Mardi 12 décembre 2017, a été célébrée, à l’Ecole de Maintien de la Paix (EMP) à Bamako, la Journée internationale des droits de l’homme. Cette cérémonie marque également le lancement de la campagne annuelle pour les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Au Mali, la campagne nationale a été lancée par le Ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, en présence de 500 participants. Parmi eux, de nombreux militants et responsables d’associations et d’organisations de défense des droits de l’homme, les élèves issus de 13 clubs des droits de l’homme des lycées de la capitale, des pensionnaires du centre de prise en charge des enfants à besoins spécifiques “Housna Ka So” (la Maison d’Housna), ainsi que leurs encadreurs ou encore, les membres du Forum National pour l’Education aux droits de l’homme. Les représentants du Gouvernement, de la Commission Nationale des droits de l’homme, du Médiateur de la République, ainsi que les Chefs d’Agence des Nations Unies, les chefs de Sections et Divisions de la MINUSMA mais également des représentants du Corps diplomatique et d’EUCAP-Sahel, ont également tenu à y être présents ou représentés et ce, au plus haut niveau pour la plus part d’entre eux.
Premier à prendre la parole, le Commissaire Mahamane Agaly Maiga de la Commission Nationale des droits de l’homme, a félicité les efforts du Gouvernement pour le renforcement du système national de protection des droits de l’homme, à travers la création d’un département ministériel y dédié et l’établissement d’une nouvelle Commission Nationale des droits de l’homme. Il a aussi félicité les Nations Unies en général et la MINUSMA en particulier, pour l’accompagnement des efforts du Gouvernement malien dans la promotion et la protection des droits de l’homme.
Lui succédant au pupitre, M. Guillaume Ngefa, Directeur de la Division des Droits de l’Homme et de la Protection (DDHP) de la MINUSMA, a lu le message du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, dont il est le Représentant au Mali. Dans ce message, un appel est lancé pour que cette année 2018, qui marque les 70 ans de la déclaration universelle des droits de l’homme, soit : « une année de réflexion profonde et intense sur l’importance vitale de chacun des 30 articles contenus dans ce document extraordinaire ». Le message du Haut-Commissaire a également rappelé qu’ : « il est essentiel que nous continuions à tenir les Etats responsables. Mais ces droits sont trop importants pour être laissés aux seuls États, trop précieux pour nous tous et pour nos enfants ».
Conscient du contexte mondial, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme met en garde quant aux importants risques d’aliénation des droits de l’homme. « Si nous ne défendons pas assez les droits de l’homme – si nous nous détournons quand ils sont maltraités – ils disparaitront lentement et mourront, si cela arrive, le coût en vies humaines et la misère seront immenses, et l’humanité entière paiera un lourd tribut ».
Dans son discours, M. Koen Davidse, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies au Mali pour les Affaires politiques, a , pour sa part, appelé à la responsabilité partagée en matière de droits de l’homme et à la nécessité de l’engagement de chacun: élèves, décideurs, défenseurs des droits de l’homme, afin de traduire le contenu de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le 1er article stipule que, ” tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit”. Il a conclu en soulignant : « Je convie l’ensemble des acteurs à se donner la main afin que le respect des droits de l’Homme de toutes et tous devienne une réalité tangible à travers le monde, et ici au Mali. Le 10 décembre 1948, lors de l’adoption de cette déclaration universelle, le délégué libanais, Charles Malik déclarait ” Des milliers de mains ont contribué à sa réalisation”. Il faut poursuivre ensemble, l’accomplissement des droits de l’Homme de toutes et tous. » A cet instant, le public, qui avait déjà réagi favorablement aux propos du Haut-commissaire aux droits de l’homme, relayé par M. Ngefa, se mit à applaudir à tout rompre.
Les autorités réaffirment leur engagement
Le Ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat (MDHRE), M. Kassoum Tapo, a réaffirmé, l’engagement du Mali pour continuer les efforts en matière de protection et de promotion des droits de l’homme et a exprimé sa fierté et son espoir comblé de constater un auditoire jeune à l’occasion de cette célébration. Selon lui, cela démontre que la relève est assurée. Avant de lancer officiellement la campagne, sous un tonnerre d’applaudissements, le Ministre a rappelé l’importance de l’engagement de chacun pour ses droits et ceux des autres et affirmé, à nouveau, la volonté politique du Gouvernement, de faire des droits de l’homme une priorité. M. Tapo s’est ensuite vu gratifié d’une “standing ovation” après qu’il ait annoncé qu’une loi sur la protection des défenseurs des droits de l’homme doit être discutée, ce jour même, à l’Assemblée Nationale du Mali.
Une vidéo, produite par le Bureau de l’Information du Public de la MINUSMA en étroite collaboration avec la DDHP, a ensuite été diffusée. Introduite par M. Ngefa, son Directeur et Représentant du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, cette vidéo des voix malienne démontre l’engagement des maliens pour la concrétisation des 30 articles de la Déclaration Universelle des droits de l’homme, afin qu’elle puisse être une réalité pour tous au Mali.
Des jeunes élèves filles et garçons ont exprimé et imagé les réalités des jeunes filles victimes de mariage précoces et forcé, de discrimination et d’autres types d’abus et violations des droits de l’homme. Ils ont dépeint un tableau de ce que vivent réellement de nombreuses filles au Mali. La joie qui envahissait alors la salle, va laisser place à l’émotion. Des larmes et des acclamations ont ponctué les spectacles de percussions, de théâtre, de poésie et de slam des jeunes militants, élèves des clubs droits de l’homme.
Une série d’activités pour célébrer la journée internationale des droits de l’homme
La célébration de la journée a été précédée par une série d’activités dont la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, la journée internationale des personnes handicapées, la visite des lieux de privation de liberté à Bamako, et le symposium national sur les droits de l’homme.
Le vendredi 8 décembre, la DDHP de la Mission onusienne au Mali, a participé à une visite conjointe des lieux de privation de liberté avec les organisations de défense des droits de l’homme, la Commission Nationale des droits de l’homme, le Ministère des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat. Plusieurs commissariats, brigades de gendarmerie, la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako et le Centre psychiatrique du point G, ont été passés en revue. Ces visites ont permis de s’enquérir des conditions de détention à Bamako mais aussi, de sensibiliser les autorités et les agents en charge de la surveillance des détenus.
Le lendemain, le 9 décembre a eu lieu le symposium national sur les droits de l’homme, à l’Hôtel El Farouk de Bamako. Pour sa 6ème édition, ce symposium organisé par le Ministère des droits de l’homme et de la réforme de l’Etat était placé sous le thème de la responsabilité partagée en matière de droits de l’homme dans un contexte de fragilité.
Le symposium a regroupé une soixantaine de participants dont des universitaires, des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme, la Commission Nationale des droits de l’homme, le Bureau du Médiateur, les représentants des différents Ministères, ainsi que des Nations Unies, d’EUCAP Sahel, et de MISAHEL.
Dans son allocution, M. Guillaume Ngefa a mis l’accent sur les défis de protection des droits de l’homme dans une situation de fragilité et l’impérieuse nécessité de renforcer la présence de l’Etat pour ne pas laisser des territoires entiers au contrôle des groupes armés et autres bande organisés autour d’activités criminelles, souvent même transnationales. Il a aussi indiqué que l’impunité, le déni des abus et violations des droits de l’homme ainsi que l’inaction, constituaient les caractéristiques de cette fragilité.
La Présidente de la Commission Nationale des droits de l’homme, Me Kadidia Sangaré, a désigné l’impunité, la corruption, l’absence de l’Etat dans certaines localité ainsi que l’insécurité comme étant des facteurs de fragilité auxquels il faut remédier. Le Représentant de la MISAHEL, M. Hugues Penda a quant à lui apprécié le caractère inclusif des activités relatives à la célébration de la journée internationale des droits de l’homme.
Dans son discours, le Ministre des droits de l’homme et de la réforme de l’Etat a évoqué la responsabilité partagée de l’Etat et de la Communauté internationale dans le cadre de la promotion et de la protection des droits de l’homme. Il a ajouté que la célébration de la journée internationale des droits de l’homme nous rappelle que l’essentiel, c’est la dignité humaine. Il réitéré l’engagement du Gouvernement à continuer à promouvoir et protéger les droits de l’homme au Mali. Ceci devrait se traduire lors de l’Examen périodique universel du Mali, le 18 janvier prochain à Genève.
Célébrée à l’issue de la Campagne des “16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles”, la Journée internationale des droits de l’homme vient sanctionner une quinzaine entièrement consacrée à la promotion et à la protection des droits humains. Avec ces célébrations, ces visites de terrains et ces ateliers de réflexion, l’ONU au Mali, rappelle et démontre, une fois de plus, son attachement à la promotion et au respect des droits de l’homme, fondement même de l’organisation. La préservation de ces droits qui par ailleurs est tout aussi importante dans l’accompagnement des maliens sur le chemin de la paix et de la réconciliation.
La rédaction