Les pourparlers inter-maliens d’Alger vont surement prendre une autre tournure avec ce rebondissement ahurissant. Le MNLA vient de revenir à son premier amour, l’autodétermination.
C’est à l’issue du 4ème congrès ordinaire de son « Conseil Révolutionnaire », tenu du 06 au 09 Septembre 2014 à Kidal, que le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) a réaffirmé son attachement à l’«autodétermination» de son « peuple ».
« La revendication du peuple de l’Azawad demeure légitime, légale et juste, à ce titre le Conseil Révolutionnaire reste à jamais attaché aux aspirations si noble de ce peuple à savoir son autodétermination », peut-on lire dans le communiqué sanctionnant le Congrès.
A la lumière des points à l’ordre du jour du congrès, il est aisé de comprendre que le mouvement séparatiste tenait délibérément à mettre en cause tous ses engagements reconnaissant l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. En effet, ce 4e Congrès avait clairement pour objectif d’adopter « une nouvelle stratégie conformément aux évolutions actuelles ».
Devons-nous comprendre par ceci que le MNLA a décidé de ne plus respecter les engagements antérieurs ?
On se rappelle, au début de la seconde phase des pourparlers d’Alger, la coalition des groupes armés radicaux (MNLA-HCUA-MAA dissident) a remué ciel et terre pour que le gouvernement entame au préalable des discussions sur le « statut de l’Azawad » avant toute entrée en matière. Même les auditions de la société civile malienne (divisée pour les besoins des négociations en société civile des groupes armés et société civile du gouvernement) n’étaient prioritaires de son point de vue.
On a également remarqué une tentative du mouvement d’intrusion d’autres acteurs extérieurs aux pourparlers, notamment le roi marocain, Mohamed VI.
Le MNLA est bel et bien dans une dynamique rétrograde. La preuve, dans le même communiqué, le mouvement rebelle « rappellent à la Communauté Internationale et toutes les parties associées portées garantes des négociations entre l’Azawad et le Mali, que toutes les solutions superficielles ont déjà fait leur preuve ».
Pour décrypter cette annonce, il suffit de se référer aux nouvelles prétentions du MNLA à Alger. Ce groupe armé qui a ouvert les hostilités en 2012 et plongé le Mali dans une guerre sans précédent, fait dépendre le retour de la paix à l’indépendance du nord du Mali.
Assy Walet Icha est présidente de l’Association des femmes de l’Azawad, une organisation proche du MNLA. Ce qu’elle déclare au Républicain ne laisse aucun doute sur les ambitions nouvelles du MNLA
« La paix est incontournable, mais passe par l’indépendance », a-t-elle confié au journal.
Faut-il comprendre que sans l’indépendance, le MNLA jure une déstabilisation continue du nord du Mali ?
Les menaces de Assy Walet Icha sont à prendre au sérieux quand on sait qu’elle est une pièce maîtresse du MNLA sur le terrain. C’est elle le cerveau manipulateur des femmes et enfants de Kidal. C’est elle qui les pousse à des pseudo-manifestations à chaque fois que le MNLA en ressent la nécessité pour faire monter les enchères entre lui et Bamako.