Un herbicide trop dangereux pour la France et l’Europe mais pas pour les pays en développement.
C’est ce que semble estimer la France qui a, depuis le mois de janvier, autorisé l’exportation de sept cargaisons d’atrazine vers six pays dans le monde, rapporte Le Monde. Selon le journal, qui s’appuie sur les données de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), l’herbicide a été exporté vers la Chine, la Suisse, le Pakistan, le Soudan, l’Ukraine et l’Azerbaïdjan au cours des cinq derniers mois.
En revanche, impossible de savoir quelle quantité de produit est exportée, ces données n’étant pas rendues publiques. Si ces cargaisons posent problème, c’est parce que l’atrazine, en grande partie fabriqué par la firme suisse Syngenta, a été interdit en France en 2001, puis en Europe en 2004 car il polluait les nappes phréatiques, rappelle Le Monde.
Ces exportations constituent à nos yeux une violation de la convention de Bâle
Laurent Gaberell de l’ONG Public Eye
Ces exportations d’atrazine qui ont eu lieu depuis janvier dernier ne sont pas les premières pour la France qui en a, depuis 2004, autorisé 142 au total. Parmi les pays concernés, on trouve 33 pays africains signataires de la convention de Bamako, qui applique en Afrique la convention de Bâle sur le transport des déchets dangereux. Concrètement, ces pays en développement considèrent qu’ils ne devraient pas recevoir un produit si celui-ci est interdit dans son pays d’origine en raison de sa toxicité, explique le quotidien du soir. Parmi ces pays, on trouve le Soudan, le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, l’Ethiopie ou encore la Cote d’Ivoire.
C’est notamment à destination de ces pays que l’ONG suisse Public Eye vient de lancer une campagne contre ces exportations. “Ces exportations constituent à nos yeux une violation de la convention de Bâle, estime dans les colonnes du Monde Laurent Gaberell, spécialiste du dossier au sein de Public Eye. “La France aurait dû interdire ces exportations”, s’indigne-t-il.
Effets néfastes sur le développement du fœtus
Qui autorise ces exportations ? Si l’on s’appuie sur les données de l’ECHA, c’est le ministère de l’Environnement qui donne le feu vert. Information que n’a pas souhaité commenter le ministère auprès du Monde. “Nous pointons du doigt la responsabilité des États qui permettent l’exportation de pesticides interdits. Mais les entreprises ont aussi un devoir de diligence”, indique Laurent Gaberell.
La France n’est pas la seule à autoriser l’exportation de cet herbicide utilisé pour désherber les champs de maïs ou de canne à sucre. L’ONG pointe également du doigt l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne ou encore la Susse.
Le Monde rappelle qu’en 2011, une étude de l’Institut national de la recherche et de la santé médicale (Inserm) publiée dans la revue médicale Environmental Health Perspectives estimait que l’atrazine pouvait avoir des effets néfastes sur le développement des fœtus et sur le système neurologique des enfants.
L’Agence européenne des produits chimiques de son côté considère qu’il s’agit d’un produit “très toxique pour la vie aquatique avec des effets de longue durée, qui peut endommager des organes à la suite d’une exposition prolongée ou répétée et provoquer des réactions allergiques de l’épiderme”.
RTL