L’un des faits marquants de l’occupation de la ville de Gao par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), c’est le cas de vol du cousin du commissaire de la police islamique du Mujao, entre 2012 et 2013. Il s’agit de Moctar Touré, cousin d’Aliou Mahamane. L’accusé a fait des révélations accablantes sur son cousin qui était venu témoigner devant la Cour d’assises de Bamako.

Pour «avoir volé» des armes et téléphones satellite des éléments du Mujao pendant que ceux-ci avaient formellement interdit le vol à Gao, Moctar Touré, cousin direct du commissaire de la police islamique de Gao, a été amputé de la main droite.

Pendant l’audience d’Aliou Mahamane Touré, son cousin Moctar Touré lui a reproché d’avoir volontairement commandité l’amputation de sa main droite. Il a ensuite chargé Aliou d’avoir voulu l’enrôler pour le Mujao où il devait gagner par mois la somme de 100 000 Fcfa. Il a affirmé avoir décliné l’offre de son cousin, ce qui aurait fait de lui «l’ennemi juré» d’Aliou.

Moctar Touré a par contre confessé avoir pris l’arme et le téléphone des éléments du Mujao pour les défier sur leur interdiction de vol. Il a aussi affirmé avoir délibérément pris ces affaires pour les ramener le lendemain, en guise de contestation de leur autorité.

De son côté, l’accusé Aliou Mahamane Touré a relaté les efforts qu’il a lui-même consentis pour soustraire son cousin Moctar Touré de l’application de la sentence châtiant le vol. Selon Aliou, le Mujao a sensibilisé, menacé d’amputation toute personne prise en flagrant délit de vol pendant plus de trois mois.

«Après l’avoir libéré à plusieurs reprises, j’ai donc décidé de l’envoyer à Bamako pour ne pas le voir un jour amputé. Je suis moi-même allé payer son transport Gao-Bamako à la compagnie Sonef pour qu’il vienne à Bamako, en donnant la consigne au chauffeur de ne pas le perde de vue. Malheureusement, arrivé à Douentza, le temps que les passagers finissent de manger pour reprendre le chemin, mon cher cousin est allé voler quelqu’un. Il a été arrêté par les éléments du Mnla qui l’ont enfermé pendant un mois à Douentza», a témoigné Mahamane Touré. Et à Mahamane Touré de poursuivre : «après un mois passé en prison, mon cousin a été libéré par le Mnla. Au lieu de continuer sur Bamako comme je le lui avais demandé, il est retourné à Gao. À peine arrivé, il a volé ceux-là mêmes qui interdisent le vol et punissent les voleurs. Que pouvais-je faire d’autre ?»

L’avocat de l’accusé, Me Tièsolo Konaré, a fait ressortir dans sa plaidoirie que son client a tout fait pour sauver son cousin dont le destin devait le conduire vers l’inévitable. Il a ensuite ajouté que le cousin de son client a eu de la chance d’avoir la main coupée, et qu’il aurait perdu la vie, au lieu d’une main, s’il était venu commettre des forfaits à Bamako.

Gabriel TIENOU