Dioncounda Traoré ET Manuel Barroso le 14 mai 2013
Une centaine de pays et d’institutions internationales se sont réunis mercredi 15 mai à Bruxelles. Plusieurs chefs d’Etat ont participé à cette réunion, dont François Hollande.
Leur objectif? Trouver près de deux milliards d’euros pour aider le Mali à sortir de la crise. La somme correspond à 45% des besoins du pays pour les deux prochaines années, selon le Plan pour la Relance établi par les autorités maliennes en avril. Pour mémoire, le PIB malien s’élevait à 8,4 milliards d’euros en 2011.
Finalement, les pays donateurs ont réussi à mobiliser environ 3,25 milliards d’euros pour aider le Mali, a annoncé François Hollande en clôture de la réunion, au-dessus des objectifs. Il a souligné qu’il revenait désormais « aux Maliens de respecter les engagements pour la réconciliation, pour la sécurité, pour l’Etat de droit et pour la bonne gouvernance ». « C’est un contrat que nous passons ensemble, un beau contrat », a-t-il ajouté.
Pour le moment, le détail global des dons n’a pas été rendu public. De plus, plutôt que des dons, plusieurs pays seraient tentés d’accorder des prêts au Mali.
Ce que l’on sait pour l’instant des fonds apportésL’Union européenne a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait apporter 520 millions d’euros.
François Hollande devrait annoncer un apport de 280 millions d’euros sur deux ans de la part de la France, premier partenaire bilatéral du Mali. Le montant de cet apport est en hausse sensible comparé aux 50 millions d’euros par an que la France donnait au Mali avant la crise politique provoquée par le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Le Canada a aussi dévoilé le montant de sa contribution : 75 millions de dollars, soit un peu moins de 60 millions d’euros.
La Chine a également annoncé un apport à hauteur de 50 millions d’euros.
La Banque Mondiale va participer à hauteur d’environ 250 millions d’euros.
La Banque islamique de Développement va apporter 130 millions d’euros.
Les Etats-Unis ont promis 367 millions de dollars, le Royaume Uni et le Danemark 150 millions d’euros chacun et l’Allemagne 100 millions, selon des sources diplomatiques.
Le compte n’y est pas encore, mais Pascal Canfin, le ministre délégué chargé du Développement, s’est déclaré « confiant » dans une interview au Nouvel Observateur.
Prêts ou dons, les pays et institutions donateurs n’ont pour la plupart pas encore précisé la nature de leurs apports respectifs. C’est une des inquiétudes de l’ONG Oxfam, selon qui l’apport français se résume à un effet d’annonce.
« Aucun détail n’a été donné sur la composition de cet engagement (…), malgré nos demandes de précisions. Il est à craindre que, au delà de cet effet d’annonce, la France se contente d’additionner diverses enveloppes d’aide au développement déjà engagées », écrit l’ONG dans un communiqué. « Il est très probable, poursuit-elle, que la France comptabilise notamment dans ce montant une enveloppe de 150 millions d’euros de fonds déjà engagés ces dernières années (et gelés suite au coup d’Etat de 2012, ndlr), composée aux deux tiers de prêts ».
Quelles échéances ?
Autre enjeu auquel devront répondre les donateurs, l’échéancier des versements. Les organisateurs espèrent mobiliser rapidement au moins un milliard d’euros, ce qui permettrait de lancer un certain nombre de projets urgents pour rétablir les services de base. Mais le déblocage des fonds a un préalable : l’organisation rapide d’une élection présidentielle.
« Certains pays, je pense aux Etats-Unis, ne reprendront leur aide que lorsque les élections auront lieu, a indiqué Pascal Canfin. La France est toutefois « dans une logique différente », « de cercle vertueux », a-t-il encore dit, « par la reprise de notre aide, nous allons consolider le retour de l’Etat, des services publics et des administrations notamment au Nord ». L’élection présidentielle pourrait avoir lieu le 28 juillet.
Quel contrôle ?
Une fois les fonds débloqués, il faudra contrôler la bonne attribution des aides dans un pays dont l’administration est à reconstruire. Autre effet d’annonce qui devra être suivi de faits, la France va lancer un dispositif, avec notamment un site internet, afin de garantir l’efficacité de son aide et d’éviter le détournement ou la mauvaise utilisation des fonds.
« Si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets », a expliqué Pascal Canfin.
Valérie Trierweiler, compagne du président François Hollande, se rendra au Mali mercredi pour un voyage de 48 heures à l’invitation de l’épouse du président Dioncounda Traoré. Pour l’instant la Première dame ne s’était rendue en visite hors des frontières qu’au côté de François Hollande.
Lors de cette visite au Mali, il sera question de soutien aux enfants, aux femmes mais aussi aux « populations déplacées » du fait de la guerre. Valérie Trierweiler honore ainsi une invitation que lui avait lancée Mme Traoré lors d’un récent passage à Paris.
huffingtonpost.fr/2013/05/15/