Priant, parfois en larmes, quelque 2 millions de fidèles étaient stationnés vendredi sur le Mont Arafat pour le moment fort du pèlerinage à La Mecque, le plus grand rassemblement annuel musulman au monde.
“Je suis comme un nouveau-né, sans aucun péché”, explique les larmes aux yeux Taofik Odunewu, un Nigérian, peu après son arrivée sur le Mont Arafat.
Ce pèlerin, dont le pays est endeuillé par une vague de violences attribuée au groupe islamiste extrémiste Boko Haram, dit “prier pour la prospérité (…), pour mon pays”.
Vêtu de deux pièces de tissu blanc non cousues, symbole d’un état de pureté et d’égalité entre les pèlerins, Taofik Odunewu est “heureux” d’avoir eu l’occasion d’effectuer le hajj.
“O Dieu me voilà répondant à ton appel”, répétaient en ch?ur les pèlerins qui, en bus, en train ou à pied, avaient parcouru lentement les quelque 6 km séparant le Mont Arafat de la vallée de Mina, où le pèlerinage a commencé jeudi par une journée de prières.
Les fidèles ont commencé dès jeudi soir à affluer vers le Mont Arafat, également appelé “Jebal al-Rahma” (Mont de la Miséricorde), symbole de l’attente du jour du Jugement dernier.
Certains se déplaçaient avec leurs valises et autres effets personnels, les plus âgés dans des chaises roulantes, avant de passer la journée sous des tentes blanches, à l’abri d’un soleil de plomb.
De nombreux pèlerins ont cependant dressé leurs propres tentes, certains se créant des abris sommaires avec des sacs poubelle colorés, d’autres étalant des matelas à même le sol.
Assis en compagnie de sa femme sous l’une de ces tentes de fortune, Mohamed Ahmed, un Egyptien de 53 ans, dit prier “pour la victoire des musulmans, pour ceux qui sont malades et opprimés”.
Des fidèles se pressaient pour tenter d’atteindre le sommet de Jebal al-Rahma, un monticule rocailleux d’à peine 60 mètres d’altitude qui domine la plaine d’Arafat.
– ‘Ne vous arrêtez pas’ –
Certains pèlerins priaient et pleuraient. D’autres, assis en contrebas, récitaient des sourates du Coran. Les plus fatigués se reposaient sur des nattes.
“Des fidèles se croient dans l’obligation d’escalader (le monticule) bien que cela ne soit pas nécessaire. Mais les choses vont bien”, dit Ali al-Shemmari, l’un des soldats en charge de la sécurité.
Les forces de sécurité, déployées en grand nombre sur la plaine d’Arafat, organisaient le flux des pèlerins. “Prenez cette voie, hajjis. Ne vous arrêtez pas, vous bloquez la circulation”, répétaient par haut-parleur des policiers.
Les autorités saoudiennes, qui ont mobilisé 85.000 agents de sécurité, affirment que le hajj se déroule sans incident parmi les pèlerins, dont près de 1,4 million venus de l’étranger, selon la presse.
Selon la télévision d’Etat El-Ikhbariya, les autorités ont refoulé plus de 253.000 personnes voulant se rendre à La Mecque sans permis pour le hajj.
Le pèlerinage, dont les rites se terminent la semaine prochaine, est entouré de strictes mesures destinées à protéger les pèlerins de deux virus mortels, la fièvre Ebola et le coronavirus MERS, qui a fait plus de 300 morts en Arabie saoudite.
La Mecque: les fidèles prient sur le Mont Arafat, moment fort du HajjIl s’effectue aussi dans un contexte tendu au Moyen-Orient avec le conflit contre les jihadistes du groupe extrémiste Etat islamique (EI), connus pour leurs brutalités commises au nom de l’islam.
Vendredi, les fidèles ont participé à la mi-journée à une prière collective à la mosquée Namera, bâtie sur le site où le prophète Mahomet a, selon la tradition, prononcé son dernier prêche il y a plus de 14 siècles.
Au coucher du soleil, ils devaient mettre le cap sur la vallée de Mouzdalifa, à quelques kilomètres de là, pour y passer la nuit.
Ils y ramasseront des cailloux en prévision du rituel de lapidation de Satan dans la vallée de Mina, samedi au premier jour de l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice.