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La social-démocratie : quand le socialisme se meurt.

Lors d’une conférence de presse, le 14 janvier 2014, le Président de la République française, François HOLLANDE, admet finalement qu’il est social-démocrate.  Un tel aveu de la part du leader du parti socialiste français, bien après son élection, suscite de bon droit beaucoup d’inquiétudes chez ses électeurs mais, jette du coup une lumière sur l’action du gouvernement.

 

Mahamadou Konate cheurcheur

 

 

Mais qu’est-ce que c’est que la social-démocratie ? Est-ce du socialisme ? Est-ce un aveu qu’il n’y a plus d’alternative aux crises du capitalisme ? La gauche est-elle en train de disparaitre?

Présentation de la Social-démocratie

Cela remontrait à 1971 la dernière fois où le parti socialiste français avait pour ambition de rompre avec le capitalisme[1]. Depuis 1983, les reformes engagées successivement par ses dirigeants le placèrent dans la tradition social-démocrate européenne[2].

Cette  dernière repose depuis la fin de la seconde guerre mondiale sur la reconnaissance de l’économie de marché, le compromis social ou la négociation entre partenaires sociaux pour la redistribution des profits[3], « qu’il est désormais hors de question, pour eux, de porter atteinte à la propriété capitaliste de l’économie, mais simplement d’en atténuer les effets délétères excessifs… »[4].

Pour Romaric GODIN, la social-démocratie a connu trois grandes phases en Europe, qui, l’une après l’autre,  ont toutes montré leurs limites : la première est dite réformiste parce qu’elle a rejeté la volonté révolutionnaire des partis communistes pour s’inscrire  dans une politique de reforme du capitalisme. Ce fut en 1919 le cas de la SPD allemande ; La deuxième est dite keynésienne car, après la seconde guerre mondiale, elle a consisté plutôt à rendre le capitalisme favorable aux masses par une politique de soutien à la demande. Ce fut en 1947 le cas du PSDI italien et en 1959 celui de la SPD allemande ; La troisième phase est celle de la « politique de l’offre » car, depuis 1970, elle vise à agir sur l’offre pour relancer la croissance économique[5].                   .

C’est cette dernière qu’a adoptée François HOLLANDE, lorsqu’il affirma pendant sa conférence de presse : « Le temps est venu de régler le principal problème de la France : sa production (…) C’est donc sur l’offre qu’il faut agir. Sur l’offre ! Ce n’est pas contradictoire avec la demande. L’offre crée même la demande ».

Michel SANTI trouve que cette reconversion de François Hollande est une «haute trahison des idéaux de la gauche » et un arrimage aux thèses de Jean-Baptiste Say selon qui, seules l’offre et la production stimulent la croissance[6].                                 C’est une méconnaissance, selon Keynes, des causes des crises économiques contemporaines marquées «non pas par un freinage de l’offre mais par une insuffisance de la demande»[7]. Ce qui pousse souvent les banques à différer la crise par une politique de prêts à tous azimuts.                          .                                                                                 La crise récente du capitalisme est une crise structurelle ou systémique dont la Grèce et l’Espagne ont fait les frais sous le coup des politiques d’austérité économiques.

La Social-démocratie et le dépérissement de la gauche européenne

La gauche n’a pourtant en Europe aucune alternative crédible. Elle est abandonee par son aîle réformiste, social-démocrate ou social-libérale, au profit d’un accompagnement du libéralisme économique, et  son aîle socialiste qui se contente de révendiquer un programme de mesures anti-libérales dans un certain nombre de domaines tels que, le travail, la fiscalité, le financement public[8] etc..                   ..                            Selon Marco CARBOCCI, lorsque la gauche se contente de reviser le libéralisme elle abdique de ses fondements historiques. Elle devrait chercher à lui substituer un projet de société communiste  en quête d’un bien-être collectif, condition naturelle pour l’établissement de toute société viable[9].

La chine et le Vénézuéla ont fait de choix bien particuliers, qui peuvent se résumer à la coexistence de la propriété collective et de la propriété privée et un contrôle total de l’Etat socialiste, au nom de la justice sociale, sur le fonctionnement du marché.

En Chine, la ville de Chongqing fait cas d’école où l’économie de marché s’appuie sur les bénéfices des entreprises publiques[10]. En fait, selon Cui ZHUYAN, ces bénéfices récoltés ont permis au gouvernement municipal de réduire le taux d’imposition des entreprises privées et des individus qui ont par ailleurs vu leurs revenus multipliés pour stimuler le marché intérieur[11].                         .                                                                                               Au Vénézuéla, le socialisme du XXIème siècle de Hugo Chavez a permis de reduire en l’espace de 10 ans le taux de pauvreté de moitié dans son pays et d’élever le niveau de vie général de ses concitoyens[12]. Mais les conditions socio-économiques de ces deux pays ne sont pas celles de l’Europe ou plus particulièrement de la France. Celle-ci devra peut-être réinventer  son propre socialisme.

En attendant, sous l’élan de son Pacte de Responsabilité, François Hollande veut rajouter « 10 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales aux 20 milliards du crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE) aux entreprises à l’horizon 2017 »[13].  C’est pourquoi, pense Gérard Grunberg, François Hollande pourrait être considéré comme«le President des entreprises», en d’autres termes le promoteur du libéralisme[14].

 

Mahamadou KONATE

Chercheur

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