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« La France n’a pas changé le regard qu’elle pose sur l’Afrique depuis 1960 » – Nazaire Kadia

Nazaire Kadia, cadre de l’opposition ivoirienne, décrypte la visite du président français Emmanuel Macron au Cameroun.

Ces derniers jours, il est donné de voir un chassé-croisé entre la France et la Russie sur notre continent, prolongeant ainsi les rencontres que ces deux puissances ont eu, ou ont en Centrafrique, au Mali et ailleurs, et où à leur corps défendant, les français ont dû faire place aux Russes.

Ainsi, pendant que le président français, Emmanuel Macron, a débuté une visite au Cameroun, visite qui le conduira ensuite au Bénin puis en Guinée Bissau, le ministre des Affaires Etrangères Russe Serguei Lavrov se trouvait en Ouganda.

A l’étape de la visite du président français au Cameroun, c’est avec ahurissement qu’on a découvert M. Emmanuel Macron, au cours de la conférence de presse donnée avec le président Paul Biya, s’adonner à une déconstruction en règle, à la limite du dénigrement, de la Russie.

 

Il accuse la Russie de vouloir installer ses chaînes de télévision interdites en Europe, sur le continent africain, pour désinformer et répandre la propagande russe. Il n’a pas manqué d’évoquer « la captation » des matières premières africaines par les Russes.

Morceau choisi :

« …Cette présence russe hybride, qui passe par la désinformation, par les miliciens, par le coup d’une nouvelle forme que j’ai du mal à qualifier de coopération, mais donc de complicité avec des pouvoirs politiques affaiblis, quand ce sont des juntes illégitimes, est une préoccupation ; et je pense que c’est d’abord une préoccupation pour le continent africain…Et donc la France, amie de l’Afrique, fera tout pour qu’il y ait une liberté…d’avoir tous les liens diplomatiques pour défendre l’intérêt des peuples… ».

WOUAOOOOO ! A-t-on envie de s’écrier. Quelle générosité ! Quel humanisme !

Quel don de soi !

Que serait l’Afrique sans la France ?

 

Accepter en ce 21ème siècle de porter encore « le fardeau de l’homme blanc » est un acte majeur à saluer avec déférence !

Mais à la vérité, cette déclaration du président français, montre de toute évidence, que la France n’a pas changé le regard qu’elle pose sur l’Afrique depuis 1960, encore moins changé ses paradigmes d’approche de la coopération avec le continent africain.

Elle ne s’est toujours pas rendu compte que les temps ont changé et les générations aussi. En parlant de la désinformation des médias russes, que dire des médias français ? Ne sont-ils pas les porte-voix de la France ? Que font Rfi et France 24 en Afrique ? N’ont-ils pas fait de la désinformation en relayant abondamment les mensonges de l’ancien président Nicolas Sarkozy, au sujet du bain de sang que Kadhafi préparerait à Benghazi et qui a conduit à son assassinat?

En la matière, la France gagnerait à faire profil bas. Elle n’a pas de leçons à donner.

 

Ce discours du président français, empreint de condescendance et de paternalisme ne passe plus. Il représente une insulte à l’intelligence des africains qu’on prend toujours le malin plaisir d’infantiliser. C’est à croire que les Africains ne sont pas capables de déterminer ce qui est bon pour eux ou ne l’est pas.

Ils n’ont pas la capacité de réfléchir, de faire des analyses à l’effet de faire des choix de coopération avec des tiers. Le bon samaritain français se doit toujours de venir instruire ces grands enfants, pour leur éviter de se faire dévorer par le grand ours russe !

En outre, en stigmatisant le gouvernement de transition malien, qu’il qualifie de junte illégitime, Macron ne se rend pas compte qu’il se couvre de ridicule, alors qu’il commerce allègrement avec le gouvernement tchadien, tout aussi issu d’un coup d’état.

On aurait voulu voir le président français, mettre en évidence la réorientation qu’il entend donner à la coopération française, à l’effet de la faire accepter par les Africains. Passer son temps à vouloir déconstruire l’image de la Russie en Afrique, est absolument contreproductif.

 

Comme « l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt », M. Macon souffre beaucoup plus que les Africains, de ce que ceux-ci endurent dans leurs relations avec la Russie !

Les Africains lui en savent gré, et le remercie du fond du cœur pour sa générosité désintéressée, mais ils préfèrent se tromper seuls !

 

ivoiresoir

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