ? A propos de l’accrochage de Léré, la semaine dernière, les divergences persistent.
Chacun tente d’apporter des éclaircissements. Mais, à l’analyse l’on se rend compte qu’il y a beaucoup de zones d’ombre. Selon les sources proches de l’armée malienne, c’est une des patrouilles de sécurisation qui est tombée mercredi sur « des bandits » vers Léré, conduisant à l’accrochage. Selon le lieutenant-colonel Souleymane Maïga, directeur de la DIRPA l’armée malienne n’avait pas en face des combattants du MNLA mais des bandits armés qui empêchaient les populations de vivre.
Du côté du MNLA, c’est un autre son de cloche. La version de l’armée malienne est réfutée. Le mouvement accuse l’armée de l’avoir attaqué dans la zone de Léré. Joint par l’AFP à Ouagadougou, vice-président de la rébellion touareg, Mahamadou Djeri Maïga a affirmé que plusieurs militaires maliens ont été tués et deux hommes du MNLA blessés, lors de l’accrochage. Qu’est-ce que l’armée malienne veut ? Pendant que c’est très clair pour le MNLA. L’armée malienne a attaqué leur position à Léré et les combattants qui s’y trouvent sont ceux du MNLA. Ce ne sont pas des bandits armés. Très clair comme de l’eau de roche.
Mahamadou Djeri Maïga est parti très loin en disant que les incidents de Léré font peser une menace sur l’accord signé en juin à Ouagadougou entre leur mouvement, un autre groupe touareg et le gouvernement de transition du Mali.
Les ingrédients d’affrontements imminents
Selon les observateurs les ingrédients d’affrontements entre les Forces armées du Mali et les éléments du MNLA sont entrain d’être réunis. Et pour cause, l’accrochage de Léré, la semaine dernière, la découverte d’un véhicule bourré d’explosif aux environs d’Anefis. Une information très sérieuse puisque le Jeudi dernier à Paris, l’état-major de l’armée française avait indiqué que lors d’une opération de contrôle, les soldats français ont découvert « un véhicule qui pouvait servir d’engin explosif » dans une localité entre Gao et Kidal. Le véhicule contenait près d’une tonne d’explosifs, il a été détruit par les Français. Ces deux faits, qui corroborent les inquiétudes des observateurs, sont entre autres indices qui, s’ils ne sont pas canalisés, peuvent mettre le feu aux poudres et annihiler le peu d’espoir de paix en cours depuis la signature de l’Accord de Ouagadougou. Avant ses deux récents événements, l’armée malienne avait haussé le ton à plusieurs reprises pour dénoncer la mauvaise volonté du MNLA en qui concerne la lenteur constatée au niveau des opérations de désarmement et de cantonnement de leurs combattants.
On se rappelle aussi des mouvements populaires organisés à Kidal pour dénoncer avec véhémence la présence à Kidal des éléments des forces armées du Mali. Sur le plan de l’administration, on se souvient également qu’elle s’est déployée à Kidal dans les conditions qui ne permettent pas le plein exercice d’une administration digne de ce nom.
Moussa Mamadou Bagayoko