La famille d’un Sud-Africain retenu en otage par des jihadistes au Mali depuis plus de cinq ans a lancé samedi un nouvel appel pour sa libération, quelques jours après celle du journaliste français Olivier Dubois au terme de près de deux ans de captivité.
Gerco van Deventer, 47 ans, avait été kidnappé en Libye le 3 novembre 2017 alors qu’il se rendait sur un site de construction d’une centrale à environ 1.000 km de la capitale Tripoli. Trois ingénieurs turcs avaient aussi été enlevés avant d’être relâchés sept mois plus tard. Gerco van Deventer a ensuite été transféré au Mali. “Je lance un nouvel appel (…) Nous avons désespérément besoin de lui à la maison, il est le père de trois enfants”, a dit sa femme Shereen van Deventer à l’AFP lors d’une interview à distance. “C’est une situation difficile pour nous en tant que famille, nous voudrions vraiment solliciter la compassion des (ravisseurs) pour qu’ils le libèrent”, a-t-elle ajouté, s’exprimant depuis la petite ville de Swellendam, à 220 km à l’est du Cap. Cet infirmier qui travaillait pour une société de sécurité est le seul citoyen sud-africain retenu en otage par une organisation non-étatique au Sahel, selon son épouse âgée de 39 ans. Cet appel intervient après la libération cette semaine du journaliste français Olivier Dubois, 48 ans, et du travailleur humanitaire américain Jeffery Woodke, 61 ans, respectivement enlevés en 2021 au Mali et en 2016 au Niger. “La libération d’Olivier Dubois nous donne un nouvel espoir pour la libération de Gerco”, a confié sa femme. “Il y a l’espoir qu’une porte est ouverte”. Dans un entretien à la radio française RFI après sa libération, Olivier Dubois a rapporté avoir passé plus d’un an en captivité avec Gerco van Deventer. – “Par tous les moyens possibles” – “Je pense qu’il doit être toujours dans la région de Kidal. Je peux imaginer les conditions dans lesquelles il est parce qu’on les a vécues ensemble. Et je tiens à ajouter qu’il est temps que ça s’arrête. Il est dans sa sixième année. Il ne mérite pas ça, il faut qu’il rentre à la maison”, a-t-il dit. D’intenses négociations pour la libération du Sud-Africain ont été menées au cours des premières années après son enlèvement, mais la pandémie de Covid-19 a freiné les efforts jusqu’au début de cette année, a dit Mme van Deventer. “Les négociations sont toujours en cours”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères. Imtiaz Sooliman, à la tête d’une influente association caritative musulmane, Gift of the Givers, également impliqué dans la médiation pour sa libération, a indiqué à l’AFP qu’un négociateur “se rendra au Mali au cours des prochains jours pour lancer un appel aux ravisseurs”. Cette association avait aidé à la libération en 2017 de Stephen McGown, retenu au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La famille de Gerco van Deventer a publié sur Facebook une vidéo dans laquelle on voit l’infirmier appeler à être libéré “par tous les moyens possibles” et précise que la vidéo a été enregistrée le 15 mars. Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste, qui a ensuite touché depuis 2015 le Burkina Faso et le Niger. Les enlèvements sont l’un des graves dangers encourus par les journalistes et les humanitaires, locaux comme étrangers, au Sahel.
Source : AFP