La communauté des Rwandais vivant en Ouganda a commémoré le génocide des Tutsis le samedi 21 avril 2018 au bord du lac Victoria. Kasensero est ce chef-lieu où se trouve ce lac et aussi un mémorial construit à l’intention de tous les disparus de ce barbarisme ayant coûté la vie à plusieurs Rwandais.
À Kasensero se trouvent enterrés près de 2 875 corps repêchés en 1994. Parmi ces corps, il faut noter que près de 11 000 ont été retrouvés en Ouganda. Ces fosses communes qui font face au lac Victoria constituent un endroit très calme et décoré de fleurs, un endroit où se rendent des familles de disparus du génocide pour se souvenir des temps de cette tragédie.
À l’occasion de cette commémoration, des confidences se font. Des hommes ayant participé à l’inhumation des corps en putréfaction ont voulu exprimer tout le sentiment qui les animait ce jour. C’est le cas pour Veronia Katongole qui explique : « J’ai beaucoup souffert de la putréfaction des corps malgré les masques que m’avait laissés un Français pour me protéger de la puanteur. Et en plus, je devais me battre contre les chiens qui voulaient dévorer les corps. »
En plus des gens ayant participé à l’inhumation, nous avons également des survivants du génocide tutsi qui gardent encore en souvenir dans leur mémoire ce moment tragique. Jean de Dieu est un survivant ayant pratiquement perdu toute sa famille dans cette catastrophe humanitaire. Il a perdu son père, ses frères voire ses sœurs lors de ce génocide. Ces personnes chères dans sa vie n’existent plus que dans son imagination. À ses dires, il se rend au bord du lac Victoria pour se remémorer de ces victimes. « Dans mon esprit, ils sont ici. Chaque année, je viens ici pour me souvenir de ma famille. On m’a dit qu’ils avaient été jetés dans la rivière. Je n’ai jamais vu les corps aucun de leurs corps . Mais quand je viens ici pour me souvenir, je les imagine dans ma tête et quand j’ai fini, je me sens heureux», martèle-t-il.
Il faut rappeler que le génocide rwandais a eu lieu entre avril et juillet 1994 au Rwanda. Cette guerre, aux dires de certains historiens, s’inscrit dans le cadre d’un projet d’extermination orienté vers les exilés tutsis. Cette situation a conduit à une guerre civile au Rwanda entre 1990 et 1993. Une guerre dont les principaux protagonistes étaient les Hutus et le Front patriotique rwandais (FPR). Ces derniers sont accusés de vouloir imposer le retour des exilés tutsis. Les accords d’Arusha en 1994 vont juger nécessaire ce retour afin de mettre un terme à cette guerre qui prenait de plus en plus d’ampleur. En conséquence, rien n’a pu être évité de ce génocide qui a rendu possible l’assassinat du président rwandais le 6 avril 1994. Ceci a mis l’huile sur le feu en servant de prétexte pour les Hutus de passer à la réalisation de leur projet macabre. Selon le rapport de L’Organisation des Nations Unies, près de 800 000 Rwandais auraient perdu la vie à cette occasion.
Cette commémoration de la communauté rwandaise résidant en Ouganda est une manière de rafraichir les esprits du monde entier sur cette période noire de l’histoire du Rwanda, une période que nul n’est prêt à oublier.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays