Les autorités de la transition, pour n’avoir pas tenu leur promesse d’organiser les élections pouvant mettre fin à la transition, sont en train de plonger le Mali dans une crise politique énorme aux conséquences incommensurables. Le pays du colonel Assimi Goita entre véritablement dans une zone de turbulence après quatre longues années d’accalmie. Et pourtant ce scénario ubuesque pouvait être évité si l’on avait impliqué une large partie de la classe politique et de la société civile dans toutes les prises de décision et surtout si un large consensus avait été dégagé autour des questions fondamentales. Au lieu d’une telle posture, les autorités maliennes ont toujours agi de façon unilatérale, ignorant les forces vives de la Nation. Nous ^pouvons affirmer sans ambages que les autorités sont en train de payer cash leur attitude unilatérale et méprisante. En effet, le report sine die sans aucune consultation au préalable et cela à une date ultérieure encore inconnue, de l’élection présidentielle en est la parfaite illustration. Le vin est désormais tiré il faut alors le boire. Face à ce qu’il conviendrait d’appeler désormais la crise de confiance, entre les autorités de la transition et une partie de la classe politique, pour ne pas dire l’impasse, la réponse des gouvernants doit être un compromis dynamique pour éviter un enlisement de la crise aux conséquences gravissimes. Il ne doit avoir ni intimidation, ni menace encore moins répression contre des éventuels manifestants et surtout pas d’emprisonnement des leaders de la Synergie d’action pour le Mali. Il serait opportun d’engager un dialogue avec les opposants afin d’aboutir à un schéma consensuel.
La déclaration de la synergie d’action pour le Mali tombera-t-elle dans l’oreille des sourds ? Le Président de la transition, seul capitaine à bord du Bateau-Mali, saura-t-il lire entre les lignes ?
Le Président de la transition qui est incontestablement le seul maître à bord du bateau Mali doit avoir les recettes nécessaires pour établir le pont d’un dialogue fécond sans condition entre les autorités et les membres de la synergie d’action pour le Mali afin de désamorcer la crise. Il a tout à gagner en prenant langue avec les leaders de la synergie pour éviter que la crise politico-institutionnelle ne s’envenime au point de dégénérer en conflit ouvert entre la classer politique et les autorités. Il est à parier que certains laudateurs et autres opportunistes du régime chercheraient à discréditer le mouvement en gestation en le réduisant à sa plus simple expression. Le Président de la transition ne doit nullement céder au son de sirène des zélateurs car la délicate situation socioéconomique, voire sécuritaire suffit comme argument pour drainer une foule compacte dans la rue. Tout discours tendant à peindre en blanc ou rose la situation serait démagogique et hypocrite. Le Colonel Assimi Goita a la solution entre ses mains et il doit parer au plus pressé pour éteindre l’incendie. Le dialogue inter maliens aurait dû être ce cadre idoine pour rassembler les maliens, mais là également l’on est passé à côté de la plaque car une frange importante des forces vives de la Nation n’y participera pas.
Ces formations qui composent la synergie d’action pour le Mali pourront-elles mobiliser les maliens autour de leur objectif ?
Fort de sa popularité, qui, il faut le rappeler, est en chute libre, le Président de la transition pourrait vouloir minimiser cette nouvelle plateforme politique, qui certes est composée des partis pas assez représentatif sur l’échiquier politique, mais qui peut rassembler autour des thématiques bien connues et qui intéressent le grand public. L’histoire très récente du Mali nous enseigne que le M5 RFP qui est arrivé à bout du régime IBK était également un mouvement hétéroclite, composé des blasés du régime, au départ, mais qui a fini par être un vaste mouvement par le fait des thèmes rassembleurs. Aujourd’hui, au-delà de la formation politique ou des leaders, les sujets qui fâchent et en même temps qui rassemblent sont nombreux. Rien que la crise énergétique, l’insécurité grandissante et la crise socioéconomique, les sujets de préoccupation ne manquent pas. Donc il revient au Président de la transition d’avoir une grille de lecture beaucoup plus fine et intelligente pour circonscrire la crise avant qu’elle ne prenne une autre dimension aux conséquences gravissimes.
En somme, la déclaration, au-delà de sa virulence, est sans nul doute une main que la Synergie d’action pour le Mali vient de tendre au Président de la transition pour une résolution à l’amiable de la crise politique, toute autre lecture serait maladroite et pleine de conséquences.
Youssouf Sissoko