L’affaire ministère public contre Kassim Sangaré, accusé d’ »assassinat » du jeune garçon Moussa Samaké a été tranchée par les jurés, hier, lundi 4 octobre, à la Cour d’assisses de Bamako. L’accusé reconnu coupable des faits a été condamné à la réclusion à perpétuité
Selon les informations, les faits remontent au 23 novembre 2017, à Kora, dans la commune rurale de Garalo (Bougouni). Bakary Sangaré emprunta la charrette de son voisin, Adama Samaké, pour transporter sa récolte de maïs. Celui-ci chargea son garçon Moussa Samaké, âgé de 9 ans, de conduire ladite charrette.
Bakary Sangaré organisa le travail de telle sorte qu’il transportait lui-même les sacs de maïs sur sa moto pendant que son frère cadet Kassim Sangaré et le petit Moussa Samaké transportaient leur part de maïs dans la charrette. Après quelques allers et retours, entre le champ et le village, Kassim Sangaré et Moussa se sont retrouvés seuls au champ. Sans aucune raison apparente, Kassim Sangaré, muni d’un couteau, sauta sur le petit Moussa, le mit par terre et l’égorgea. Après le crime, il jeta le corps sans vie dans un puits abandonné et le cacha avec des feuilles d’arbres. Puis il continua son travail, comme si de rien n’était.
Au retour du champ, son grand frère Bakary lui demanda les nouvelles du petit Moussa. Il répondit qu’il est allé chez eux. Vers le crépuscule, Adama Samaké constate que son enfant (Moussa) n’est pas revenu du travail. Il alerta la famille Sangaré, mais ne reçut aucune réponse fiable. Alors, les villageois se mirent à la recherche de Moussa. Le lendemain, le corps sans vie de l’enfant fut retrouvé dans le champ de la famille Sangaré. Aussitôt, les soupçons de tous furent portés sur Kassim Sangaré, qui est un malade mental sous traitement.
Interpellé par rapport à la situation, il reconnut, au niveau de la Brigade Territoriale de Bougouni, l’avoir égorgé et jeté dans un puits. Mais, il se rétracta plus tard et dira que c’est son frère ainé Bakary qui est l’auteur du crime.
Interrogé à son tour, Bakary nia toute participation au crime odieux et sans mobile apparent. Inculpés tous les deux d’assassinat, Bakary Sangaré maintint sa version des faits. Quant à Kassim, il changea d’avis encore pour dire qu’il a égorgé l’enfant avant d’admettre que son grand frère n’est pas coupable.
Devant la Cour, l’accusé Kassim Sangaré, âgé de 26 ans, a révélé qu’il est un cultivateur et souffre d’une maladie qui l’a poussé à l’acte fatal sur Moussa. La Cour lui a demandé de raconter la réalité des faits au lieu de varier les récits. Les jurés lui ont posé la question de savoir s’il ne prend pas les stupéfiants ? Aussi, pourquoi, il ne s’est pas suicidé, quand sa crise a débuté, au lieu de tuer un enfant, qui était allé lui apporter de l’aide.
En réponse : Il dira qu’il ne prend pas de stupéfiant. Et d’ajouter qu’à cause de sa maladie, il a été traité par un guérisseur, « je perds conscience au cours de ma folie, et je m’en prends à la première personne qui se trouve à mes côtés. C’est plus tard qu’on me racontera mes actions », a-t-il expliqué aux juges, qui n’ont pas été convaincus.
Dans son réquisitoire, le Procureur, Bandiougou Diawara, a argué qu’il ressort des faits que Kassim Sangaré souffre d’une pathologie et qu’il agit sous les effets de la démence. Ce qui est évident dans cette affaire, toutes les preuves sont constituées, puisqu’il détenait un couteau et il a attendu le départ de son grand frère à la maison pour commettre son forfait, « Il a commis le crime avec préméditation. Je requiers qu’on le déclare coupable des faits en ne lui accordant pas de circonstances atténuantes« , a-t-il dit.
Pour la défense, un doute sérieux existe quant à la préméditation de l’acte par son client. Aussi, expliquera-t-elle que l’expertise médicale prouve que Kassim souffre d’un comportement antisocial. Et la contre-expertise médicale, faite par le chargé du dossier, révèle qu’il souffre d’une maladie épileptique, « je demande à la Cour de lui accorder des circonstances atténuantes pour qu’il puisse être interné et recevoir des soins appropriés », a-t-il plaidé.
Aux termes des débats, l’accusé a finalement reconnu n’avoir pas agi sous l’effet de sa maladie. Les jurés ont requalifié les faits de meurtre. La Cour l’a condamné à la réclusion à perpétuité conformément à l’article 201 du Code pénal du Mali.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant