La Bourse régionale d’Afrique de l’Ouest a choisi Paris pour sa première rencontre avec des investisseurs occidentaux, et l’objectif de son directeur général, 2020, est “que d’ici 2020” elle “soit le reflet de l’économie régionale”.
Il souhaite également que la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières) réussisse “à faire la fusion entre le petit épargnant et l’investisseur international”.
Basée en Côte d’Ivoire, la BRVM a été créé en 1998 et regroupe 8 pays d’Afrique francophone: Bénin, Burkina Fasso, Guinée Bisseau, Mali, Niger, Sénégal, Togo et Côte d’Ivoire. Elle compte 37 sociétés cotées, dont par exemple Sonatel, filiale de Orange ou la brasserie Solibra.
Q: Quel est votre objectif en organisant pour la première fois une rencontre avec des investisseurs occidentaux à Paris ?
R: Nous visons toutes les catégories d’investisseurs aussi bien locaux que régionaux ou internationaux. Nous avons déjà organisé des manifestations dans tous les pays de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), mais nous voulions aussi rencontrer des investisseurs internationaux.
Ces derniers représentent déjà 55% du volume des transactions à la BRVM. Les fonds utilisant des courtiers américains dominent, suivis par ceux d’Afrique du Sud puis par les Britanniques.
Mais malheureusement, côté européen, hormis les investisseurs basés à Londres, les autres sont très peu représentés, notamment en France.
Nous ne nous sommes peut-être pas assez déplacés pour les rencontrer et répondre à leurs préoccupations sur notre environnement macroéconomique et politique.
En commençant par Paris, nous avions à l’esprit les relations historiques avec la France, et comme le franc CFA est arrimé à l’euro, il est quand même logique que la France et les pays de la zone euro occupent une place dynamique.
Nous comptons nous rendre aussi à Londres en avril prochain, puis en septembre à New York, car nous voulons que le positionnement de BRVM soit mondial, avec les mêmes standards que les places étrangères.
Q: Quels sont vos principaux défis aujourd’hui?
R: Il nous faut plus de sociétés cotées, pour avoir plus de volumes et plus de titres. Nous avons actuellement 37 entreprises cotées pour huit pays.
Notre chantier d’intégration est déjà bien avancé et nous avons une monnaie commune qui nous impose une discipline et qui constitue pour moi surtout un atout.
Il faut également que les acteurs de nos marchés atteignent un niveau professionnel comparable aux courtiers internationaux et fournissent la même qualité de service.
Nous nous donnons encore 5 à 6 ans pour que notre Bourse atteigne une taille significative. Il faut que d’ici 2020 la Bourse d’Afrique de l’Ouest soit le reflet de l’économie régionale.
Q: Quelle place réservez-vous au petit épargnant et la Bourse constitue-t-elle pour lui le placement le plus rentable ?
Il faut réussir à faire la fusion entre le petit épargnant et l’investisseur international. Le petit épargnant ne va pas investir directement, il va utiliser des OPCVM (organismes de placement collectif permettant de déléguer la gestion des fonds que l’on veut placer à un professionnel, ndlr).
Il faut qu’ils soient fédérés dans un véhicule commun et nous travaillons à rendre les OPCVM attractifs.
Il faut aussi que nous mettions en place une base de petits investisseurs susceptibles de se mettre en face d’investisseurs qui voudraient des blocs de titres.
Ces deux piliers sont importants pour se développer.
Pour un petit épargnant qui veut un niveau de rentabilité élevé et de la souplesse, il vaut mieux qu’il aille sur un produit de marché. Un terrain lui rapportera peut-être plus à long terme, mais ce n’est pas modulable, notamment s’il a besoin de récupérer un peu d’argent seulement.
Au-delà, nous essayons d’expliquer au petit épargnant comment réaliser des placements équilibrés et diversifiés et comment un portefeuille d’actions peut trouver sa place à côté d’une assurance-vie ou d’un régime de retraite, pour l’aider à devenir un investisseur moderne.
Propos recueillis par Angélina BOULESTEIX