En prenant son bâton de pèlerin pour tenter de faire une offensive diplomatique en faveur du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, sans le dire verbalement, confirme ainsi dans les faits, le manque d’efficacité de son chef de la diplomatie, Zahabi Ould Sidi Mohamed.
En effet, la nomination de cet ex-rebelle comme ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale du Mali était perçue comme symbolique et même stratégique. Mais, depuis sa nomination, la diplomatie malienne stagne. Ce qui a d’ailleurs conduit le chef de l’Etat lui-même à prendre son bâton de pèlerin pour tenter de mener une offensive diplomatique dans un certain nombre de pays.
Zahabi sur une pente glissante ?
Natif de Goundam, Zahabi Ould Sidi Mohamed a fait de bonnes études. Après son baccalauréat en série Philo-langue en 1978, il entre à l’ENA de Bamako. Après ses études à l’ENA, il part poursuivre ses études en France à l’université Panthéon Sorbonne où il décroche un DEA en sociologie du tiers-monde. Mais, il a fondé sa renommée, dans les années 1990, au sein d’un groupe armé dénommé « Front Islamique Arabe de l’Azawad (FIAA). Avant de devenir le coordinateur de tous les mouvements arabes et touaregs armés au sein d’un mouvement dénommé « Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad » (MFUA).
Et c’est à ce titre qu’il était aux premières loges en 1992 lors des accords de paix entre rebelles et gouvernement malien.
Apres cette étape sombre de rébellion, il connaîtra une riche carrière au sein de la grande famille des Nations unies, notamment dans les pays comme le Congo, l’Haïti, la Somalie, la Cote d’Ivoire et au Sud du Soudan où il participé à des missions de paix.
Ce qui fait que dans la sous-région et dans les pays du Maghreb, il jouit d’un carnet d’adresses très riche.
Son choix comme ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali alors que le pays fait face à une rébellion touareg nécessitant des négociations de paix a été interprété comme une main tendue aux groupes rebelles touaregs. Notamment ceux du Mouvement National de libération de l’Azawad(MNLA) comme étant le choix d’un des leurs pour négocier avec eux.
Mais depuis sa nomination, rien n’a changé. Pour la première fois, les Maliens oublient même d’avoir un ministre des affaires étrangères. Car non seulement, le ministre Zahabi ne parvient pas à prendre langue avec les rebelles touaregs, un des motifs de sa nomination à ce poste. Mais aussi, il pèche considérablement à concrétiser des actes de belle facture diplomatique pour faire rayonner le Mali sur la scène internationale. Ce dernier rôle est finalement dévolu au président de la République lui-même.
IBK prend son bâton de pèlerin
Conscient de cet état de fait, Ibrahim Boubacar Keita joue aujourd’hui le rôle de son ministre des affaires étrangères qui lui sert de décor ou accompagnateur lors de ses visites officielles à l’étranger.
En effet, c’est dans ce cadre qu’IBK était la semaine dernière, en Mauritanie. Une visite qui lui a permis de recoller les morceaux avec un des voisins stratégiques du Mali, la Mauritanie.
Cette visite du président IBK aura été bénéfique car elle a permis aux deux pays frères de renouveler leurs relations séculaires et militaires.
Après cette visite en Mauritanie, le président Malien a pris une autre destination : l’Algérie, un autre pays de la bande Sahélo-saharienne. Ici aussi, le président malien et son homologue doivent en principe parler des questions de sécurité.
Après l’Algérie, IBK doit en principe se rendre à Doha au Qatar. Et là, il s’agira à coup sûr, aussi, de tenter de recoller les morceaux avec ce riche émirat arabe qui avait été accusé, au moment de l’occupation Djihadiste au nord du Mali, d’être le bras financier de ces obscurantistes.
Avec cette offensive diplomatique engagée par IBK, la diplomatie malienne commence à rayonner dans la sous-région, en Afrique et à travers le monde. Et les questions sécuritaires vont être, à coup sûr résolus à l’unisson dans les pays qui partagent la bande Sahélo-saharienne.
Et s’il ya remaniement ministériel, IBK devra s’atteler à confier ce stratégique portefeuille de la diplomatie malienne à une personne qui pourra lui insuffler une nouvelle dynamique et faire rayonner le pays sur la scène internationale. Au lieu que lui-même, soit obligé d’être partout pour jouer ce rôle. C’est la même erreur qui a décrédibilisé ATT auprès des Partenaires Techniques et Financiers. Le sait-on.
Georges Diarra
Source: Tjikan