A quelques jours de la fête des béliers, les marchands jusqu’alors ne voient pas l’engouement de la population comme auparavant. Cette situation est due à une crise multidimensionnelle que connait notre pays depuis un certain temps. Particulièrement celle qui est en date à savoir la manifestation du M5-RFP qui a un peu chamboulé le quotidien de nombreux Bamakois.
Nombreux sont les marchands de bétails qui se plaignent de la mévente à seulement quelques jours de la fête. L’on sait qu’en cette période, les bétails sont transportés des zones reculés pour Bamako, et cette année des marchands affirment qu’ils ont rencontré des difficultés sur la route du faite de l’insécurité entrainant ainsi des pertes de nombreux bétails. C’est ce qui explique selon eux le prix actuel des béliers qui malheureusement fait fuir les clients.
Samba Sow est l’un des marchands de bétails qui a subi une perte cette année. Il affirme que la moitié de ses bétails a été détournée en route par des bandits. “C’est pourquoi cette année, je vends mes béliers cher pour ne pas perdre encore plus. ” Dixit Samba
Aussi la mévente s’explique par la crise financière que connaissent nombreuses familles cette année avec la situation sanitaire qui a augmenté le taux de chômage et une réduction des revenus. Des chefs de familles se trouvent en chômage technique avec 3 à 4 mois de salaire impayé. Pour Oumar Mariko, chef d’une grande famille, “cette fête n’est que de nom. Les temps sont durs et nous avons même des difficultés pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Avoir à manger trois fois dans la même journée est devenu un luxe pour nous. Cette fête des béliers se fera sans bélier chez nous.” déclare-t-il.
Si pour ce chef de famille la fête se fera sans bélier, Mamadou quant à lui, a trouvé une solution à cela malgré qu’il a été licencié depuis deux mois. Je cite” Ma solution pour cette fête est toute simple. J’achèterai un Coq que je vais égorger à la place du bélier et on passera à autre chose. Rien ne va changer pour nous le jour de la fête puisqu’on a rien et on ne peut demander à personne du moment où tout le monde vit la même situation.”
En tout cas à entendre ces témoignages, nous avons voulu savoir ce que pense les femmes de cette situation et c’est ainsi que Nana SACKO, nous a livré le fonds de ses pensées.
Femme au foyer, mère et grand-mère, elle trouve que les hommes ne sont pas à blâmer s’ils n’arrivent pas à acheter leur bélier. Je cite” la fête est juste l’affaire d’une journée. Nos hommes ont l’habitude d’acheter des béliers mais si cette année ils n’y arrivent pas, ce n’est pas la fin du monde. De toutes les manières ça ne sera pas la seule fête, d’autres viendront. ” Aussi elle ajoute que” les femmes qui n’ont pas pu coudre des habits cette année doivent être compréhensives et tolérantes envers leurs époux car la situation est critique. Elles doivent plutôt être fières car ce n’est pas facile de nourrir toute une famille en ce moment. ”
Pour finir, ce que nous pouvons dire est que même si la fête des béliers se passera sans bélier et sans nouveaux habits chez certaines, l’essentiel serait de la passer en bonne santé.
AFANOU KADIA DOUMBIA, stagiaire
Malijet