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La marche au chaos

Le week-end qui vient de s’écouler était décisif pour la stabilisation du Mali à deux égards.

Le premier était relatif à l’aboutissement à un accord des discussions entre le gouvernement et l’UNTM autour de sa plateforme revendicative. A peine ouvertes, elles ont tourné en eau de boudin, la centrale syndicale la plus importante du pays s’étant offusquée de propos désobligeants voire de menaces de poursuites judiciaires qu’aurait proférés à son endroit le ministre du travail. Elle s’est donc retirée de la rencontre et une commission de médiation, initiée à la hâte par des légitimités coutumières et religieuses, des chambres consulaires, le patronat et des conseillers spéciaux de la primature a échoué à la faire revenir sur sa décision. Et à renoncer à son préavis de grèves d’une semaine à partir de ce lundi, reconductible la semaine prochaine et transformée en grève illimitée si ses doléances ne sont pas totalement satisfaites.

Le second avait trait à l’après-rencontre entre le président de la transition Ba N’Daw et le M5-RFP, le 6 mai dernier. L’annonce de la dissolution du gouvernement, l’une des dix mesures préconisées par le mouvement de contestation pour « une rectification de la transition « , vendredi 14 mai, avait fait naître l’espoir qu’il participerait au futur gouvernement, se mettant en phase ainsi avec la CEDEAO dont la dernière mission à Bamako pour faire le point sur la transition l’a invité à « la tolérance » et à  » l’apaisement« . En somme à une attitude plus positive.

Hélas, l’espoir suscité n’aura duré que le temps d’un feu follet puisque, dès le lendemain samedi, le président du comité stratégique du M5-RFP, Choguel Maïga déclarait, au sortir d’une réunion de cette instance, son rejet de cette « démission-reconduction » de Moctar Ouane , son maintien de ses « dix mesures de rectification » dans leur intégralité et réiterait son appel au peuple à se tenir mobilisé pour imposer le changement pour lequel il s’est battu et, pour certains de ses éléments, consenti le sacrifice ultime.

Cette double évolution sociale et politique est susceptible de précipiter le pays dans le chaos vers lequel il semble irrésistiblement aspiré depuis une décennie.

Les grèves de l’UNTM, incompréhensibles dans un contexte où il n’existe pas de gouvernement, donc d’interlocuteur, seront ruineuses pour une économie en proie à une lente agonie, rajouteront à l’impécuniosité chronique de l’Etat qui l’oblige à s’endetter tous les quinze jours sur le marché financier de l’UMOA pour faire face à ses obligations incompressibles. Elles aggraveront la détresse des couches les plus défavorisées qui seront privées du minimum vital.

Quant aux rassemblements et marches du M5-RFP, qui préluderont peut-être à la réédition de  » la résistance civile  » fatale au président IBK, ils accentueront la morosité ambiante et, par là-même, le mécontentement social.

Mis en commun, ces facteurs n’offrent pas d’alternative au basculement dans un désordre dont l’ampleur et la durée devraient d’autant plus inquiéter que le pays est fragilisé par des défis aussi nombreux que complexes.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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