La Journée internationale de la sage-femme, célébrée d’ordinaire le 5 mai, a été différée du fait de la pandémie de coronavirus. L’événement a été commémoré, le week-end dernier, au Centre international de conférences de Bamako (CICB) sous le thème : «Mobilisées et unies, sages-femmes, célébrons nos efforts ensemble avec les femmes, luttons contre la Covid-19».
La célébration de la Journée est une opportunité pour démontrer le rôle essentiel des sages-femmes qui prêtent assistance aux mères pendant la grossesse, l’accouchement mais aussi pendant la période post-partum. La cérémonie de célébration a enregistré la présence de la présidente de l’ASFM, Mme Yalcouyé Aoua Guindo, du représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et parrain de la Journée, Dr Jean Pierre Baptiste, du secrétaire général du ministère de la Santé et des Affaires sociales, Dr Mama Coumaré.
Il est utile de préciser que l’année 2020 a été décrétée celle des sages-femmes et des infirmiers par l’Assemblée mondiale de la santé. La directrice de la Confédération internationale des sages-femmes a même déclaré qu’il y a globalement une dynamique croissante en faveur des sages-femmes. Cette année doit être considérée comme la première de la décennie des sages-femmes et que dans le futur chaque femme en âge de procréer doit avoir accès aux soins d’une sage-femme pour elle-même et pour son nouveau-né.
La présidente de l’ASFM a soutenu que cela signifie que l’État doit recruter beaucoup de sages-femmes, veiller à leur répartition équitable sur le territoire et créer un environnement de travail favorable. Pour elle, le thème rappelle que la vie des sages-femmes est inséparable de celle des autres femmes. Elle a invité ses pairs à s’investir davantage pour le bien-être de la mère et l’enfant.
Au Mali, les taux de mortalité maternelle et néonatale sont encore très élevés. Selon l’Enquête démographique et de santé (EDSM-VI de 2018), ces taux sont respectivement de 325 décès pour 100.000 naissances vivantes et de 34 décès pour 1.000 naissances. Le taux de prévalence contraceptive est estimé à 16% et l’indice synthétique de fécondité est de 6,3% enfants par femme. «Paradoxalement, les compétences dans la pratique sont, soit insuffisantes, soit inégalement reparties», a relevé la patronne de l’ASFM. En cette période de Covid-19, elle en appelle au respect des gestes barrières.
Pour Jean Pierre Baptiste, les sages-femmes et le personnel infirmier jouent un rôle essentiel dans la chaîne de soins. Il a affirmé que ces personnes consacrent leur vie à prendre soin des mères et des enfants, à sauver des vies par des vaccinations et des conseils, en matière de santé. Il a ajouté que le chemin reste encore long pour espérer réaliser la couverture sanitaire universelle dans le monde à l’horizon 2030.
Le représentant de l’organisme onusien a expliqué que pour toutes ces raisons l’Assemblée mondiale de la santé a désigné 2020 comme Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. Pour améliorer les indicateurs de notre pays en matière de santé, Jean Pierre Baptiste a estimé qu’il faut investir dans les services dirigés par les sages-femmes et le personnel infirmier pour leur épanouissement, employer plus de personnel infirmier et les placer au cœur des soins de santé primaires. «En développant les soins de santé infirmiers et obstétricaux, les pays peuvent à la fois améliorer la santé, promouvoir l’égalité entre les sexes et favoriser la croissance économique», a-t-il argumenté.
En réponse aux préoccupations de l’OMS et conscient des difficultés de ces différentes catégories, Dr Mama Coumaré a assuré qu’une réponse durable et pérenne sera trouvée par son département. Selon lui, cela passe par un recrutement massif, un plan de formation, le renforcement du plateau technique, un suivi conformément au plan stratégique de développement de ressources humaines et de la santé de la reproduction.
«Si nous disposons de sages-femmes en nombre suffisant et bien formées, équitablement reparties sur le territoire et bien outillées, le Mali aurait contribué fortement à l’atteinte des Objectifs de développement durable», a-t-il indiqué. Un autre temps fort de la Journée a été la remise des distinctions et la visite des stands.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR