La Zambie a décidé d’imposer une taxe sur les appels téléphoniques via internet pour protéger les entreprises de télécommunications classiques, une mesure aussitôt dénoncée par les défenseurs de la liberté d’expression.
Les services de téléphonie en ligne tels que Skype, WhatsApp et Viber « menacent l’industrie des télécommunications et l’emploi dans des compagnies telles que Zamtel, Airtel et MTN », a justifié lundi la porte-parole du gouvernement, Dora Siliya. « Le gouvernement a donc décidé d’introduire une taxe quotidienne de 30 ngwee (3 centimes d’euro) sur les appels téléphoniques via internet ».
Cette contribution sera collectée par les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d’accès à internet, selon le projet dévoilé par les autorités.
Cette annonce intervient après l’adoption en Ouganda d’une taxe très controversée sur l’utilisation des réseaux sociaux.
« C’est une attaque délibérée contre la liberté d’expression et d’association », a déploré le responsable de l’ONG Bloggers de Zambie, Richard Mulonga, « un nouvel exemple du plan ourdi par l’Etat pour restreindre la liberté sur le web ».
« Ces gens continuent à restreindre nos libertés », a renchéri le militant des droits de l’Homme, Brebner Changala.
Depuis sa réélection en 2016, le président Edgar Lungu est régulièrement accusé par ses adversaires politiques de dérive autoritaire. Il a essuyé de vives critiques l’an dernier en faisant emprisonner son principal rival, Hakainde Hichilema.
Le mois dernier, son ministre de la Communication, Brian Mushimba, avait annoncé son intention de réguler internet et les réseaux sociaux, accusé de favoriser la déliquescence des « normes culturelles » de la société.
La Zambie est un bastion conservateur d’Afrique australe.
M. Mushimba a justifié lundi la taxe sur les appels téléphoniques pour des raisons purement économiques.
« Nous ne croyons pas à la répression des médias, nous croyons à la liberté d’expression. Cette décision n’est qu’économique car nous perdons de l’argent. Si Skype et WhatsApp gagnent de l’argent, pourquoi pas nous ? « , s’est interrogé le ministre auprès de l’AFP.