Le député de la commune II et Président de la commission Défense de l’Assemblée nationale, s’exprime sur les évènements de Kidal. Entretien le 18 mai au soir à l’arrivée du PM Mara à Bamako.
Karim Keita: Le Premier ministre a pu se rendre à Kidal qui fait partie du Mali et c’est déjà un premier pas. Nous pensons que le reste doit suivre.
Un diplomate affirmait qu’il y avait une montée en puissance de l’armée malienne au nord. En tant que président de la Commission Défense, partagez-vous ce sentiment ?
L’armée malienne monte en puissance pas seulement au nord, mais sur tout le territoire malien. Elle doit aller partout et n’a pas besoin de permission pour se rendre partout dans le Mali.
Que faut-il penser de la situation du gouvernorat de Kidal ?
C’est fâcheux. Regrettable. On voit là qu’il y a une volonté de l’autre partie de ne pas aller à la paix et je pense que c’est dommage que l’Etat malien ne soit pas suivi par la communauté internationale et cela depuis quelques mois. L’Etat malien veut aller à la paix, mais les groupes entre eux se divisent et ne veulent pas aller à cette paix. Nous sommes entrain de voir comment les unir entre eux, pour passer à des pourparlers inclusifs rapidement. Par contre, il est inadmissible que le chef du gouvernement ne puisse pas se rendre sur n’importe quelle partie du territoire malien.
Cette visite du PM à Kidal a crée l’euphorie. Kidal est-elle vraiment libre ?
Kidal est entrain d’être libéré mais ne crions pas victoire trop vite. On doit juste pouvoir se rendre partout au Mali, c’est tout. C’est ce qu’a prouvé le Premier ministre Mara.
Quel rôle joue la commission Défense de l’Assemblée nationale ?
Une commission défense est le tunnel entre l’exécutif et le législatif concernant la défense, la sécurité et la protection civile. Notre rôle est de contrôler l’action du gouvernement sur ces points. J’avoue que nous avons changé d’approche pour devenir une cellule de réflexion, d’accompagnement, une cellule qui vient en complément à l’exécutif et à nos forces de défense et de sécurité. Il nous faut des forces aujourd’hui de défense et d’anticipation comme je l’ai dit dans mon intervention lors de la DPG. Plus que jamais nous devons développer le renseignement, l’analyse, la quête de données dans la lutte que nous menons contre le terrorisme. Notre armée fait aujourd’hui face à un ennemi d’un genre nouveau qui n’est pas identifiable, n’a pas d’uniformes. Cela revient à combattre sa propre ombre et ce n’est pas du tout facile.
Le renseignement est le maillon faible ? Comment faire pour développer ce renseignement ?
Il faut des ressources humaines. Il faut quitter le renseignement classique. Ce sont des phases par laquelle nous passons tous. Lors de la grande guerre, la France a été défaite par les allemandes en six semaines. Le temps qu’elle se remette à niveau, il lui a fallu près de deux ans. L’armée américaine, la plus puissante et qui a l’arme nucléaire a été atteinte dans son cœur avec le 11 septembre 2001. Vous voyez qu’on a affaire à un genre nouveau de menaces. Donc nous sommes entrain de réformer nos forces de défense et voir comment changer d’approche.
Sur le plan financier, d’après le PM, il manque 65 milliards pour mieux doter l’armée. Le Mali a-t-il assez doté son armée ?
Absolument. Mieux, il faut une revalorisation des primes et des salaires de nos militaires qui ne sont pas dans les conditions idoines. Pour remettre la hargne de vaincre, le feu intérieur chez nos militaires, il faut qu’on essaie d’améliorer leurs conditions de vie et de salaire. Et bien sûr doter l’armée de plus de moyens. En outre, avec l’action du Premier Ministre Mara à Kidal, le moral de l’armée est désormais décuplé.
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