Pour magnifier la journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars de chaque année, les femmes de toutes les catégories ont pris d’assaut hier le palais de la culture de Bamako. Elles ont donc saisi cette occasion pour exprimer librement leurs préoccupations quant à leur épanouissement.
Cette 21e édition placée sous le thème » Croissance économique et autonomisation des femmes, engagement inclusif pour un Mali sécurisé, stable et émergent » intervient au moment où l’Onufemmes initie une campagne de mobilisation dans le cadre du 20e anniversaire de la Conférence de Beijing. L’évènement était placé sous la présidence du chef de l’Etat et de son épouse.
La Journée internationale de la femme est l’occasion de dresser un bilan des progrès réalisés en faveur de l’épanouissement et de l’émergence de la femme, d’appeler à des changements et de célébrer les actes de courage et de détermination accomplis par les femmes ordinaires qui ont joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de leur pays et de leur communauté et pour la promotion de leurs consœurs. Avec le thème » Croissance économique et autonomisation des femmes, engagement inclusif pour un Mali sécurisé, stable et émergent « , l’objectif est de contribuer aux plaidoyers pour l’engagement inclusif en faveur de l’autonomisation des femmes en vue d’une croissance économique dans un Mali stable, sécurisé et émergent. Ce thème en effet, vise à souligner combien l’égalité des sexes, l’émancipation des femmes, la pleine jouissance de leurs droits humains et l’éradication de la pauvreté sont essentiels au développement économique et social.
» Il vous faut mériter la place qui vous revient. Personne ne vous fera de cadeaux dans ce monde ici- bas « , ces propos sont du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, qui a rappelé que les deux femmes nommées à la Cour constitutionnelle sont ses choix et cela vise à revaloriser davantage les femmes.
Selon le représentant résident de l’Onufemmes, Maxime Houinato, des études menées par son institution ont rapporté que de façon globale, face à l’inégalité des sexes dans le seul domaine de l’emploi, il faut 81 ans pour arriver à l’égalité hommes – femmes dans le monde. Malgré cela, le taux d’employabilité des femmes a augmenté de 40% ces 20 dernières années. Ainsi, dira-t-il « les femmes n’avanceront que si les hommes s’engagent pour la cause « . Pour la présidente de la Cafo, Oumou Touré, la féminité n’est pas une haine, mais une valeur, un atout, une richesse universelle, qui nous permet de compter sur nous d’abord et sur nos familles. « Nous n’avons pas compris qu’à chaque fois que nous prenons la parole, on nous taxe de prétentieuses, en oubliant que nous sommes au début, au centre et à la fin de tout. Nous aspirons à ce que nos droits soient respectés et appliqués « . Elle poursuit pour dire que si l’architecture institutionnelle et organisationnelle en cours intègre les femmes, le Mali réussira sa refondation et ceci sera le début d’un vrai changement avec de nouvelles actrices, de nouvelles pratiques, teintées de transparence, d’esprit de sacrifice, soucieuses de préserver l’intérêt général au bénéfice de toute la nation.
Toute chose qui fera dire à la ministre de la Promotion de la femme, Mme Sangaré Oumou Bah, qu’investir dans l’autonomisation économique des femmes est la voie la plus sûre vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance inclusive.
A l’en croire, des changements ont été opérés dans de nombreux domaines même si des régressions ont également été constatées à cause des faits liés à la crise sécuritaire et humanitaire de 2012 et des menaces réelles sur la préservation de certains droits acquis. Se prononçant sur le chapitre de la paix, elle estime qu’il ne fait aucun doute que pour établir et maintenir la paix, l’implication effective des femmes est nécessaire, voire indispensable.
Ainsi, la remise des tableaux aux pionnières du Mali de 1960 à cette date ainsi qu’aux étudiantes méritantes a été le temps fort de la journée qui a été célébrée sous les rythmes de l’ensemble instrumental du Mali.
Gologo Aminata Diarra, présidente des femmes ingénieures et des femmes de la Codem: «La mentalité de la société envers les femmes doit changer par une campagne d’éducation»
En effet, L’autonomisation des femmes est reconnue comme un facteur clé de réduction de la pauvreté, de croissance économique, de stabilité, de sécurité humaine et alimentaire durable. Les femmes évoluant surtout dans le secteur informel avec des moyens de subsistance basés sur l’agriculture, l’élevage, l’artisanat local, le commerce de petits articles, contribuent ainsi au développement du pays. Dans le secteur agricole où elles ont tendance à prédominer, le crédit et la propriété foncière ont de tout temps été la chasse gardée de l’homme, le chef de famille au détriment de la femme et, de fait, au détriment du développement agricole en Afrique. En dépit de cela, dans le secteur informel africain, les femmes réussissent mieux que les hommes. Les travaux de Blackden et Canagarajah (2003) indiquent qu’au Burkina Faso, l’agriculture compte pour 36% du PIB, les femmes contribuent à hauteur de 29% et les hommes 7%,. Au Mali la répartition est de 26% à 14%. Malgré les preuves, une étude récente du Forum Economique Mondial (FEM) montre qu’aucun pays du monde n’a encore réussi à réduire l’écart entre la participation économique de l’homme et de la femme.Cette ancienne du mouvement estudiantin des années 1990 est titulaire d’un DEA en génie civil option » bâtiments et travaux publics « , d’un master en audit et contrôle de gestion. La belle et grande sahélienne, affectueusement surnommée Mimi a quinze années d’expérience dans l’administration publique et dans les sociétés privées du Mali. La conseillère municipale en Commune II est membre de l’association des femmes ingénieures. Comme si cela ne suffisait pas, elle occupe la présidence du mouvement national des femmes du parti Codem. Mariée, ses multiples occupations ne l’empêchent pas de se donner le temps d’être l’épouse parfaite en s’occupant de son mari et des trois enfants.
Mame Diarra Diop, rédactrice en chef de « journal du Mali.com » : Une bonne autonomisation passe par l’éducation de base et de qualité
Une bonne autonomisation passe d’abord par une éducation de base et de qualité. Ensuite l’accès au savoir. Si vous n’êtes pas conscients des choses, des enjeux du monde, des rapports de forces dans les institutions, de l’équilibre dans un couple, alors l’autonomisation me paraît difficile. Il n’y a évidemment pas assez de femmes en affaires. Le classement 2015 du magazine Forbes donne seulement deux femmes milliardaires sur le continent. Le reste, ce sont des hommes. Il faut se poser des questions. Tirer les bonnes conclusions.Diplômée en lettres, Mame Diarra Diop exerce le métier de journaliste depuis une dizaine d’années dans plusieurs magazines et journaux panafricains. Elle fut également reporter pigiste à radio France Internationale (RFI) en 2008. Après un passage à Africable télévision, cette jeune maman de deux mignons garçons a pris, en 2010, la tête de la rédaction du journal en ligne, www.bamada.net. S’agissant de l’autonomisation comme facteur de développement, Mame dira que tout dépend du facteur croissance : croissance sociale et économique. Si la croissance d’un pays se mesure au degré d’autonomisation des femmes, alors oui, c’est un facteur mais la croissance englobe tellement de chose comme le niveau de revenu, la lutte contre la pauvreté etc. Les femmes représentant près de la moitié de la population du Mali, leur autonomisation participerait donc à 50% à la croissance. Il faut souhaiter qu’elles s’autonomisent davantage pour assurer leur survie et celle de leurs familles.
Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato : Une des valeurs sûres pour la femme africaine et malienne
Il est très difficile de parler de la journée internationale de la femme au Mali sans parler de l’honorable Haïdara Aïchata Cissé dite Chato. Comme le disait l’un de nos confrères : « Chato a toujours ravi la vedette à toutes les combattantes pour l’égalité du genre au Mali. A ce titre, personne ne nie que la palme d’or, au sortir de la journée internationale de la femme, lui revienne de droit ».
Ses prises de position et son engagement face à l’injustice que subissaient les plus vulnérables resteront longtemps gravés dans la mémoire des Maliens. A cela s’ajoute le fait qu’elle a sauvé la vie de nombreuses femmes et enfants, les sans-voix du désespoir. L’histoire retiendra donc que c’est elle qui a mis fin au tapage médiatique et l’intoxication auxquels se livrait Moussa Ag Attaher.Ce n’est pas pour rien que l’Organisation non gouvernementale Wildaf Mali lui a rendu un vibrant hommage à la faveur du 8 mars 2013. Cela pour sa combativité, sa clairvoyance et surtout ses prises de position contre la campagne médiatique de désinformation menée par les séparatistes du MNLA sur les médias internationaux, après les événements de mars 2012. Heureusement que cette brave femme de Bourem, considérée aujourd’hui comme un véritable exemple pour les femmes maliennes et africaines, était là. En tant que patriote, elle a tout simplement joué son rôle pendant l’occupation des trois régions du Nord par les terroristes. L’honorable Chato fut l’une des rares voix féminines du Mali à avoir dénoncé les violences que ces derniers exerçaient sur ses sœurs.
Aujourd’hui, on peut dire sans risque de se tromper que Chato est l’une des valeurs sûres pour la femme pour avoir fait ses preuves dans plusieurs domaines notamment politique où elle était candidate à l’élection présidentielle de juillet 2013. Dans le domaine de l’humanitaire aussi, elle est très connue. Son degré d’engagement en faveur des couches défavorisées notamment celles de Bourem n’est plus à démontrer.
L’amélioration des conditions de vie de la population de sa ville natale, Bourem, demeure l’une de ses priorités. Cela à travers des dons en nature aux personnes démunies et vulnérables. Sans oublier l’amélioration du plateau sanitaire notamment la mise à disposition d’une ambulance au CSCOM de Bamba avec le concours de l’Association Koïma de France dont elle est la vice-présidente.
Militante infatigable des droits de l’homme, Chato est un véritable leader d’opinion. Au Mali ou ailleurs, elle fait la fierté de tout le peuple malien avec son franc-parler.
Alou B. HAÏDARA
Source: Autre presse