La Cour d’assises a acquitté Dramane Sangaré jugé pour » assassinat » de l’amant de sa fille Youba Diallo courant 2014 à Sanankoro dans la Région de Sikasso. C’était lors de l’audience d’hier, mercredi 8 mai, dans la salle N°1 de la Cour d’Appel.
C’est courant octobre 2014 que la demoiselle Salimata Sangaré, convoitée par plusieurs prétendants, fut donnée en mariage à Karim Sanogo par son père Dramane Sangaré. Karim Sanogo s’acquitta de la dot, conformément à la tradition. Les parents de Salimata, conformément à une tradition bien établie, l’envoyèrent dans sa belle famille pour un court séjour. Malgré quelques mois passés chez son fiancé, elle n’a pas pu manifester d’amour pour son futur mari. Et finalement elle quittait sa belle-famille pour se rendre chez Youba Diallo au village de Diambougou.
Après l’intervention de son père Dramane, elle fut ramenée par les parents de Youba, son amant. Conduite chez son fiancé, elle fut trois fugues. Et chaque fois, Salimata quittait Karim pour regagner son amant. Son père fut informé par une personne anonyme de son village que sa fille se trouvait dans le village de son amant.
La nuit du drame, un individu vient taper à la porte de Youba l’invitant à l’ouvrir pendant qu’il était avec Salimata à l’intérieur de la chambre. Lorsque celui-ci ouvrît la porte, il fut fusillé à bout portant par le visiteur inconnu. Son cri alerta sa mère qui vint trouver son fils gisant au sol avec un estomac perforé. Transporté d’urgence au Centre de Sante de Référence de Niéna, Youba succombait des suites de ses blessures. Les soupçons se portèrent sur Dramane Sangaré, père de Salimata, qui fut interpellé et inculpé de même que le fiancé, Karim Sanogo.
Karim Sanogo a nié les faits avec véhémence et expliqué qu’il ne connaissait même pas l’amant de sa fiancée et que la nuit du drame il était avec des amis au »grin »autour du thé.
Devant la Cour, Dramane Sangaré a nié les faits qui lui sont reprochés. Tant chez le juge d’instruction que devant les jurés de la Cour d’assises, il soutient qu’il ne dispose pas d’arme et n’en a jamais eu, à plus forte raison, de tirer sur une personne.
La Cour a demandé à l’accusé pour quel intérêt sa fille mentira sur lui. Puisqu’elle a révélé à la gendarmerie qu’elle a reconnue ta voix ? En réponse : Dramane soutiendra qu’il n’a pas quitté sa maison la nuit des faits.
La fille de l’accusé a reconnu qu’elle était effectivement chez Youba la nuit du drame. Et d’ajouter qu’elle a déclaré à la gendarmerie que son père était celui qui a tiré sur son Youba sous la menace des parents de celui-ci et des forces de l’ordre, » Une personne a frappé cette nuit à la porte, en demandant à rencontrer Youba. Quand il est sortit, l’intéressé à tirer sur lui à bout portant. Je suis sortie trouver qu’il gisait dans le sang. J’ai appelé au secours et les parents de Youba sont venus« , a-t-elle expliqué.
Pour la femme de l’accusé, « C’est après le crime qu’elle a su que sa fille était sur place. Je causais avec mon mari cette nuit-là comme on l’habitude de le faire. Je me demande comment celui-ci peut tuer une personne pendant qu’on était ensemble », a-t-elle dite.
Le Ministère public a souligné qu’en écoutant les parties l’on se croit à visionner un film de fiction d’une famille. Pour lui, les questions intéressantes ont été posées pour connaître la vérité la nuit fatidique. Et de laisser croire que c’est très difficile dans nos pays qu’un enfant accuse son père d’assassinat.
Pour lui, le rôle du parquet n’est pas de condamner un prévenu, même s’il n’a pas de preuve, « Mr le Président face au doute persistant, je demande l’acquittement de l’accusé « , a-t-il dit.
La Défense a salué la position du Parquet, « Mr le Président de la Cour, Honorables assesseurs, s’il n’y a aucune preuve consistante contre mon client, J’aurai souhaité que la partie civile comparaisse aujourd’hui. Malheureusement ce n’est pas le cas. Au bénéfice de ces observations, je requiers, qu’il vous plaise, d’acquitter Dramane ».
Après plus d’une heure de débat, la Cour dans sa sagacité, a acquitté Dramane Sangaré.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant