A la date du 24 avril 2020, OCHA a déterminé que, selon les résultats du cadre harmonisé de mars 2020, près de 3,5 millions de personnes sont actuellement en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali, dont 757 000 en situation d’insécurité alimentaire sévère. La même analyse de l’agence onusienne signale qu’à cette allure, la période de soudure habituellement en juin-aout 2020 comptera près de 5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire avec près de 1,3 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère.
Des chiffres largement supérieurs à ceux enregistrés au cours des cinq dernières années à la même période. Tout en expliquant les principaux facteurs de cette détérioration liés, selon elle, aux conflits dans les régions du nord et du centre ainsi que les effets de la sécheresse dans la bande sahélienne, OCHA a mis en garde que si rien n’est fait, en termes d’assistance urgente, cette situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle pourrait s’aggraver, surtout, avec le contexte actuel de la menace de la propagation de la pandémie du Coronavirus.
En plus de l’augmentation de l’insécurité alimentaire, le rapport de l’agence Onusienne ajoute la détérioration des pratiques de soins liées aux déplacements et aux impacts potentiels du Covid19 (indisponibilité des mères/pourvoyeurs de soins), ainsi que la pression sur le système de santé qui risque d’avoir un impact fort sur les taux de malnutrition au cours des prochains mois selon l’analyse de cluster nutrition. Cela, parce que l’insécurité dans les régions du nord et du centre ainsi que dans la région du Liptko Gourma continue d’entrainer des déplacements internes ainsi que l’arrivée massive de personnes fuyant les violences au Niger et au Burkina Faso voisins.
Si au début de l’année, près de 212 000 personnes déplacées internes et 16 200 membres des communautés d’accueil ont reçu une aide alimentaire d’organisations humanitaires par le biais de modalités en nature ou en espèce, le PAM en collaboration avec ses partenaires opérationnels et le RRM ciblent durant la période de mars et avril, près de 320 000 personnes, dont 155 000 personnes résidentes en insécurité alimentaire pendant la soudure pastorale, 127 000 nouveaux déplacés de moins de trois mois et 27 000 personnes membres des communautés hôtes ainsi que 10 000 nouveaux réfugiés. Soit 3,6 millions de personnes à travers le plan de réponse humanitaire 2020-2022, sur un ensemble de besoins d’assistance estimé à 4,3 millions, comparativement à 2,3 millions de personnes à la même période 2019.
Cependant en raison de l’accès humanitaire difficile, dans certaines localités comme la commune de Baye, cercle de Bankass (région de Mopti), où certains réfugiés et personnes déplacées internes n’ont pas été enregistrés. La grande crainte de l’agence Onusienne était que parmi le nombre de déplacés internes de 2018 à février 2020, dont 50 %, enregistré uniquement dans la région de Mopti (au centre) et 25 % dans la région de Gao (au nord), près de 55 % était des enfants.
Malgré les efforts continus de tous les acteurs humanitaires impliqués, le rapport a souligné que ces déplacements internes aggravent la vulnérabilité des communautés d’accueils nécessitant une politique inclusive qui tient compte des besoins des populations hôtes.
À noter que les acteurs humanitaires n’ont mobilisé que 16 % des fonds recherchés en termes de plan de réponse humanitaire, soit 48,8 millions de dollars américains sur une requête de 390 millions. Alors qu’au même moment, les besoins des personnes déplacées internes s’accroissent, notamment en matière d’abris, de l’eau, de l’éducation, de soins de santé et de la protection. C’est pourquoi le 7 avril dernier, le gouvernement a appelé ses partenaires à soutenir davantage les actions de réponse face à cette situation de double urgence.
ISSA DJIGUIBA
Source : LE PAYS