C’est dommage qu’il n’y ait pas eu d’enfants à la conférence de presse qu’a animé le maire déchu de Kalabancoro, Issa Bocar Ballo.
Un enfant, à la différence de ces vieux et jeunes fantoches qui l’écoutaient malgré eux-mêmes, aurait eu l’esprit assez vif et alerte de lui demander de dire que « le poisson vit dans l’eau », s’il n’a rien d’autre à dire. Pour la raison simple suffisante que ses propos tenaient beaucoup plus de l’autocélébration que d’un exercice d’éclaircissement.
Faire croire qu’on est populaire partout à Kalabancoro, et se faire passer pour victime d’une sorte de « Ballo bashing », c’est-à-dire un dignement collectif orchestré par des adversaires politiques qui ont pourtant remporté les élections, selon le verdict de la Cour suprême, reviendrait à se fourvoyer lamentablement. Remettre en mémoire, remuer le souvenir de tout ce qu’on a fait comme instituteur, alors que tout le monde sait très bien qu’on n’a rien fait concrètement, reviendrait à se croire un Job méconnu. Job, dans les religions abrahamiques, est considéré comme l’archétype du juste qui souffre de la perte de ses biens, de la maladie…
Et Emile Cioran, le grand pessimiste roumain, dans « De l’inconvénient d’être né » (p.22), dit tout : « Si on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur-le-champ ».
Il faut dire que c’est ce qui manque à Issa Bocar Ballo, le maire déchu de Kalabancoro qui est en peine de se faire à l’idée qu’on ne puisse pas le supporter à Kalabancoro, la plus grande Commune de Kati.
Qu’a dit Issa Bocar Ballo, le maire déchu ? Que « le Cnid-Faso Yiriwaton est sorti (sic) premier des élections », que « dans cette Commune bien avant que les Communes ne soient créées, avant l’arrivée de la démocratie, c’est-à-dire du temps de Moussa Traoré », il a « aidé les paisibles populations de la Commune pendant 35 ans ». Qu’il a « beaucoup travaillé pendant des décennies ». Que c’est lui qui a « créé des écoles de toutes pièces » à Gouanan, Kalabancoro village, Sabalibougou-est, Kabala. Qu’il « parle parce qu’un éducateur ne doit pas mentir. Un éducateur éduqué ne doit pas mentir ». Que « c’est en reconnaissant la valeur de l’autre qu’on peut réussir. C’est comme ça que le pays peut sortir dans le trou (sic) ».
Mais relevons un point : le maire a dit qu’il a commencé à se battre pour les intérêts de la Commune de Kalabancoro bien avant la décentralisation, qu’il a construit « de toutes pièces » (sic) l’école publique Ballo en 1997-1998 et qu’en ce moment, il n’y avait pas la décentralisation. Peut-être qu’il n’était pas dans le même Mali que nous tous, sinon il allait arrêter de débiter des pauvretés sur des sujets qu’il ne maîtrise pas.
Il faut lui rappeler, comme l’écrit Dr Abdoulaye Sall dans « Le Pari de la décentralisation au Mali » que la déconcentration et la décentralisation administratives ont commencé au Mali avant l’indépendance, et que les Titres XI et XII de la Constitution du 25 février 1992 parlent du Haut-conseil des collectivités territoriales, qui est l’une des huit institutions de la 3e République.
Ce qu’il faut faire comprendre, à lui et à ses affidés, c’est qu’une page a été tournée.
Les populations à Kalabancoro ne se souviendront que d’un maire qui aura trahi l’espérance placée en lui à cause de sa gestion controversée de la Commune.
La frustration ne pouvait qu’être au rendez-vous comme on l’a vu avec la pétition des 12 chefs de villages de la Commune, la manifestation des femmes et hommes à l’annonce du verdict de la Cour suprême qui le déchoit du fauteuil de maire dans le cadre du contentieux électoral l’ayant opposé au RPM, REDD, Adema-PASJ et Sigida Yeelen.
C’est cela la situation à Kalabancoro. Prétendre le contraire reviendrait à faire preuve d’un égo qui appréhende le monde à partir de son nombril.
- Sangaré
Source: lesechos