Les jeunes de Kayes ont enterré la hache de guerre suite à l’assassinat du jeune motocycliste Seyba Tamboura survenu le 11 mai 2020 des suites d’une bavure policière. Dimanche, ils sont sortis nombreux pour nettoyer la devanture de la résidence du gouverneur, l’inspecteur général de police Mahamadou Zoumana Sidibé, et le rond-point situé à proximité, dans le cadre « d’une activité citoyenne ». Ils se sont également rendus à Kayes N’Di pour balayer les locaux du commissariat de police du 2è arrondissement qui avait été saccagé et incendié par les manifestants suite à cette bavure policière qui a provoqué de violentes manifestations à travers la Cité des rails au cours desquelles deux autres personnes ont perdu la vie.
Mais, cette journée n’a pas concerné les bureaux du préfet et du sous-préfet, puisqu’au moment de notre passage, on apercevait hier des débris et des tas d’ordure dans la cour et à l’intérieur des bâtiments. Hier, les agents de la mairie de la Commune urbaine de Kayes étaient à pied d’œuvre au niveau des différents carrefours, sans oublier le pont, afin de les débarrasser définitivement de toutes traces des manifestations de la semaine dernière.
Outre cette « activité citoyenne », la jeunesse a également posé un autre acte significatif, en participant à la rupture collective de jeûne à la Grande mosquée de Kayes, située à côté du marché de ladite ville. On pouvait lire sur les banderoles «Plus jamais ça à Kayes», «Kayes regrette l’incendie de la préfecture de Kayes», «Kayes regrette l’incendie du commissariat de Kayes», «Kayes regrette l’incendie des postes de police à travers la ville», «Kayes pleure la mort du jeune Tamboura et les deux autres».
Depuis le déclenchement de cette crise, des rencontres se sont tenues sous l’égide du bureau régional du Haut conseil islamique du Mali, grâce à l’appui de la société civile, du Recotrade, des organisations de la jeunesse, des chefs de quartier et une délégation des Kayésiens résidant à Bamako. Le but de ces différentes rencontres était de ramener le calme à Kayes. Les initiateurs de ces pourparlers ont remis une lettre intitulée « Déclaration de Kayes » au gouverneur lors d’une rencontre qui s’est tenue samedi au gouvernorat, en présence des forces vives de la Cité des rails.
Dans cette déclaration, ils ont fait des recommandations relatives, entre autres, à l’ouverture des écoles, à la priorisation des jeunes de Kayes lors des recrutements au niveau des firmes internationales. Les auteurs de cette déclaration demandent aussi à l’État de gérer avec promptitude les revendications « légitimes des populations », de faire la lumière sur les récentes tueries, d’identifier tous les responsables de ces bavures et d’appliquer les sanctions appropriées, la fermeture des bars et lieux illicites de divertissement.
Bandé Moussa SISSOKO
Amap-Kayes
Source : L’ESSOR